Encore méconnue en France l’américaine Mary Gaitskill faisait partie de la désormais mythique bande du « Brat Pack », la nouvelle «génération perdue» chouchoutée par les agents et les éditeurs. Un groupuscule de romanciers et de novellistes précoces (dont les chefs de file ne sont autres que Jay McInerney et Bret Easton Ellis ou encore Donna Tartt), jouant de leur insolence blasée et portant un regard acéré sur leur époque et leur univers croisant sans complexe cocaïne, rock’n’roll, réalisme urbain et romantisme. Chaudement saluée aux Etats-Unis par la critique, son 1e roman « Veronica » (après un recueil de nouvelles « Mauvaise conduite » traduit en 1989) a été classé par le New York Times parmi les cinq meilleurs livres de fiction de 2005, et sélectionné cette même année pour le National Book Award. Dans un style minimaliste et lumineux, elle y dresse le portrait douloureux et émouvant de deux femmes, Alison Owen, atteinte d’hépatite à l’âge de 50 ans, qui se retourne sur son passé, sa vie de bohème et ses rêves de paillettes, avant de croiser Véronica Ross, autre oiseau de nuit excentrique et sidaique, qui a choisi de vivre sa marginalité en toute liberté. Derrière leur désinvolture, se dessinent progressivement les fêlures tandis que resurgit toute une époque clinquante du New-York des années 80…
L’écriture et la littérature selon Philippe Djian (Doggy bag 6)
Philippe Djian, le plus américain des écrivains français, inventeur de cette langue poético-pop et de ce héros trentenaire aérien et looser de la littérature des années 90/2000, auteur à succès de « 37.2 le matin », « Zone érogène » ou plus récemment « Impuretés » et sa série « Doggy bag » (dont il sort la « 6e saison » actuellement) qui s’inspire du principe des séries TV américaines de type « Les sopranos » ou « Six feet under », confie au magazine Télérama sa conception de l’écriture et son obsession de la phrase parfaite comme un musicien (rock) cherche sa mélodie. Il revient également sur sa carrière (sans oublier de rappeler la petite phrase assassine de Gallimard qui lui avait notifié, à ses débuts de wanna-be, qu’il « se plaçait délibérément hors de la littérature »…), l’évolution du paysage littéraire français et évoque les auteurs contemporains, de Bret Easton Ellis à Don Delillo en passant par Jean Echenoz qu’il admire. Quelques citations choisies de cette interview intéressante :