Buzz littéraire

Articles de cet auteur

Enterrement de vie de garçon de Christian Authier : Mémoires d’un trentenaire à la jeunesse à fleur de peau (sortie poche rentrée 2009)

Dans « Enterrement de vie de garçon », Christian Authier nous parle de la jeunesse comme d’une zone à part. Beaucoup ont hâte de la quitter quand ils la traversent avant d’en cultiver la nostalgie le restant de leur vie. Tel le ciment, la jeunesse sèche vite et les empreintes accidentelles qu’elle aura reçues deviendront des cicatrices », écrit-il poétiquement. On n’échappe jamais à sa jeunesse. « On ne guérit pas de son passé », nous dit encore ce journaliste et critique toulousain pour le Figaro, auteur de plusieurs essais (dont « Le nouvel ordre sexuel », « Clint Eastwood »…), dans son premier roman paru en 2004, sélectionné pour le Prix Interallié 2004 (finalement attribué à Florian Zeller pour la Fascination du pire).

Le prix de Flore 2009 est décerné : Frédéric Beigbeder favorise son ami

Et voilà après plusieurs semaines de pronostics acharnés (!), le verdict vient de tomber en ce 5 novembre : le prix de Flore 2009 ne sera pas encore cette année un choix audacieux sortant du sérail de Saint Germain des prés…

« La délicatesse » de David Foenkinos: « Un baiser, s’il vous plaît » (chronique et interview)

Dans « La délicatesse » de David Foenkinos, on trouve ce genre de réplique, « Markus pensa : ‘ C’est le plus beau lavage de mains de ma vie.’ et c’est ce qui fait aimer ses livres. Ce mélange de naïveté et d’humour qui enchante. Il participe à cette surprise permanente sentie à chaque lecture, à cette tendresse éprouvée pour les personnages dès son premier roman. Dans son dernier livre, La délicatesse, encore en lice pour le prix Interallié, on retrouve cette vivacité dans l’écriture, ce côté décalé qui nous fait parfois penser à Boris Vian. On se pose la question suivante : mais où va-t-il chercher tout ça ?…

« Je suis un écrivain normal » de Michel Houellebecq (nouvelle écrite pr le Prix de Flore)

Chaque année, le lauréat du Prix de Flore est censé écrire une nouvelle. Retour en arrière, en 2001, où Michel Houellebecq (prix de Flore 1996 pour l’un de ses recueils de poème, « Le sens du combat ») s’acquitte de la tâche alors qu’il connaît un succès grandissant, avec son ton caustique tranquille habituel :

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Dans la bibliothèque des blogueurs… Simone de Bougeoir

Depuis plus de deux ans, Simone de Bougeoir donne presque quotidiennement un joyeux coup de pied dans la fourmilière des blogs de filles ! Entre parodies et anecdotes décalées voire absurdes, elle nous raconte sous forme de brefs billets à chutes presque comic strips*, sa vie trépidante de pubeuse rédigeant du « wording bien brandé » (elle travaille dans une agence de com’) aux côtés du « designer de l’Internet », et de parisienne presque normale entre son chat Pompom (un peu « smelly cat » de Phoebe sur les bords) et sa colocataire, ses cours de yoga et escarpins Armani… Ne manquant pas au passage de brocarder le petit monde des « blogueurs influents » et autres RP ! Une écriture mordante avec sa petite musique et son univers bien à elle qui aura rapidement suscité le bouche à oreille et valu une belle notoriété (cf: son groupe de fans sur Facebook).

Si sur son blog « koala friendly », elle aime vanter sa passion pour les films à base « d’aliens souterrains » et de « mutants mangeurs d’humains » (au grand dam de « l’Intégriste culturel », l’un de ses célèbres protagonistes !) ou encore Secret story, la jeune femme au pseudo évocateur et diplômée en lettres cache plus son goût des livres aussi bien classiques que contemporains :

« Un roman français » de Frédéric Beigbeder : « Les mots » d’un existentialiste moderne /PRIX RENAUDOT 2009

« Un roman français » de Frédéric Beigbeder, son septième roman (parution le 18 août 2009, (sortie poche, rentrée 2010)) est un chef d’œuvre parce qu’il parvient à l’une des choses les plus difficiles dans l’existence: parvenir à s’abandonner. « Un roman français » est une leçon de vérité. C’est un livre saisissant. Bouleversant. Sobre. D’une immense sensibilité.

La couronne verte de Laura Kasischke: Légende Maya et contes urbains

Comme dans son précédent roman, Rêves de garçons, Laura Kasischke met en scène dans La Couronne verte des personnages stéréotypés, ados à l’américaine, support idéal pour opérer le renversement qui caractérise ses livres – pour révéler le fond d’atrocité qui subsiste derrière chaque apparence, aussi lisse et légère soit-elle. Imaginez, trois filles, jeunes et jolies, récemment diplômées (la fin du lycée), libérées pour un temps de l’emprise familiale. Vous faîtes bien vous dire déjà : ça va mal finir.

Faire l’amour – Fuir – La vérité sur Marie (PRIX DECEMBRE 2009) : Trilogie du (dés)amour par Jean-Philippe Toussaint

Faire l’amour – Fuir – La vérité sur Marie de Jean-Philippe Toussaint: ces trois romans constituent une trilogie ou plutôt un triptyque amoureuse(x) en trois actes qui peuvent néanmoins se lire indépendamment les uns des autres. Il raconte par fragments et flash-backs la relation qui unit et désunit le narrateur à une certaine « Marie ».
Le belge compte parmi les auteurs contemporains phares des éditions de Minuit aux côté de Jean Echenoz, Marie N’Dyae ou encore Eric Chevillard, revendiquant haut et fort leur exigence littéraire.

Alexandre Jardin vu (démoli) par Eric Chevillard…

Les polémiques et autres attaques assassines (pour la cible) et souvent jouissives (pour les auditeurs/lecteurs) sont le propre du milieu littéraire. « L’art de la méchanceté » comme l’écrivait le magazine littéraire dans son dossier sur le thème des haines d’écrivains. « C’est l’arme la plus étincelante de la raison contre la puissance des ténèbres et de la laideur. La méchanceté (…) est l’esprit de la critique, et la critique est à l’origine du progrès et des lumières de la civilisation » faisait même dire Thomas Mann à l’un de ses personnages dans « La montagne magique ». C’est ainsi qu’Eric Chevillard avait suscité l’enthousiasme avec son pamphlet sur le pauvre Alexandre Jardin qui vient de publier la suite de Fanfan, son grand succès (Quinze ans après). Intitulé « Le tombeau d’Alexandre Jardin » et publié à l’origine dans la revue Hesperis en 2000 (sous la houlette de Pierre Jourde, spécialiste du genre s’il en est !), cet article sarcastique prenait pour prétexte la lecture de son roman « Autobiographie d’un amour ». Extraits :

J’ai le cerveau sens dessus dessous de David Heatley

Chez David Heatley comme chez Chris Ware, les personnages de J’ai le cerveau sens dessus dessous se succèdent, détraqués, crus et cruels – mignons malgré tout – pour rejouer avec une incroyable contemporanéité – en couleur et en argot – une comédie humaine en cinq actes : « Histoire sexuelle », « Histoire noire », « Portrait de ma mère », …

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Les 60 meilleurs livres de ces 60 dernières années élus par les Anglais

Dans la série des listes et des palmarès, le Times a récemment demandé aux anglais d’élire leurs 60 meilleurs livres de ces 60 dernières années. Voici les heureux élus arrivant en tête de liste révélés par le journal en octobre 2009 :

« Mauvaise fille » et « Rien de grave » de Justine Lévy : Itinéraire d’une enfant cabossée

Justine Lévy, fille de Bernard-Henri Lévy, a été révélée en 2004 au grand public par son désormais fameux deuxième roman « Rien de grave », cri de détresse d’une jeune-femme quittée par son mari, entre réminiscences, deuil de son amour de jeunesse, blessures familiales, fuite (artificielle…) et affrontement d’une réalité trop douloureuse… Salué par la critique et les lecteurs pour son écriture « inventive », « brute » et « émouvante », le buzz (vendu à 110 000 exemplaires en moins d’un mois, traduit en anglais et allemand) dont a bénéficié l’ouvrage provient à l’origine de sa source d’inspiration (Carla Bruni, rebaptisée Terminator dans le livre, avait alors fait main basse sur son ex-mari Raphaël Enthoven). En 2008, l’opus à peu près oublié, connaissait d’ailleurs un regain d’intérêt, rattrapé par l’actualité de la première dame de France. « Nous avons vendu autant d’exemplaires en un mois que durant toute l’ année 2007: c’est-à-dire 15 000 exemplaires », dit-on au Livre de Poche, qui a dû procéder à des réimpressions. Très attendu son nouveau et troisième roman « Mauvaise fille » -sélectionné pour le Goncourt- a d’ores et déjà emballé la critique. Même Yann Moix, rarement tendre, en faisait l’éloge dans sa chronique pour Le Figaro (« Un monstre à deux têtes ») : « Ce livre, semblable à aucun autre et qui s’insinue durablement dans les veines, ce livre où le cancer est assimilé à un enfant et où l’enfant fait figure de cancer, est un des plus profonds, un des plus beaux que j’ai lus depuis longtemps. »
La mère, personnage omniprésent dans son œuvre depuis son premier roman « Le Rendez-vous » est de nouveau au cœur de son texte. Une mère mourante tandis que sa fille « (re)naît » mère : tout un symbole, entre la vie et la mort, les doutes et la culpabilité, que l’auteur explore ici. Un récit sensible mais encombré de quelques maladresses et règlements de compte pesants… :

Brigitte Bardot vue par les poètes et intellectuels

Alors qu’une exposition rétrospective est consacrée actuellement au myhe B.B à Boulogne, l’éternelle héroïne de « Et Dieu créa la femme », retour sur ce qu’elle inspire ou a inspiré aux poètes et intellectuels:

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« Le livre de Jérémie »/ « Sarah » de J.T Leroy : 4 ans après l’imposture, que penser du « surdoué » de la littérature américaine ?

Surgi de nulle part en 2001 et immédiatement proclamé comme le nouveau jeune prodige de la nouvelle génération littéraire américaine, J.T Leroy (J comme Jeremiah, et T pour… Terminator !) fascine autant qu’il intrigue. Tant par ses histoires troubles, sulfureuses et violentes, son style à la fois brut et poétique que son personnage, celui d’une créature postmoderne branchée pétrie de pop-culture, icône underground (un jeune-homme androgyne ne sortant jamais sans sa perruque blonde et ses lunettes noires). Porté au pinacle par les grands noms de la littérature, de Chuck Palahniuk à Dennis Cooper en passant par Mary Gaitskill et vénéré par le réalisateur Gus Van Sant (avec qui il a co-écrit le scénario de Elephant) Lou Reed ou encore Garbage (qui lui a dédié deux morceaux), ces deux premiers opus « Sarah » et « Le livre de Jérémy » (adapté au cinéma en 2004 par Asia Argento) accèdent très vite au rang de livres culte. Mais en 2005, le New-York Times révèle que le jeune surdoué serait en réalité une quadragénaire mal dans sa peau : Laura Albert. Le mythe s’écroule et le scandale éclate…

Nouveau roman de Nicolas Rey pour les 10 ans des éditions « Le Diable Vauvert » et nouvelle sur Disneyland…

Nous vous donnions en juin dernier quelques nouvelles de Nicolas Rey (actuellement sur France Inter dans l’émission de Pascale Clark, « Comme on nous parle » et sur TPS). A cette époque, ses projets d’écriture étaient au point mort. Mais voici que cet été, un regain d’inspiration a donné naissance à un nouvel ouvrage qui vous expliquera notamment l’absence trop longue de l’écrivain sur la scène littéraire. Intitulé « Un léger passage à vide », il sera publié le 5 janvier 2010 aux côtés d’une pléiade de romans des auteurs emblématiques du Diable Vauvert qui fête ses 10 ans. Il a aussi écrit une nouvelle sur Disneyland pour un recueil publié chez Flammarion aux côtés d’autres jeunes auteurs.

« Cette camisole de flammes » de Gabriel Matzneff : journal d’un jeune-homme rebelle [1953-62]

L’adolescence, la jeunesse dorée sont des thèmes dont nous avons parlé en cette rentrée littéraire 2009. Ils sont aussi au cœur de ce premier tome des journaux, ses « carnets noirs » comme il les a baptisés, de Gabriel Matzneff. Un auteur aujourd’hui boycotté par les médias (mais bénéficiant toujours d’une communauté de lecteurs très active et du soutien de quelques auteurs contemporains) après un certain âge d’or dans les années 70-80. En cause sa pédophilie ouvertement revendiquée qui s’affirme déjà dans ce premier journal. Il est donc toujours difficile de lire Matzneff pour cette raison et encore plus d’avouer une admiration pour la force de son style ou de ses idées, sa liberté, ses obsessions… « Une œuvre qui suscite admiration et débat, scandale et fascination », comme le résume à juste titre son éditeur. Car si ses actes peuvent parfois révolter, on ne peut lui enlever le courage (ou l’inconscience ?) de toujours les assumer et de ne jamais rien renier (« Mieux vaut périr en restant soi-même que prospérer en se reniant… » écrit-il d’ailleurs en guise de philosophie de vie). Entre 16 et 25 ans, on retrouve en germe tous les thèmes qui habiteront ces futurs tomes (« A seize ans, j’étais pour l’essentiel celui que je suis aujourd’hui », écrit-il en préface). Sa noirceur peut-être à son paroxysme, sans cesse concurrencée par son appétit, son ardeur pour la vie et de ses plaisirs. Entre tentation du suicide et hédonisme. C’est le deuxième qui l’emportera. On dévore ce journal qui insuffle une énergie à la fois sombre et lumineuse : c’est d’ailleurs ce qui est étonnant chez cet auteur, sa personnalité à la fois angélique et perverse, « l’archange aux pieds fourchus » comme il a intitulé un autre tome de ses journaux. Oscillant en permanence entre la pureté par son goût de l’absolu et l’égocentrisme cynique.
Une œuvre « nocturne et solaire » qui doit faire taire, une bonne fois pour toutes les détracteurs du « nombrilisme » en littérature (expression qui ne veut rien dire et qu’il analyse d’ailleurs avec brio) mais qui n’est pas à mettre entre toutes les mains…

Sarko au secours des filières littéraires : les mal-aimées de l’entreprise ?

Notre président de la république, Nicolas Sarkozy, fustigé pour sa discrimination littéraire au sujet de la désormais fameuse affaire de la princesse de Clèves, opère depuis un volte-face à 180°. Bouquinant Proust pendant ses voyages diplomatiques, déclarant ses lectures sur sa page Facebook, il vole au secours aujourd’hui des filières littéraires qui souffrent de dévalorisation professionnelle :

De « Mille morceaux » à « L.A Story »: James Frey, écrivain de la modernité et des névroses urbaines

« Mille morceaux » de James Frey a rendu célèbre son auteur, porté aux nues suite à l’émission d’Oprah Winfrey en 2003, célèbre talk show américain réputé pour son effet prescripteur, avant d’être traité comme un pestiféré. James Frey est en effet avant tout connu par le scandale qu’il a suscité lors de la sortie de son premier roman. Objet du courroux : l’histoire de sa rehab pour sortir de sa double dépendance à l’alcool et au crack, qui serait trop librement inspirée de la réalité. En résumé, l’écrivain est condamné parce qu’il aurait « trop romancé»… Au-delà de cette polémique stérile, il est intéressant de se pencher sur l’œuvre de cet écrivain considéré comme « le livre sur la toxicomanie le plus intense de sa génération » par Bret Easton Ellis himself

Fanfan d’Alexandre Jardin: « La passion expire quand l’espérance est morte »

Publié en 1990, « Fanfan » est le 3e roman d’Alexandre Jardin, écrivain précoce qui n’avait alors que 25 ans. Tout juste auréolé du prix du premier roman pour « Bille en tête » et jeune diplômé de sciences-po, il est finalement l’un des précurseurs non avoués de ces héros bobos à mi chemin entre Peter-Pan et le prince charmant, qui ont ensuite fleuri dans les romans de Florian Zeller, David Foenkinos, Nicolas Rey ou encore Frédéric Beigbeder qui publiait la même année que Fanfan, ses mémoires d’un jeune-homme dérangé (7 ans plus tard il écrit « L’amour dure 3 ans », également sur le thème de l’usure inéluctable des sentiments). Un romantisme moderne qui lui aura valu le succès mais aussi bon nombre de sarcasmes. Moqué pour sa « mièvrerie », son style « mielleux » ou encore « prétentieux », il est aussi plébiscité pour son inventivité et l’humour de ce conte d’amour contemporain, emprunt d’autoficton (notamment sur ses études et milieu familial).

« Joséphine 2 » de Pénélope Bagieu : « Le bonheur c’est comme les abdos ça se travaille ! » (dédicace)

Séance de dédicace de Pénélope Bagieu, blogueuses, illustratrice et auteur, pour la sortie du tome 2 des aventures de Joséphine, chez Etam pour qui elle a dessiné une collection de lingerie. Penchée consciencieusement sur son pupitre-commode, elle s’est appliquée à dessiner pour chacune de ses fans un petit souvenir personnel sur leur exemplaire. Un nouvel opus aussi réussi que le premier !