Les bien-pensants, gardiens du canon littéraire partriarcal, n’hésitent pas à réduire trop souvent l’oeuvre d’Anaïs Nin à de la littérature égrillarde d’une « chaudasse », tandis que son célèbre amant et confrère Henry Miller, dont la sexualité fait aussi partie intégrante de son oeuvre a droit à une reconnaissance plus littéraire et élogieuse.
Auteur : Anaïs Nin
« Home-writing » : quand les écrivains se font décorateurs d’intérieur… (autour de Moravia, Tanizaki, Anais Nin, Sagan, Colette…)
En regardant les photos des magazines déco (ou maintenant les « planches d’inspiration » des réseaux sociaux), l’imagination vagabonde… : on peut parfois se raconter toute une histoire rien qu’à la vue d’un salon, d’une chambre ou même d’un fauteuil… Certains romanciers (à commencer par les réalistes et les victoriens du XIXe siecle qui ont peut-etre inauguré cette tendance), l’ont bien compris et décrivent avec minutie les intérieurs de leurs personnages qui reflètent leurs personnalités, enrichissent leurs psychologies, tout comme la façon dont les personnages occupent et utilisent cet espace. A l’instar du « nature-writing », on pourrait peut-être ici parler de « home-writing » ?! 🙂
De l’appartement ultra-design et siglé de l’Upper East Side du glacial Patrick Bateman dans American psycho ou dans un tout autre genre les vieux châteaux venteux et inquiétants des Hauts de Hurle-Vent aux vastes cheminées et escaliers grinçants ! Ces décors jouent un rôle à part entière dans l’intrigue.
Journal d’Anaïs Nin 1932-34 « Inceste », l’imaginaire sensuel et l’interdit au pouvoir
Le fameux journal d’Anaïs Nin comprend sept tomes au total soit plus de quinze mille pages !
Débutés à l’âge de douze ans suite au départ de son père qui abandonna sa famille, ils ne seront publiés qu’en 1966. La période d’entre deux guerres compte parmi la plus intéressante car la plus bouillonnante d’un point de vue culturel et relationnel. Elle y raconte notamment ses amours avec des figures mythiques de la littérature allant d’Henry Miller à Antonin Artaud (ou encore sa correspondance avec D-H Lawrence sur qui elle a rédigé un essai) et de de la psychanalyse (René Allendy, Otto Rank…), dans le Paris montparnassien et le Clichy des années 3O ou encore dans sa belle demeure bourgeoise de Louveciennes. C’est aussi le journal d’une trentenaire : l’écrivain fête ses 30 ans le 21 février 1933 qu’elle évoque d’ailleurs.
Camille de Peretti rend hommage à Anaïs Nin : « la dévoreuse d’intellectuels »
A travers l’analyse Le journal de l’amour Deuxième chapitre de notre série d’été sur les grandes amoureuses : Anaïs Nin. Diariste admirée, épistolière exaltée, femme « d’aventures » selon les termes, elle a bravé tous les interdits. Jusqu’à l’inceste consenti. Sa vie fut une course au plaisir, une chasse au bonheur, marquée par sa passion incandescente pour Henry Miller. Portrait d’une Venus Erotica au courage évident.
Message à l’enfant qui ne doit pas naître, (extrait du Journal d’Anaïs Nin, 1932-1934)
Dans l’un des sept tomes les plus passionnants de ses journaux, dans l’entre deux guerres, marqué de ses rencontres et amours avec des figures mythiques de la littérature allant d’Henry Miller à Antonin Artaud (ou encore sa correspondance avec D-H Lawrence sur qui elle a rédigé un essai) et de de la psychanalyse (René Allendy, Otto Rank…), dans le Paris montparnassien des années 3O, Anaïs Nin, alors âgée de 30 ans va également faire la douloureuse expérience de l’avortement. Celle qui disait « J’ai déjà trop d’enfants. Il y a trop d’hommes sans espoir et sans foi dans le monde. Trop de travail à faire, trop de monde à servir, aider. J’ai déjà plus que je ne peux porter. » , va devoir se résoudre à faire disparaître, par amour des hommes et de l’art, ce petit être qui vit déjà en elle. Elle écrit à ce sujet un monologue poignant pour cet enfant qui ne doit pas naître :
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