Récemment, un nouveau compte Instagram voyait le jour pour célébrer des lecteurs anonymes plongés dans leurs bouquins dans le métro New yorkais. Il y aurait semble-t-il une fascination/un fantasme littéraire pour l’inconnu(e)-jeune le plus souvent- lisant dans les moyens de transport en commun, et plus traditionnellement lectrice (l’équivalent de la passante dans la rue qui alimente autant de fantasmes littéraires !). En particulier si cette dernière lit un des ouvrages de l’auteur narcissique par définition. Même si rien ne se passe nécessairement comme prévu…
C’est cette rencontre transurbaine que décrivent avec pittoresque et humour deux mythiques auteurs anglo-saxons : le londonien Jonathan Coe dans sa satire socio-politique britannique « Testament à l’anglaise » et le New-Yorkais Paul Auster dans « Cité de verre ». Extraits :
Auteur : Paul Auster
La lectrice dans le train, vue par Jonathan Coe et Paul Auster (extraits « Testament à l’anglaise » et « Trilogie New-Yorkaise)
Qu’est ce qu’une histoire ? Extrait interview de Paul Auster
Dans une interview au magazine « Le Nouvel Observateur », l’auteur de la Trilogie New-Yorkaise a donné sa definition d’une histoire, un terme qui est devenu controversé dans le débat des « story-tellers » contre les auteurs intimistes. Il confie au passage son gout pour les narrations épurées qui laissent au lecteur de la place pour imaginer et s’approprier l’histoire…
Le concept « Paul Auster » : Cette (petite) musique du hasard… et l’influence sur la nouvelle génération
Alors que Paul Auster caracole en tête des ventes, avec son dernier ouvrage « Seul dans le noir » (plus de 80 000 exemplaires partis en quinze jours) qui fait pourtant l’objet de critiques mitigées tant de la part des médias que des lecteurs…, clôturons cette petite rétrospective de son oeuvre par une tentative de synthèse. Objet d’une adulation constante de la part de son nombreux et fidèle lectorat, malgré une série d’œuvres récentes jugées décevantes, cet auteur culte demeure une référence voire une influence pour la nouvelle génération d’auteurs, américains en particulier. Essayons donc de comprendre de façon plus transversale ce qui fait son originalité, son essence et son succès en décryptant son caryotype littéraire: son « concept »… (visuel ci-contre : Paul Auster en promo dans l’émission « Ce soir ou jamais »)
« Seul dans le noir » : Paul Auster régle ses comptes avec l’Amérique de Bush… mais perd son lecteur
La critique salue, assez unanimement, le retour de Paul Auster avec « Seul dans le noir » son nouveau et quatorzième roman, non sans raison. Certains sont réjouis, d’autres moins. Je fais partie de ceux qui sont à classer dans la seconde catégorie. J’ai trouvé ce livre intéressant mais aussi ennuyeux et plein de poncifs poussifs…
Léviathan de Paul Auster, L’effet papillon…
« Léviathan » de Paul Auster: un titre qui fait référence à la mythologie (monstre aquatique symbolisant le paganisme) et au célèbre ouvrage éponyme de philosophie politique du britannique Thomas Hobbes (défendant un idéal despotique du pouvoir). Traduit en 1993, le 10e roman de l’auteur de la trilogie new-yorkaise, prix Médicis étranger est dédié à l’écrivain Don DeLillo. Un roman dans la lignée de ses précédents qui reprend bon nombre de ses obsessions littéraires mais marque aussi une évolution vers une dimension politique plus marquée (à travers l’engagement terroriste de son héros notamment).
La trilogie new-yorkaise de Paul Auster/Cité de verre, Revenants et La chambre dérobée : « Rien n’est réel sauf le hasard », romans existentiels à élucider…
Refusé par 17 éditeurs: c’est ainsi que « Cité de verre » (ouvrant sa trilogie new-yorkaise), le chef d’œuvre de Paul Auster (complété par la suite de « Revenants » et « La chambre dérobée » parus en 1988) a commencé sa carrière littéraire. De quoi redonner espoir aux nombreux aspirants écrivains qui tentent désespérément de trouver éditeur à leur manuscrit ! Lorsqu’il paraît enfin, en 1985, c’est le début de la consécration pour son auteur (qui aura bien tiré « le diable par la queue » auparavant, comme il le raconte dans un essai éponyme) qui est sélectionné pour le prix Edgar Allan Poe du roman à suspense, l’une des plus importantes distinctions, et considéré comme la grande révélation littéraire de l’année.
Moon palace de Paul Auster, Odyssée urbaine et lunaire…
strong> »Moon palace » de Paul Auster, publié en 1990, fait partie de ses romans majeurs, écrits lors de sa période littéraire particulièrement fertile aux côté de « La trilogie new-yorkaise », « Le voyage d’Anna Blume » ou encore « Léviathan ». Il contient ainsi tous les thèmes et obsessions chers à l’auteur et qui constituent l’essence de son œuvre : New-York, l’errance, la solitude, la folie, les « sortilèges du hasard » (pour reprendre l’expression de Kundera), la quête d’identité, de ses origines (et plus particulièrement du père) et l’introspection.
SUITE : L’ivresse de la solitude : regard sur quelques (plus ou moins) célèbres « no-lifes » littéraires : Moon palace (Auster), La trilogie sale de la Havane (Guttierez)
Le hasard de mes lectures m’a conduite à lire simultanément trois romans (« A rebours » de JK Huysmans, « Moon palace » de Paul Auster et « La trilogie sale de la Havane » de Pedro Juan Guttierez) a priori sans rien de commun entre eux, tant par leur époque, leurs thèmes que leur contexte géographique. Et pourtant j’ai réalisé à leur lecture qu’ils étaient tous trois liés, en particulier les deux premiers par un thème central : celui de la solitude. Suite du billet avec quelques impressions sur « Moon palace » de Paul Auster et « La trilogie sale de la Havane » de Pedro-Juan Guttierez :
L’ivresse de la solitude : regard sur quelques (plus ou moins) célèbres « no-lifes » littéraires : A rebours (Huysmans), Moon palace (Auster), La trilogie sale de la Havane (Guttierez)
« Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaires, sans divertissement, sans application. Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir. » Pascal, Les Pensées
Le hasard de mes lectures m’a conduit à lire simultanément trois romans (« A rebours » de JK Huysmans, « Moon palace » de Paul Auster et « La trilogie sale de la Havane » de Pedro Juan Guttierez) a priori sans rien de commun entre eux, tant par leur époque, leurs thèmes que leur contexte géographique. Et pourtant j’ai réalisé à leur lecture qu’ils étaient tous trois liés, en particulier les deux premiers par un thème central : celui de la solitude (induisant un ennui vertigineux) sous le signe de Pascal, pionnier des no-lifes littéraires :- ) Le qualificatif « no-life » est apparu avec le phénomène des joueurs de jeux vidéo compulsifs, si je ne me trompe pas. Au Japon (où ils sont particulièrement nombreux), on les appelle des « Otakus ». Autant dire qu’à l’époque d’un Huysmans on ne parlait pas en ces termes !
L’écrivain étant un animal solitaire (et tropical ajouterait Guttierez !), ce sentiment est donc assez récurrent en littérature, en particulier chez les romantiques, mais il m’a plus nettement frappée dans ces œuvres :
L’art d’écrire et l’engagement politique de l’écrivain selon Paul Auster
Dans un entretien accordé au magazine Lire, de février 2007, à l’occasion de la parution de son dernier opus « Le scriptorium », raté selon le critique Eric Neuhoff au Figaro (« Ca se voudrait kafkaïen, ça n’est que plat, secondaire, radoteur, prévisible et narcissique » écrit-il, colérique à son sujet !) Paul Auster, qui fête ses 60 ans (et publiait il y a 20 ans, en 1987, son premier succès : « Cité de verre »), a confié sa conception de l’art d’écrire, la part sombre de l’écrivain, et a ré-affirmé ses positions politiques notamment son rejet des actions de Bush. Son dernier roman peut aussi être lu comme une parabole politique a t’-il expliqué. Des propos intéressants au regard des interrogations soulevées ici récemment sur les impasses mortelles du roman et la pertinence du mariage littérature/politique.
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