Le film « Twelve Years a Slave » de Steve McQueen sorti cette année a fait l’effet d’une bombe en montrant dans leur réalité brute la condition des esclaves afro-américains et la violence sans limites qui était leur lot quotidien. Un film important et indispensable qui en appellera d’autres, souhaitons-le.
Dans un autre registre, le célébrissime « Autant en emporte le vent » (tout du moins le film adapté du livre de Margaret Mitchell) nous montrait au contraire une version presque souriante de l’esclavage du Sud américain.
Une vision d’esclaves truculents et dévoués à leurs maîtres, s’épanouissant dans les plantations ou dans les demeures comme l’aura déploré une partie de la critique.
C’est peut-être pour rétablir l’équilibre qu’un auteur américain a décidé de plancher sur un « préquel » (histoire précédant le roman) donnant une voix à l’une de leur plus fameuses représentantes : la vaillante et généreuse Mamma !
La domestique au grand coeur, au service de la capricieuse et indomptable Scarlett qui nous a souvent fait sourire par ses tentatives pour ramener à la raison sa maîtresse, ne restait qu’un personnage d’arrière plan et de faire-valoir, dont le caractère enjoué et les mimiques servaient à ajouter une touche de comique au mélodrame.
Conscient de son importance, l’écrivain Donald McCaig (qui a déjà signé un autre roman inspiré de la saga, relatant ses évènements du point de vue du séducteur Rhett Butler, « Rhett Butler’s People ») a décidé de la mettre sur le devant de la scène et notamment de dévoiler les failles de son histoire tragique.
Il lui consacre un « préquel » qui relatera sa vie avant de rentrer au service de la famille O’Hara. On remonte ainsi le temps, pour passer de la guerre de sécession au début du XIXe siècle alors que le commerce de l’esclavage bat son plein avec le boom des plantation de coton.
De son vrai nom Ruth (qui donne son titre au roman « Ruth’s Journey », L’itinéraire de Ruth, dont la publication est prévue en octobre), l’auteur imagine qu’elle a été kidnappée dans la colonie française de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti) avant d’être condamnée à l’esclavage à Savannah, en Géorgie.
« Il y a trois personnages principaux dans « Autant en emporte le vent », mais on pense souvent à seulement deux d’entre eux. Scarlett et Rhett nous sont familiers, mais quand il s’agit de la troisième, on ne sait pas où elle est née, si elle a été mariée, si elle a eu des enfants. En fait, on ne connaît même pas son nom », remarque l’auteur.
Les héritiers de Margaret Mitchell ont donné leur aval au projet qui prendra la forme d’un livre de 416 pages narré à la troisième personne. Dans sa dernière partie, Mamma s’exprimera à la première personne.
A noter que l’ouvrage a aussi fait l’objet d’un sequel « Scarlett » par Alexandra Ripley ainsi que d’autres projets dérivés non autorisés.
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