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Articles de cet auteur

« Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb: De cadre sup’ à dame pipi, l’enfer des bureaux japonais vue par une jeune belge

« Stupeur et tremblements » d’Amélie Nothomb, son huitième roman (au titre emprunté à l’ancien protocole impérial nippon où l’on doit s’adresser à son supérieur avec un respect surhumain), est paru en 1999, grand prix de l’Académie française. Il est une oeuvre charnière dans la bibliographie de la célèbre romanière belge Amélie Nothomb. Alors que jusqu’à présent elle signait des romans en forme de contes allégoriques plutôt noirs aux accents baroques voire scabreux, elle s’inspire ici de sa propre expérience pour livrer « un témoignage » qui reste bien sûr très littéraire, sur le monde du travail japonais, à l’occasion d’un stage au sein d’une méga-société d’import-export.

« L’histoire c’est pour la mercière » : les « storytellers » vus par LF Céline

Dans une interview de 1957 donnée au journal l’Express, l’écrivain Louis Ferdinand Céline, à l’occasion de la publication de son roman « D’un château l’autre », se livrait sur l’art d’écrire, sur le style en particulier qui à ses yeux est primordial tandis que l’histoire n’occupe qu’une place mineure. Le tout avec sa verve aussi légendaire quescandaleuse !

L’art d’écrire selon Philippe Djian : « ce qui donne du mal, c’est de mettre trois mots l’un devant l’autre. »

A l’occasion de la parution de son roman « Ca c’est un baiser » en 2002, Philippe Djian commente les conseils à l’usage des écrivains débutants disséminés dans ses pages et revient sur ses maîtres d’écriture (de Kérouac à Carver…) et son expérience du journalisme:

La plaisanterie de Milan Kundera, Itinéraire d’un enfant déchu

Achevé en 1965, La plaisanterie est le premier roman de Milan Kundera alors âgé de 36 ans. Publié en Tchécoslovaquie en 1967, il coïncide avec les prémices du « printemps de Prague », tentative de libéralisation sévèrement réprimée par l’U.R.S.S. en août 1968. Parce qu’il prend pour cadre le régime de son pays, ce roman a été perçu comme un livre essentiellement politique. Ce que Kundera a démenti en le qualifiant « d’histoire d’amour », unique sentiment résistant à la désillusion de l’Histoire.

Top 10 : Mes plus beaux livres d’amour…

A l’occasion de la saint Valentin, retour sur l’un des plus beaux genres littéraires, si ce n’est peut-être le premier ! : l’histoire d’amour ou roman d’amour (même s’il a toujours été assez méprisé paradoxalement, jugé trop « sentimental »). Le sentiment, exalté, déçu ou encore contrarié aura donné ses plus belles pages à la littérature. Alors que précedemment je m’interrogeais sur les difficultés d’écriture d’un roman d’amour contemporain (« Peut-on encore écrire une histoire d’amour ? »), je vais tenter aujourd’hui de dresser une petite liste des livres d’amour, d’hier et d’aujourd’hui, qui m’ont le plus marquée et surtout fait rêver. Selon moi, une « belle histoire d’amour », au sens romantique du terme, c’est d’abord l’émotion, l’intensité, l’enchantement qu’elle peut susciter en nous et une certaine idéalisation en filigrane.

Lecture, métro et plus si affinités…

Il fallait y penser ! Un nouveau compte instagram vient de voir le jour et se consacre à la prise sur le vif de clichés de lecteurs dans le métro, façon concours de beauté improvisé.

Succès : Un téléfilm sur l’enfer des femmes battues (L’emprise) et un livre … qui détrône Houellebecq !

En mars 2012, la Cour d’assises du Nord acquittait Alexandra Lange, une femme battue de 32 ans qui était jugée pour le meurtre de son mari, en 2009 à Douai, d’un coup de couteau à la gorge alors que celui-ci tentait de l’étrangler. Un verdict important qui marque une nouvelle étape dans la reconnaissance des enfers subis par les femmes battues (pour rappel, 1 femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son mari).

Les pièces de théâtre de Florian Zeller font le tour du monde !

Débutant en 2004 avec l’écriture de sa pièce « L’Autre », alors âgé de 25 ans, Florian Zeller aura signé pas moins de neuf pièces, près de 11 ans plus tard, tout en continuant d’écrire, plus épisodiquement, ses romans (son dernier en date La jouissance en 2012). Une productivité qui s’accompagne d’un succès éclatant et qui ne fait que se confirmer un peu plus au fil des années. Une véritable œuvre cohérente et riche s’est ainsi construite explorant ses thèmes fétiches que sont la relation amoureuse, la fidélité, le marivaudage, mais aussi les relations filiales, générationelles et plus largement la famille. A tel point qu’aujourd’hui il compte parmi les dramaturges qui s’exportent le mieux avec des traductions et des représentations a travers le monde !

Les actifs corporels de Bernard Mourad : les rapports humains cotés en bourse

« Les actifs corporels » de Bernard Mourad, inaugurant une nouvelle vague de roman d’anticipation dystopique à la française (en évitant l’écueil de singer les classiques du genre américain), il imagine un monde terrifiant où tout a un prix y compris les humains, qui à l’instar du marché boursier, peuvent se valoriser ou se dévaluer jusqu’à leur aliénation.

Romance nerveuse de Camille Laurens : « Qu’est-ce qu’une histoire d’amour, sinon une scène de crime ? »

camille-laurens-romance-nerveuse-roman.jpg « On écrit toujours sur le corps mort du monde ou le corps mort de l’amour » déclare Camille Laurens, en citant Marguerite Duras, avec qui elle entretient, sans doute, une certaine filiation. Publié en 2010 (et en poche en 2012), ce 13e roman de Camille Laurens, est en effet le roman de la rupture au sens large…
Celle d’avec son éditeur de longue date P.O.L. (le roman est le premier paru chez Gallimard) suite à la polémique entre l’auteur et Marie Darrieussecq en 2007, qu’elle a accusée de « plagiat psychique » (pour son roman « Tom est mort »), une histoire douloureuse qui aura affecté tous ses protagonistes mais qui n’aura heureusement pas abattu l’auteur de « Dans ces bras là ». Loin d’écrire un règlement de compte, elle ne fait de l’affaire qu’un point de départ pour nous raconter une toute autre histoire, d’amour, encore une fois.

Eureka Street de Robert McLiam Wilson: Balade irlandaise

Eureka Street de Robert McLiam Wilson au titre inspiré du nom d’une rue de Belfast, celle où vit depuis trente ans, c’est à dire depuis sa naissance, Chuckie Lurgan. Ce dernier, avec Jake Jackson (Poetry Street), est un des personnages principaux d’Eureka Street. A travers le regard et le destin de ces deux trentenaires, c’est le Belfast des années 2000, morose et dévastée, l’Irlande contemporaine, un peu de notre monde aussi, qui se laissent découvrir.

Ecrire selon Colette

« Ecrire ! Pouvoir écrire ! Cela signifie la longue rêverie devant la feuille blanche, le griffonnage inconscient, les jeux de la plume qui tournent en rond autour d’une tâche d’encre, qui mordille le mot imparfait, le griffe, le hérisse de fléchettes, l’orne d’antennes, de pattes, jusqu’à ce qu’il perde sa figure lisible de mot, mué en insecte fantastique, envolé en papillon-fée…

« L’insoutenable légèreté de l’être » de Milan Kundera : « Que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est déjà la vie même ? » (1/2)

« L’insoutenable légèreté de l’être » (titre sublime s’il en est) est le plus célèbre roman de l’écrivain tchèque (émigré en France depuis les années 70) Milan Kundera, publié en 1984 (date qui fait étrangement écho au roman du même nom et qui présente le point commun de dénoncer le totalitarisme) et adapté au cinéma par Philip Kaufman en 1988). Entre le roman et l’essai, la fable et l’allégorie, ce livre inclassable, aux multiples niveaux de lecture, vient nous rappeler, sainement, qu’il n’y a définitivement pas de règle en littérature.
La structure particulièrement originale de cette histoire d’amour multidimensionnelle aux accents politique, philosophique voire métaphysique peuvent parfois dérouter voire rebuter certains lecteurs tandis que d’autres s’extasient au contraire sur sa richesse et la finesse de ses analyses. Retour sur ce livre culte, influence certaine de la nouvelle génération littéraire :

Le dénigrement de l’autofiction pour dénigrer les écrivains femmes ? (interview Annie Ernaux et Camille Laurens)

Dans une interview donnée au journal « Le Monde » en février 2011, les deux reines de l’autofiction française, Camille Laurens et Annie Ernaux (qui rejette l’étiquette et lui préfère le terme d' »autosociobiographie » en ce qui concerne son travail littéraire) réagissent aux préjugés, parfois sexistes, qui entourent le genre souvent décrié en France…

La vie sexuelle de Catherine M de Catherine Millet, Histoire de C

En 2004, 3 ans après sa parution en France un petit livre devance de 3 longueurs des poids lourds tels que Mary Higgins Clark ou Patricia Highsmith au box-office anglo-saxon. Son nom ? « The sexual life of Catherine M. » En français « La vie sexuelle de Catherine M », le récit explicite de l’éducation sexuelle et des nombreuses aventures (en particulier « sexualité de groupe ») de la très respectable et intellectuelle directrice du magazine Art Press (une référence dans le milieu de l’art moderne), ouvrage souvent comparé à « My Secret Life » d’Henry Miller (anonyme initialement). Lauréat du prix Sade 2001 et traduit dans 36 pays. 300 000 exemplaires vendus en Allemagne en quelques mois, 100 000 en Hollande, 260 000 en Angleterre, en Australie et surtout aux Etats-Unis (voir les différentes « reviews » anglo-saxonnes), fait rarissime pour un livre français. Pas mal pour un livre qui n’avait été tiré qu’à 2000 exemplaires… avant de se vendre à 1 million dans son propre pays ! Près de 2, 5 millions d’exemplaires auraient été aujourd’hui vendus tout pays confondu. Porté par un énorme buzz lié à son aura sulfureuse d’une part, et l’identité de son auteur d’autre part, ce livre a comme d’habitude été victime de bon nombre de préjugés et raccourcis réducteurs. 7 ans plus tard, loin du scandale médiatique, redonnons sa juste valeur à ce précis d’exploration intime, véritable ovni érotico-littéraire :

« L’Assommoir » d’Emile Zola : « Le premier roman sur le peuple qui ait l’odeur du peuple »

Déjà en 1877, l’Assommoir d’Emile Zola, 7e tome de la fameuse saga des Rougon Macquart (l’ « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire »), suite immédiate du roman « La fortune des Rougon » suscitait la polémique en littérature pour son usage du langage « populaire », « de la rue ».
Le scandale s’est poursuivi de Céline à Virginie Despentes en passant par Faiza Guène.
Censurée (alors qu’il était publié en feuilleton dans le journal « Le bien public ») puis attaquée pour la « crudité » de sa langue et la « bestialité des personnages », jugées immoraux et de mauvais goût, cette oeuvre emblématique du chef de file du naturalisme, est aussi son premier succès.

Patrick Modiano interpelle les auteurs de la nouvelle génération face aux nouvelles technologies (discours prix Nobel de littérature 2014)

Le 7 décembre 2014, Patrick Modiano prononçait de sa voix lente et hésitante caractéristique, son riche discours de remerciement à l’Académie du Nobel pour le prix Nobel de littérature qu’il vient de recevoir. Il a ainsi livré une leçon de maitre sur l’écriture, tour à tour onirique ou nostalgique, sur le rapport lecteur-romancier ou encore le Paris de l’Occupation… Il s’adresse aussi, au passage, aux auteurs de la nouvelle génération et exprime des doutes sur l’avenir de la littérature à l’heure des nouvelles technologies…

Blondes… MAIS écrivains : De Marilyn Monroe (« Fragments ») à Nelly Arcan (« A ciel ouvert »)

Contre toute attente, l’auteur phare de la rentrée littéraire 2010 aura peut-être été celle dont on ne soupçonnait même pas qu’elle sache tenir un stylo : Marilyn Monroe ! On s’arrache ses « Fragments » de poésie, de lettres et autres bribes intimes posthumes. Et tout le monde de s’étonner, de s’exclamer : « La plus belle femme du monde était aussi intelligente« .
L’incompatibilité d’un quelconque talent ou au moins sensibilité intellectuel(le), littéraire et de la beauté, du sex-appeal (surtout féminin): un préjugé toujours bien ancré dans les mentalités, même 50 ans plus tard… Pourtant une idiote n’aurait pas pu avoir la carrière de Marilyn, quelle que soit sa plastique. Autre blonde, autre suicide -au même âge : 36 ans-, celui de Nelly Arcan , l’an dernier, en septembre 2009. Elle n’était pas actrice mais bien écrivain même si elle aura dû batailler pour en obtenir la reconnaissance. Trop belle, trop photogénique…

Traductions françaises en hausse outre-Atlantique

Selon les données recueillies par l’Ambassade de France aux Etats-Unis, plus de 500 livres français ont été traduits en anglais en 2014 soit 23% de plus que 2013.
177 titres de fiction francophone et 118 romans graphiques ont ete publiés en anglais en 2014.
Les essais, témoignages et documents se taillent eux, une part de lion avec 140 à 150 titres traduits.

Qu’est ce qu’une histoire ? Extrait interview de Paul Auster

Dans une interview au magazine « Le Nouvel Observateur », l’auteur de la Trilogie New-Yorkaise a donné sa definition d’une histoire, un terme qui est devenu controversé dans le débat des « story-tellers » contre les auteurs intimistes. Il confie au passage son gout pour les narrations épurées qui laissent au lecteur de la place pour imaginer et s’approprier l’histoire…