En 2010, Jauffret publiait « Sévère », son 18e roman inspiré de l’Affaire Stern (un banquier milliardaire assassiné en combinaison latex, en 2005, par sa maîtresse avec qui il entretenait une sulfureuse relation SM), menacé de censure par la famille qui a finalement retiré sa plainte en 2011. En ce début 2012 sort sur grand écran, l’adaptation ciné qui s’attire pour l’instant des critiques déçues malgré la force du sujet et son casting (Laëtitia Casta et Poelvoorde)…
Auteur : Régis Jauffret
Claustria de Régis Jauffret : « Faire pousser une famille dans une boîte, une serre opaque à sept pieds sous terre… »
Jauffret choisit, dans « Claustria » (contraction d’Autriche et claustration), de se faire enquêteur entre roman et investigation. L’ancien rédacteur en chef de « Dossiers criminels » choisit de nouveau un fait divers comme matériau romanesque (après « Sévère » inspiré de l’affaire du banquier Stern en 2010) et fait polémique: l’atroce cas « Fritzl », mêlant inceste et séquestration durant 24 ans en Autriche ayant (d)éf(f)rayé la chronique en 2008.
« L’autocensure est en train d’avancer masquée » : R. Jauffret (Sèvère) et M. Darrieussecq (Rapport de police) débattent au Salon du livre
Eternel débat, la présence de réalité, d’actualité ou de vécu ne cesse d’interroger la fonction du roman: la fiction « pure » existe-t-elle ? Jusqu’où le romancier peut-il aller pour réinventer le réel ? En somme, quelle est sa liberté face au réel… Et comment se positionner face au travail des journalistes (cf : l’excellent « L’adversaire » de’E.Carrère qui marie parfaitement les deux exercices) ?
Le 26 mars dernier, au Pavillon des trente ans du Salon du livre 2010, Régis Jauffret qui publie « Sévère » inspiré de l’affaire Édouard Stern (rappelons qu’il est le fondateur de la revue « Dossiers criminels ») et Marie Darrieussecq victime d’une accusation de « plagiat psychique » par sa consoeur Camille Laurens et qui l’analyse dans « Rapport de police » débattaient une nouvelle fois du sujet, « Les frontières entre fiction et réel », à l’aune des dernières polémiques et réflexions sur le roman contemporain. Où l’on se rend compte que depuis La princesse de Clèves, les mentalités n’ont pas tellement évolué… Compte-rendu de leurs interventions respectives :
Lacrimosa : Lettre en demi-teinte à Régis Jauffret… et à Charlotte
« On peut décrire l’état du désespéré en proie au désespoir directement, en le faisant parler, suivant le procédé des poètes. Mais l’on ne peut déterminer le désespoir que par son contraire ; et pour que la réplique ait une pleine valeur poétique, elle doit offrir dans un langage coloré le reflet de l’opposition dialectique. » Soren Kierkegaard.
Mon cher Régis,
Permettez que je vous appelle Régis. Permettez que je m’imagine m’adresser à vous. Ça me défrise un peu de penser que je fais la retape en direction de vos futurs clients. Même si j’ai l’impression de ne faire que ça depuis des années. Pas depuis le début quand même c’est vrai, à l’époque j’étais plus intéressé par les aventures de Galactus. Convenez d’ailleurs que c’est heureux, puisque si j’avais commencé par la lecture de votre pièce de théâtre, je me serais certainement désintéressé de la suite de votre carrière. N’empêche, depuis près d’une décennie que je vous suis avec l’ardeur d’un roadie, j’ai l’impression d’avoir un peu contribué à votre notoriété critique, puis publique, puis médiatique, et finalement à cette collection de médailles en chocolat que vous ne finissez plus d’accumuler.
Interview expresse de Claire Castillon (prochain roman 2008 : « Dessous, c’est l’enfer »), Salon du livre 6/6
Dernier de nos entretiens express avec les auteurs à l’occasion du Salon du livre 2008 où l’on a réussi à cueillir une Claire Castillon très demandée par ses nombreux lecteurs et lectrices en dédicace ! Venue présenter notamment ses deux derniers recueils de nouvelles, « On n’empêche pas un petit cœur d’aimer » (2007) et « Insecte » (2006), sachez d’ores et déjà qu’elle publiera à la rentrée de septembre 2008 (en librairie le 20 août), un nouveau (et sixième) roman intitulé « Dessous, c’est l’enfer ».
Régis Jauffret, version rock (et nouveau roman « Lacrimosa » /rentrée littéraire 2008)
Sur la page Myspace de Régis Jauffret « Régis Jauffret et ses nègres », l’auteur de Microfictions donne de la voix à ses textes (« Petite salope », « Le supplice de Tantale » – la plus réussie- et « Vivre ensemble ») en les chantant-récitant sur des riffs rock, tour à tour nonchalant, énervé, voire déjanté.
Une nouvelle expérience, après son site vidéo, fidèle à son univers à la fois noir, cynique et barré.
Régis Jauffret rend hommage à l’écrivain Louis Calaferte
Dans un entretien (hélas trop bref) au Nouvel Observateur Régis Jauffret s’exprime sur sa relation et ses rencontres avec l’auteur de Septentrion qu’il a rencontré chez Denoël (l’éditeur qui a publié ses premiers romans) en 1985 : Son œuvre vous a-t-elle marqué, influencé d’une manière ou d’une autre? En retenez-vous un livre particulièrement ? R. …
Régis Jauffret couronné de prix pour Microfictions
Le Grand Prix de l’humour noir a été décerné à Régis Jauffret pour son livre « Microfictions » publié chez Gallimard, le 21 février dernier. Il vient aussi de recevoir le deuxième prix France Culture-Télérama, qui sera remis lors du Salon du livre. Ajout 27/03 : Télérama consacre à son lauréat un riche dossier dont un portrait qui retrace son « œuvre à la narration décapante, à la construction extravagante » qui fait « naître des déflagrations, du brut, de l’authentique ». A propos de son art, l’auteur déclare : « Je ne veux pas faire le trottoir (entendez : écrire des livres insipides) pour que les gens me lisent. Si je devais répondre au besoin du lecteur lambda, j’entrerais alors dans l’industrie éditoriale, je répondrais aux études de marketing. La littérature, c’est tout le contraire. L’art ne va pas vers les gens, c’est à eux de faire le pas vers lui. Pour lire, il faut être volontaire. » Pourtant l’auteur révèle qu’il ne lit plus aujourd’hui que de la philosophie et dénigre les auteurs qui écrivent leur propre souffrance : « C’est indécent. », juge-t-il. (portrait à lire ici)
« Asiles de fous » de Régis Jauffret en poche : Toutes les familles sont psychotiques
Prix Femina 2005, le roman « Asile de fous » de Régis Jauffret vient de sortir en poche aux éditions Folio. L’occasion de se (re)plonger dans cette histoire de rupture de trentenaires qui oscille entre l’hystérie et le désespoir fou d’une femme lâchement abandonnée par son compagnon, confrontée brutalement à une solitude insupportable. De ce point de départ dramatique, Régis Jauffret, en roi du trompe-l’oeil, basculera soudainement, contre toute attente, dans la farce noire et satirique avec l’arrivée du beau père puis de son épouse qui porteront à leur paroxysme ce cirque du malheur et de la lâcheté ordinaires, en s’abritant derrière un réquisitoire sans pitié et injuste contre leur ex belle-fille. Douglas Coupland disait « toutes les familles sont psychotiques », Jauffret déclare qu’elles sont des « asiles de fous »… Une attaque au vitriol contre la famille d’aujourd’hui, berceau des névroses quotidiennes…
Régis Jauffret poursuit ses « Microfictions » en vidéo sur Internet
Le mystérieux site annoncé par Régis Jauffret vient de faire son apparition sur la toile. Baptisé « Interview Génération », l’initiative a de quoi intriguer. Entre travail plasticien, expérimental et journalistique, il met en ligne une série de vidéos (une quarantaine pour l’instant) qui donnent la parole à des quidams hauts en couleur : SDF, roumain clandestin, gréviste, adolescente en crise ou encore un jeune homme en deuil de son teckel…, entrecroisés avec quelques personnalités littéraires…
Avoir « l’oreille littéraire » selon Régis Jauffret (vidéo)
A l’occasion du colloque « Enjeux contemporains du roman » qui s’est tenu les 26 et 27 janvier derniers à l’initiative de la Maison des écrivains, Régis Jauffret s’est exprimé sur sa conception du « roman », un genre bien controversé ces dernières années (paraît-il même que « le roman français est nul » ou que « la littérature contemporaine est en péril » minée par ses « impasse mortelles » !). Bref, il a su avec intelligence s’extraire des débats stériles pour se pencher sur le coeur littéraire et éviter les considérations périphériques oiseuses. Je retiens plus particulièrement le passage où il a parlé « d’oreille littéraire » par analogie avec l’oeille musicale des musiciens. Une sorte de « précision absolue » pour reprendre ses termes. Un sujet qui a fait écho à quelques réflexions connexes que je m’étais faites récemment justement.
Microfictions de Régis Jauffret, Descente impitoyable dans la fourmilière humaine
Le plus obsessionnel de nos grands écrivains nationaux est de retour en cette rentrée littéraire de janvier. Après son Asile de fous (prix Femina 2005), il nous plonge une nouvelle fois au coeur des névroses et psychoses familiales, amoureuses, relationnelles ou professionnelles. Au coeur des microcosmes sociaux et de leur folie confinée.
Fidèle à son matériau d’inspiration préféré : l’humain, à dominante féminine parce que ce sont « les plus complexes » et… « les seules capables de pousser au suicide » (!) confiait-il dans une interview. Il livre en cinq cents polaroïds à la précision chirurgicale, tour à tour étranges, grotesques ou cruels, de nouveaux micro-« fragments de la vie des gens » (un de ses précédents opus à (re-)découvrir aussi par la même occasion). Avec un regard toujours aussi acéré, il explore ces existences qui sentent le renfermé, la mesquinerie ou encore le désespoir de vivre. Une sorte de petite encyclopédie « maniaque » (que Jauffret s’amuse même à classer par ordre alphabêtique) sur la face sombre de la nature humaine, à déguster par petite gorgée (avec un peu de vodka entre chaque rasade)…
Histoire d’amour de Régis Jauffret : Radioscopie d’un « noir désir » ou Quand le violeur tombe « amoureux » de sa proie…
« Histoire d’amour » de Régis Jauffret: Un homme. Une femme. Une rencontre furtive dans un wagon de métro. Un coup de foudre et… le début d’une romance ? Chez Régis Jauffret l’équation est plus complexe et vire plutôt à l’anti-romance. Publié en 1998, ce roman court, dense et hautement troublant imagine une « histoire d’amour » à la fois diabolique, parfois intenable et pourtant intense…
« Fragments de la vie des gens » de Régis Jauffret : La vie en noir (au goût d’anxiolytique)
Dans ce recueil publié en 2000, Régis Jauffret invente une nouvelle forme de nouvelle (terme qu’il n’aime pas) : le « fragment socio-littéraire » ou encore le « micro-roman ». Mille morceaux de vie tranchants et hérissés capturés sur le vif et qui se lisent comme on entrerait par effraction aux domiciles des « gens » : couple, famille ou célibataire en crise… Comme on épierait par la fenêtre de ces immeubles, barres de concentré de vie, de désespoir, ennui ou découragement ordinaires. Les petites et grandes tragédies modernes de l’humanité urbaine en 56 actes. Régis Jauffret, peintre ultra-réaliste des micro-sociétés dans la société brosse ici, à grands coups de pinceau noir, ses angoisses et névroses individuelles. Trajectoires à pic de ces anonymes en souffrance, au malaise insoluble. Une écriture en apnée où jamais l’auteur ne laisse le lecteur reprendre son souffle pour mieux l’engouffrer dans les marécages de l’existence…
« Clémence Picot » de Régis Jauffret, Quand l’infirmière est l’agresseur… (1/2)
Abasourdi. Pétrifié. Tétanisé. Révulsé. Mais surtout fasciné. Tels sont les réactions du lecteur face à ce sixième roman, en forme de monologue labyrinthique, signé de Régis Jauffret en 1999. C’est ce roman terrifiant qui a révélé l’écrivain à un large public (après le remarqué « Histoire d’amour » en 1998), lui apportant une certaine notoriété, reconnue par la suite par plusieurs prix littéraires. Reposant entièrement sur le personnage et sa personnalité psychotique, « Clémence Picot » s’inscrit dans la lignée du roman psychologique sous son prisme le plus noir, auquel se mêle une dimension étonnante d’absurdité burlesque, la marque de fabrique de l’auteur. Avec son écriture systémique quasi chirurgicale, Régis Jauffret découpe au scalpel le portrait horrifique d’une infirmière de 30 ans en quête de maternité ou d’un substitut à sa solitude extrême, avant de basculer dans une folie profonde et dévastatrice… est-elle un monstre l s’est imposé comme l’un des romanciers les plus originaux de l’époque – le plus noir, le plus absurde, le plus systémique, aussi. Qui a dit le plus fou ?
« Clémence Picot » de Régis Jauffret, Quand l’infirmière est l’agresseur… (2/2)
Suite de la chronique de « Clémence Picot » : Littérature urbaine et organique, le rapport entre corps, odeurs et objets/mobilier, un saisissant et complexe portrait de femmes, Le sommeil, cette petite mort où l’on s’évade… Une réflexion sur la notion de « vivant », Commentaires de Régis Jauffret au sujet de Clémence Picot…
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