Buzz littéraire

Articles de cet auteur

BodyWorld de Dash Shaw : Les portes de la perception

D’abord publiée sur le web, BodyWorld, la nouvelle BD de Dash Shaw, existe désormais en tant qu’objet, et un bel objet. L’auteur de Bottomless Belly Button abandonne le huis clos familial pour livrer un véritable trip dans un campus américain en 2060. Drôle, expérimental, hallucinatoire.

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« La confrérie des mutilés » de Brian Evenson : « Chair ou vérité ? Qu’est-ce qui compte le plus ? »

Publié dans la célèbre collection « Lot 49 » dirigée notamment par Claro (dont l’ambition est de « publier les écrivains d’aujourd’hui qui (…) bouleversent la donne du langage et l’équilibre chimiquement instable de la narration » et qui aura, entre autres, révélé en France Richard Powers, William Gass ou Vollmann…), Brian Evenson (également prof de « creative writing » et traducteur du français -Gailly, Claro…-) s’inscrit dans la lignée des « enfants terribles » de la nouvelle littérature américaine à la fois transgenre, paranoïaque, trash et déjantée (de Cooper à Bret Easton Ellis, Chuck Palahniuk jusqu’à Danielewski également poulain du Lot 49…). Remarqué tout d’abord par son recueil de nouvelles « Contagion » puis son roman « Inversion », cet ancien Mormon (répudié par sa communauté en raison de ses livres jugés amoraux) est hanté par l’oppression religieuse, la violence spirituelle, psychologique et sociale, la lutte entre le bien et le mal mais aussi la schizophrénie. C’est avec « La confrérie des mutilés », son 4e opus qu’il s’impose plus particulièrement lors de la rentrée littéraire de septembre 2008 (sorti en poche fin 2010). Entre le polar gothique, le roman d’horreur et la farce philosophique, ce roman a alimenté le buzz sur les blogs qui l’ont successivement comparé à Kafka, Borges, Jim Thompson ou encore Tarantino… :

Bouygues Télécom se met à la fiction d’anticipation…

Alléchés par les promesses de l’e-book, les opérateurs télécom s’investissent de plus en plus dans le domaine littéraire. Orange a ainsi lancé son prix littéraire et Bouygues Télécom, sa fondation, destinée à soutenir et promouvoir de jeunes talents dans divers domaines artistiques avec en tête « la promotion de la langue française ». Ce dernier expérimente aujourd’hui un nouvel exercice littéraire sous forme de fiction d’anticipation… :

Buzz américain autour des « Public enemies » français… (Houellebecq/BHL)

Après un accueil mitigé en France, lors de sa sortie en 2008, le livre de correspondance entre Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy connaît une seconde vie aux Etats-Unis où il vient de sortir. Et s’installe déjà en tête des ventes de littérature générale… :

« Naissance d’un pont » : L’affontement pacifique de Maylis de Kerangal (prix Médicis 2010)

Remarquée pour son recueil de nouvelles « Ni fleurs, ni couronnes » en 2006 puis surtout Corniche Kennedy en 2008 (sélectionné pour le Médicis ou le Femina), c’est finalement avec ce septième roman « Naissance d’un pont » que l’auteur de 43 ans et ancienne éditrice, passée par la revue « Inculte », sera consacrée (et couronnée du Médicis 2010) après avoir accumulé les louanges ces dernières années. On plébiscite de toute part son « exigence littéraire » et le travail d’orfèvre de son style aux longues phrases ciselées et poétiques, mais aussi la violence larvée qui l’habite. « Naissance d’un pont » qu’elle qualifie de « western technique » ou encore de « roman chantier », raconte, comme son titre l’indique, la construction d’un pont dans une petite ville californienne fictive. Un roman polyphonique dont l’ambition et l’ampleur ont été largement saluées. Un roman dit « à l’américaine » pour cette raison, influence que l’auteur, fascinée par la mythologie des grands espaces, revendique d’ailleurs. Roman architectural qui s’inscrit aussi en écho à l’effondrement des Twin towers et nous rappelle la précarité des constructions humaines aussi titanesques soient-elles…, comme l’a souligné Maylis de Kerangal :

Polémique autour de la nouvelle traduction de « Gatsby » (Fitzgerald)

En cette rentrée 2010, les éditions P.O.L. propose une nouvelle traduction de « The Great Gatsby », désormais libre de droits. C’est Julie Wolkenstein, auteur de 5 romans (dont L’Excuse) et professeur de littérature comparée, qui s’est attelé à ce délicat exercice, en commençant par sabrer une partie du titre… Frédéric Beigbeder a lancé la polémique, les lecteurs sont divisés…

Internet toujours loin derrière les librairies pour la vente de livres…

Si le livre numérique semble être le nouvel eldorado de l’édition, il n’en reste pas moins que les librairies et leurs rayons de papier trônent encore en première place dans le cœur des lecteurs ! C’est en tout cas ce que confirme une étude d’Ipsos :

Le livre, nouveau it-bag des modeuses ?

S’il vous manque encore un sac pour accessoiriser votre robe de réveillon, peut-être pourriez-vous piocher dans votre bibliothèque… C’est en tout cas l’idée d’Olympia Le-Tan, artiste éclectique et fille de l’illustrateur favori de Modiano (Pierre Le-Tan qui a signé ses couvertures de romans) : transformer les livres en pochettes du soir ! Les actrices hollywoodiennes en raffolent :

« Blankets » de Craig Thompson, le roman phare de la nouvelle génération BD américaine indé

Blankets, 2e opus de Craig Thompson, a été publié en France en 2004 (ré-édité fin 2009), alors que le jeune auteur américain (du Wisconsin) était âgé de 28 ans (après un premier livre en forme de fable animalière « Adieu Chunky rice » Harvey Award du meilleur espoir en 1999). Dans la veine intimiste d’inspiration autobiographique, ce grand admirateur d’auteurs français de l’Association (Baudoin, Blutch, Trondheim, Sfar, Christophe Blain…), évoque avec poésie et profondeur son enfance et adolescence dans l’Amérique profonde du Wisconsin…

Souvenirs de lectures d’enfance et regard sur la nouvelle princesse « cool »…

Je regardais, mécontente, dans le métro les affiches du nouveau long-métrage de Disney, Raiponce, représentant une princesse en forme de super-héros transbahutant sur son dos un prince apeuré, ligoté à l’aide de sa chevelure extra-longue. Cette image ne me plaisait guère et je me disais que tout ce que j’avais aimé, petite fille, dans le monde des princesses disparaissait avec cette nouvelle représentation se voulant « cool » et « moderne », de la femme forte, alter-ego de l’homme, du prince en l’occurrence. Féminisme oblige.

C’est même une tendance de fond : il paraît que les princesses se font chevaliers… Alors que la littérature dite « jeunesse » fait débat (accusée de n’être qu’un « concept marketing » ou même de « l’appartheid » !) et que Flammarion publie une anthologie des « 1001 livres d’enfants qu’il faut avoir lus pour grandir »), je vous invite à retomber en enfance en retrouvant nos livres d’antan… :

Quels sont les meilleurs livres d’enfants… d’hier et d’aujourd’hui ?

Avec près de 60 millions d’ouvrages vendus en un an, les livres jeunesse ont dopé le chiffre d’affaires des éditeurs français d’après une récente étude de GFK. Un livre sur quatre vendu en France en 2009 est un livre d’enfant ou d’ado (le secteur « jeune adulte », qui explose plus particulièrement, avec ses titres phare d’Harry Potter à « Twilight » ou encore « Journal d’un vampire »), soit 17 % du marché. Mais en quelques décennies, les « belles histoires » ont évolué, au gré des mœurs et des modes. Un recueil « Les 1001 livres pour enfants qu’il faut avoir lus pour grandir » remonte le temps des livres cultes de l’âge tendre tandis que le Salon de Montreuil décernait ses prix aux nouveaux auteurs jeunesse :

Dans la bibliothèque des blogueurs… Aymeric Patricot (blogueur, écrivain et prof de lettres)

Aymeric Patricot s’est fait connaître sur la toile avec son blog intitulé « La littérature sous caféine », lancé en août 2006, à l’occasion de la publication de son 1e roman « Azima la rouge », portrait d’une jeune-fille de banlieue traumatisée par son viol, suivi en septembre dernier d’un deuxième, « Suicide girls », la fascination d’un jeune professeur pour des jeunes-filles en détresse attirées par la mort. Il y partage ses impressions de lecture et surtout ses réflexions personnelles, théoriques, sur la littérature contemporaine (d’Echenoz à Carrère en passant par Marie Ndiaye, Olivier Adam… sans oublier Michel Houellebecq dont il est grand admirateur !).

On croise aussi DeLillo, Roth, Ballard, Bernhardt, Murakami… La littérature classique fait également des incursions : de Proust aux « frissons d’Emma Bovary » en passant par les mémoires d’Outre-tombe. Et bien d’autres encore. Qu’il s’interroge sur la paranoïa dans les romans américains ou qu’il compare les approches des australiens marqués par l’apartheid : c’est une pensée en action qui se donne à lire ici, particulièrement riche et oxygénante.

Un élève français sur cinq comprend mal ce qu’il lit

Alors que beaucoup s’inquiète de l’érosion du lectorat en France, en particulier auprès des jeunes, la nouvelle édition 2010 de l’étude PISA menée par l’OCDE, sur les niveaux d’élèves de 15 ans dans 65 pays dans 3 domaines -compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences- ne viendra pas les rassurer… En effet, elle met à jour l’augmentation des faiblesses et difficultés des élèves français, en particulier pour la lecture :

Anthologie American Splendor d’Harvey Pekar (1 et 2) : « La vie ordinaire c’est un truc assez complexe »

Disparu en juillet 2010 à l’âge de 70 ans, Harvey Pekar, auteur d’American Splendor était un auteur de comics américains à part. D’une part par son statut d’employé de bureau (archiviste dans un hôpital jusqu’à la fin de sa vie) et critique de jazz qui ne dessinait pas lui-même ses histoires mais faisait appel à la fine fleur de la scène underground, de Crumb à Gary Dumm ou même Alan Moore. Mais aussi par son ton singulier pour raconter sa vie et restituer en même temps un témoignage humain et parfois quasi sociologique sur la middle class américaine dans sa ville de Cleveland.

Frédéric Beigbeder prépare son nouveau roman 2011 et l’adaptation d' »Au secours pardon »

Après son Renaudot en 2009 pour son autobiographie « Un roman français » sorti en poche en cette rentrée littéraire 2010, Frédéric Beigbeder plancherait déjà sur son nouveau roman à paraître en avril 2011 chez Grasset, tandis que le scénario d’Au secours pardon s’élabore avec le réalisateur de « 99 francs », Jan Kounen :

« La couleur des sentiments » : un nouveau succès de bouche-à-oreille, bientôt au cinéma…

Après Katherine Pancol, Muriel Barbery ou encore Claudie Gallay, un nouveau roman de femme sur les femmes enchante (et bouleverse) les lectrices et s’installe durablement dans le palmarès des meilleures ventes en France et à l’étranger (avec 2,5 millions d’exemplaires écoulés, il figure dans la liste des meilleures ventes du New York Times depuis 73 semaines, dont 6 passées au sommet, même engouement au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et à Taïwan). « La couleur des sentiments » (« The help » en VO),1e opus de la journaliste américaine Kathryn Stockett -passée par les ateliers de creative writing d’Alabama-, et inspiré de son enfance à Jackson, nous plonge dans le Mississippi ségrégationniste des années 60 :

Virginie Despentes (et Charlotte Roche) vue(s) par Nelly Arcan (et retour sur un Renaudot très chahuté…)

Depuis son arrivée fracassante sur la scène littéraire en 1993 avec le célèbre et tonitruant « Baise-moi », Virginie Despentes n’a cessé d’être tour à tour fustigée ou adulée. Inaugurant une nouveau style (qualifiée de « trash » alliant oralité nerveuse, sulfureuse et réalisme urbain) puisant dans les milieux underground, celle qui aura « donné un coup de pied à la littérature bourgeoise » ne fera jamais l’unanimité. Et ce n’est pas l’obtention du prix Renaudot en cette rentrée littéraire 2010 qui fera changer d’avis ses détracteurs toujours choqués par « sa vulgarité » ou son image trop « négative » de la société… Yann Moix lynchait son travail dans le magazine Transfuge (« Elle bâcle avec effort, dans un souci de plaire déguisé en mépris de crachat, des romans où les hommes et les femmes n’existent que sous forme de femmes, elles-mêmes cadenassées dans de simples figurations schématiques relevant, au mieux, du spectacle de marionnettes. ») tandis qu’Edouard Nabe furieux que le prix lui passe sous le nez commentait au Nouvel Obs « Sacrer le couple Houellebecq-Despentes, c’est dramatique ». Christophe Ono-dit-Biot, écrivain et directeur adjoint du Point saluait au contraire sa plume qui a « fait entrer la modernité dans la littérature » et signe « l’avènement d’une nouvelle génération » avec laquelle nous avons « réappris à lire ».

Souvent rapprochée de l’auteur d‘Apocalypse bébé, Nelly Arcan qui se déclarait comme l’une de ses « grandes admiratrices », lui consacrait une de ses chroniques dans un journal de Montréal et interrogeait les valeurs de ses nouvelles héroïnes et les stéréotypes féminins (en la comparant notamment à Charlotte Roche, autre défrayeuse de chronique) :

My Major Company Books publie ses 3 premiers livres édités par les internautes

Plutôt controversé par son positionnement marketing et critiqué pour son système de votes peu démocratique, le site My Major Company Books annonce la sortie de ses 3 premiers livres financés par les internautes. Au menu : chick lit’ et thrillers dans la veine d’un Musso (auteur phare des éditions XO, partenaire du site) :

Un Prix du Style bidon pour les éditions Héloïse d’Ormesson ?

Après la polémique engendrée par la « prestation » de Gilles Cohen-Solal, compagnon d’Héloïse d’Ormesson et éditeur dans la maison qu’elle a fondée en 2005, dans l’émission « Strip tease » de l’été 2009, une nouvelle accusation vient entacher le prix du Style qui vient d’être décerné à l’un de ses auteurs : Harold Cobert (qui était venu se présenter sur Buzz littéraire pour son 1e roman en 2007) :

Purge de Sofi Oksanen : « Ma petite fille, dans la terre du désespoir poussent de mauvaises fleurs » (Femina étranger 2010)

« Purge », révélation de la rentrée littéraire 2010, signé Sofi Oksanen, finlandaise trentenaire, de mère estonienne, a été couvert de prix en France (Femina, Fnac, Livre Européen) et à l’étranger et affiche un beau succès dans le monde. Au dos de son 3e livre (le 1e traduit en France et 3e volet d’un quartet dont elle écrit actuellement la dernière partie), on peut lire l’éloge de Nancy Huston qui le qualifie de « chef d’œuvre ».