Il fut un temps où l’on ne parlait pas encore de « harcèlement de rue » mais de jeux de regard, de séduction innocente et espiègle, où les passantes, (agréablement ?) surprises, conscientes ou non, devenaient les insaisissables muses des poètes et des écrivains qui leur rendaient hommage dans leurs œuvres. En 1857, Baudelaire inaugurait le mythe de la passante, cette « Fugitive beauté » dans la nuit, à « la douceur qui fascine et le plaisir qui tue« . Aujourd’hui le débat féministe divise*: en effet, où commence et s’arrête la limite entre harcèlement et compliment ? Face à l’évolution du regard social sur ces pratiques (et à leur condamnation), il est amusant de se retourner sur des œuvres antérieures -ou pas- à ce mouvement comme des extraits issus de l’étonnant et désormais un peu tombé dans l’oubli roman « Anissa Corto » de Yann Moix, mais aussi plus récemment de Philippe Vilain (« Pas son genre ») ou de Jérôme Attal, ainsi que de l’essai « Galanterie française »…, après avoir évoqué le mythe littéraire de la lectrice dans le train…
Auteur : Philippe Vilain
« La violence culturelle est une violence sourde, probablement pire que toutes les autres » (Lucas Belvaux, réalisateur de l’adaptation de « Pas son genre »)
Suite à la chronique sur le roman « Pas son genre » de Philippe Vilain, adapté au cinéma en 2013 par le réalisateur belge Lucas Belvaux, voici quelques extraits choisis des interviews de ce dernier, à la fois sur le livre, les personnages et sur le thème des clivages culturels. Il livre notamment une analyse très intéressante (que n’aurait pas renié une Annie Ernaux !) sur l’évolution du rapport à la « culture » comme marqueur social entre les classes:
Pas son genre de Philippe Vilain : « La philo nourrissait mon existence quand les magazines people dévoraient la sienne. »
« Pas son genre » de Philippe Vilain revisite le thème de la lutte des classes et du choc des cultures, devenu un classique de la littérature et du cinéma qui affectionnent particulièrement explorer ces relations amoureuses « contre-nature » entre statuts sociaux opposés. C’est presque le même duo que Pascal Lainé (avec la Dentellière en 1977) que choisit Philippe Vilain, pour son 7e roman (2011) en opposant le figure de la culture par excellence, le professeur (de philo) et son antithèse incarnée par la -jeune- coiffeuse, portée au cinéma en 2013 avec Emilie Dequenne dans le rôle de cette dernière (après avoir interprété en 2001 une femme de ménage dans le film éponyme qui séduit son patron, ingénieur son -Bacri- dans le film, écrivain dan le livre de Christian Oster dont il était adapté, plus optimiste sur la viabilité d’un tel couple).
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