Buzz littéraire

Articles de cet auteur

« Dictionnaire égoïste de littérature française », « Dictionnaire de littérature à l’usage des snobs », « La littérature française pour les nuls » : que penser des bibles littéraires ?

Les ouvrage de « vulgarisation littéraire » peuvent susciter quelques réticences par leur aspect forcément superficiel mais permettent aussi d’avoir quelques repères et pistes afin de découvrir ou creuser l’un ou l’autre pan de notre vaste littérature. Les guides, études et autres bréviaires ne manquent pas mais ils ont le défaut d’être souvent un peu scolaires et rébarbatifs. Récemment trois nouveaux opus (plus ou moins réussis) ont été publiés pour initier le profane ou le curieux mais aussi proposer de nouvelles perspectives des grands écrivains, des classiques aux confidentiels sans oublier les contemporains… Entre anthologie, guide pédagogique ou manuel érudit et anticonformiste :

Comment ne pas vexer un écrivain ? (« Le Carnet du Savoir-vivre »)

Petit extrait amusant d’une interview du magazine Elle (du 12 mai 2008) auprès de Laurence Caracalla co-auteur d’un ouvrage de savoir-vivre (Le Carnet du Savoir-vivre) avec la Baronne Staffe.

« 11 femmes, 11 nouvelles » (Camille de Peretti, Jessica L. Nelson, Audrey Diwan, Anna Rozen…) : Variations sur l’identité féminine

A l’occasion de leur cinquante ans, les éditions « J’ai lu » qui se revendiquent comme « la plus féminine des maisons d’édition de poche » choisit de donner exclusivement la parole aux femmes, « héritières et filles des féministes » et de les interroger sur l’identité féminine, dans un beau recueil de nouvelles « 11 femmes, 11 nouvelles ». Et de répondre plus particulièrement à la question : Etre une femme aujourd’hui, est-ce seulement avoir un corps de femme ? En parallèle, le photographe portraitiste Olivier Roller illustre par des portraits intimistes voire naturalistes (voir ci-dessous) des 11 auteurs (écrivain, journaliste, éditrice…) leurs onze nouvelles inédites qui explorent la féminité à travers des situations tour à tour douloureuse, surprenante ou cocasse. Un tour d’horizon qui se lit avec intérêt même si l’on pourra regretter une vision finalement bien traditionnelle de l’identité féminine qui reste cantonnée à son rôle de séductrice ou de victime des hommes… Pour ces romancières, il semble que oui, être femme passe avant tout par le corps.

Interview de Florian Zeller (dernier roman : « Julien Parme »), Salon du livre 2008 (4/6)

Suite de nos rencontres avec les écrivains à l’occasion du Salon du livre 2008 à Paris… Cette année encore Florian Zeller prend place sur le stand Flammarion du salon du livre. Un comité d’accueil attend son arrivée. Pourtant, le jeune auteur de 29 ans, n’a pas de nouvel opus à dédicacer. Son actualité ? La sortie en poche de Julien Parme et sa participation au recueil de nouvelles « 10 ans 10 auteurs 10 nouvelles » (à l’occasion des 10 ans de la collection « Nouvelle génération » des éditions « J’ai lu »). L’occasion de prendre de ses nouvelles et d’analyser avec lui ce mouvement de « littérature nouvelle génération » dont il est l’un des auteurs phare, mais aussi de papoter de Jean-René Huguenin, de Shakespeare, de sa passion du théâtre ou encore de son rapport ambivalent à Internet… Un grand merci à Florian Zeller pour avoir pris le temps de répondre à nos questions avec précision et richesse (+ Tribune libre sur Florian Zeller à lire en complément, en commentaire ci-dessous) :

Pourquoi j’ai calé à la 150e page (sur 640) de « La consolante », le dernier roman d’Anna Gavalda…

Le dernier gros buzz littéraire de ce début d’année 2008 était incontestablement le dernier et quatrième roman signé de l’auteur star de « Ensemble c’est tout » et « Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part », Anna Gavalda qu’on ne présente plus. Tiré à 300 000 exemplaires, « La consolante » était le roman le plus attendu de l’année selon Livres Hebdo. Une histoire fidèle à l’univers de l’auteur passionnée par les « êtres fêlés » parce qu' »ils laissent passer la lumière » comme elle aime les qualifier en citant Audiard. Un roman comme une sorte de chorale de deuil autour d’un personnage, Charles Balanda, architecte à Paris de 47 ans coincé dans un mariage qui n’en porte plus que le nom, dont la vie bascule quand il a apprend qui incidemment le déces d’une femme, la mère d’un de ses amis d’enfance qu’il a connue dans sa jeunesse. Cherchant à occulter cette douleur comme il occulte le reste de sa vie, il devra malgré tout lui faire face et entreprendre un travail de deuil qui le poursuit. Il en perd l’appétit, le sommeil, abandonne plans et projets tout en essayant de comprendre pourquoi tout se fissure autour de lui… A travers une forme également fissurées entre puzzle et patchwork, qui assemble les scènes de sa vie, ses peurs sur fond de crise de la cinquantaine, mais aussi les confessions d’une mystérieuse femme, Gavalda tente de montrer que malgré tout la vie peut être reconstruite et s’avérer belle (un gavaldisme par excellence !). Pourtant l’accueil du roman s’est avéré pour le moins mitigé et ce nouveau rendez-vous ressemble à un rendez vous manqué…

« Crépuscule Ville » le nouveau roman de Lolita Pille : premier aperçu et extrait choisi

Comme nous vous l’annoncions en septembre dernier, le prochain et troisième roman de Lolita Pille, « Crépuscule Ville », à paraître le 13 mai 2008 se place sous le signe de l’anticipation sociale. Un thriller d’action qui répond aux codes du genre et qui tente malgré tout d’apporter sa propre originalité, ce qui reste périlleux dans un genre fortement marqué par des références poids lourds (Orwell, Huxley, Gibson, K.Dick ou même un Dantec en littérature ou des films comme « Minority report », « Bienvenue à Gattaca » ou encore « Brazil » pour ne citer qu’eux…). Références qui hantent l’imaginaire des lecteurs dés que sont abordés les thèmes du totalitarisme, de l’eugénisme, de la désinformation, de l’apocalypse, la surveillance « big brother » ou encore les cyber-technologies. Ces deux dernières années ont d’ailleurs été marquées par plusieurs tentatives plus ou moins réussies des jeunes romanciers (Céline Minard, Céline Curiol, Anna Borrel, Elise Fontenaille, Benjamin Berton, Antoine Bello, Julien Capron, Mathieu Terence…) de créer la « french touch » de l’anticipation. La petite Pille (qui devient grande assurément), n’en déplaise à ses détracteurs, ne s’y casse pas les dents, et fait même preuve d’une belle imagination… (couverture ci-contre non officielle)

« Libre échange » 2e roman de Bernard Mourad, Entre « Vis ma vie » et « Second life »…

Après Lolita Pille et son « Crépuscule Ville », un autre roman, « Libre échange » signé de Bernard Mourad, tente à nouveau le genre de l’anticipation. A l’image de cette première, il aborde aussi la question du suicide et fait référence à Melville (Pille citait « Moby Dick », il cite « Bartleby »). La comparaison s’arrêtera ici. Deux ans après son premier roman très réussi « Les actifs corporels », le jeune auteur (toujours vice président du département « Investment Banking » chez Morgan Stanley à ses heures perdues… ou l’inverse !) revient avec ce deuxième opus qui s’inscrit dans la droite lignée du premier dont il semble être, non pas une prolongation, mais un frère, une nouvelle variation cohérente qui explore, avec intelligence et subtilité, une autre facette des dérives de nos sociétés libérales et de l’économie de marché. Il en tire une intrigue inattendue et assez originale tout en tissant en filigrane une nouvelle parabole. On regrettera hélas les longueurs qui alourdissent le rythme du récit…

« 100 romans de première urgence pour (presque) tout soigner » : la littérature au secours des maux de l’âme… (+ Interview de S.Janicot)

« Le désir d’une trêve, (…), aucune lecture ne l’exauce jamais. On avale les potions de l’encre, chaque jour un peu, pour faire tomber la fièvre, on l’aggrave en fait. » écrivait Christian Bobin qui manifestement ne croit guère aux vertus thérapeutiques de la littérature. D’autres pensent au contraire que la poésie a par exemple des vertus d' »antidépresseur » ! Et Montesquieu notait dans ses Pensées diverses : « Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé. »
Stéphanie Janicot, responsable des rubriques littéraires du magazine « Muze » (Bayard presse) et par ailleurs auteur d’une dizaine de romans (‘Les « Matriochkas », « La Constante de Hubble »…), livre, elle, une sorte d’ordonnance littéraire, « 100 romans de première urgence pour (presque) tout soigner ». Ou comment trouver remède avec la littérature… Après Lucia Etxebarria (qui fait d’ailleurs partie de sa sélection) qui nous livrait ses réflexions pour « ne plus souffrir par amour », elle s’amuse ici à prescrire pour chaque « symptôme » (enfance difficile, amour malheureux, handicap, pauvreté, maladie, etc.) un roman permettant de le traiter. Un livre concept (et un site qui l’accompagne intitulé de l’éloquent « Lire guérit ») qui, s’il a le mérite de l’originalité sur sa forme déçoit un peu sur le fond.

La mè(gè)re de Michel Houellebecq écrit son plaidoyer

Cette fois, ce n’est pas une ex-femme qui décide de régler ses comptes avec un écrivain célèbre mais sa propre mère. La mère de Michel Houellebecq, Lucie Ceccaldi, a en effet décidé à 83 ans de publier le 7 mai «L’Innocente» aux éditions Scali. Ses revendications ? «Avec Michel Houellebecq, mon fils, on pourra commencer …

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Lesnouveauxauteurs.com publient les jeunes auteurs sur Internet

Un nouvel acteur de l’édition s’est installé depuis avril 2007 sur Internet et propose aux jeunes auteurs de les éditer (à compte d’éditeur) sur Internet. Lesnouveauxauteurs.com créé par Jean-Laurent Poitevin, ancien directeur marketing de Vivendi Universal, vise à démocratiser l’édition grâce à des comités de lecteurs citoyens (des lecteurs motivés venus de tous horizons, journaliste, etc.). Celui-ci est en effet persuadé que des pépites littéraires échappent aux maisons d’édition, soit 91% d’auteurs refusés chaque année par les grands éditeurs. De quoi ravir les auteurs wanna-be !

Lucia Etxebarria règle ses comptes avec Bridget Jones ! (extrait de « Je ne souffrirai plus par amour »)

En cette année 2008, la pétulante écrivain espagnole auteur de l’excellent « Amour, prozac et autres curiosités » nous revient avec un opus inattendu qui, à première vue, ressemble à un manuel de développement personnel mais qu’elle préfère qualifier d' »essai littéraire ». A l’intérieur, l’auteur du pays des telenovelas, décrypte comme toujours les comportements amoureux de ses contemporaines et cherche surtout à répondre à un problème qui la concerne au premier chef : la dépendance émotionnelle liée notamment au manque d’estime de soi. Les « junkies de l’amour » comme elle les surnomme. A l’aide d’une impressionnante bibliographie psycho-sociologique illustrée des vicissitudes sentimentales de ses amies ou des siennes, elle explique donc les racines et les mécanismes de ce fléau qui entraîne souffrance et peut aller jusqu’à l’autodestruction (et la maltraitance). Cette féministe convaincue brocarde au passage les représentations sociales de l’idéal de l’amour romantique occidental notamment véhiculées par notre patrimoine culturel, l’éducation ou le « bombardement médiatique ». Et de passer au crible les grandes héroïnes de la littérature : d’Anna Karénine à Emma Bovary jusqu’à Bridget Jones (et la chick lit’) qui en prend particulièrement pour son grade. Extrait choisi :

« Eastwood, Mes femmes et moi » de Christophe Nicolle : La vie comme un western !

La bonne impression produite par le premier roman de ce trentenaire, paru en 2006 « L’important c’est d’avoir connu l’amour », se confirme avec ce deuxième roman (« Eastwood, Mes femmes et moi ») toujours aux éditions Bernard Pascuito. Et la filiation avec Nick Hornby se ressent de nouveau, même si la passion pour la pop rock est ici remplacée par une passion cinématographique pour l’acteur et réalisateur Clint Eastwood. Le dilemme reste le même : peut-on tomber amoureux de quelqu’un ne partageant pas nos goûts et nos passions ? L’auteur fait le pari original de nous raconter ses déboires amoureux à travers sa relation au mythique cow-boy de la trilogie Leone…

« L’important n’est pas ce qu’on est mais ce qu’on aime… » (extrait de « Haute fidélité » de Nick Hornby)

En préambule de la présentation du nouveau roman de Christophe Nicolle « Eastwood, mes femmes et moi », voici un extrait du cultissime « Haute fidélité », deuxième roman du britannique Nick Hornby paru en 1995 (eh oui déjà !). Son héros « Rob », adulescent trentenaire passionné de pop music, qui sort d’une rupture douloureuse s’interroge avec ses deux acolytes (Dick et Barry) travaillant dans son magasin de disques, sur l’importance des goûts culturels communs dans un couple. Les films, les disques ou les livres que l’on aime conditionnent-ils ou du moins influencent-ils l’avenir d’un couple et la « durée » de son amour… ? Voici sa petite théorie assaisonnée de son humour habituel :

« La fortune de l’homme » d’Anne Brochet, l’actrice explore la fragilité du désir (+ avis de Nicolas Rey)

La comédienne célèbre pour son rôle de la belle Roxanne dans l’adaptation cinématographique de « Cyrano de Bergerac » en 1990, possède aussi des talents de conteuse qui s’affirment de livre en livre. Son troisième prend la forme d’un recueil de nouvelles intimiste où elle explore le désir, la frustration, la féminité, la fragilité des couples et bien sûr les hommes (qui se révèlent souvent impuissant ou absent)…

Christophe Paviot refait le portrait de Kurt Cobain et Jérôme Attal raconte sa vie avec les Beatles

La musique, rock, pop ou rap inspirent de plus en plus la nouvelle génération d’écrivains nourris autant de décibels que de manuscrits. A tel point que l’on parle souvent de « roman rock ». Malheureusement il ne suffit pas toujours de s’inspirer d’une icône forte pour faire un bon roman, quelque soit son potentiel romanesque. Récemment on se souvient en 2007 du décevant « Boys in the band » de David Brun-Lambert sur Pete Doherty ou encore de Joy Sorman qui signait « Du bruit » en hommage à NTM. Les éditions Naïves ont, elles, fait le pari périlleux de donner la parole à des écrivains pour évoquer un artiste qui les a marqués. Cette collection baptisée « Sessions » a notamment déjà publié Stevie Wonder vu par Anna Rozen, Mick Jagger par François Bégaudeau, les Beatles par Claro ou encore Indochine par Chloé Delaume. Christophe Paviot et Jérôme Attal s’essaient à leur tour au genre: (+ vidéo « Salon du livre ») :

Un café au Flore avec Frédéric Beigbeder… Interview/Conversation

Métro 4, station St Germain des Près. Un certain vendredi 21 mars après-midi. Paris s’anime à l’annonce d’un long week-end. Le soleil, au rendez-vous par intermittence, invite à une pause en terrasse. Le quartier latin fait toujours recette, touristes et passionnés, riverains et étudiants s’y pressent. Un passe-temps s’impose pour tuer la demi-heure d’avance. La libraire La Hune, rendez-vous mythique des amoureux des arts depuis 1949, est ouverte. Occasion idéale pour une plongée en littérature, avant de percer l’univers d’un écrivain contemporain : Frédéric Beigbeder. Sous le soleil les verrières du Café de Flore scintillent. Ce café mythique, repaire de générations d’écrivains tend les bras à qui le veut bien, sur l’autre trottoir. De loin, il se repère dans la foule qu’il fend, léger. Manteau noir, lunettes noires, cheveux en sage désordre et portable à l’oreille. Il avance comme à l’aveuglette, du pas de ceux qui ont trop foulé les mêmes boulevards.

« Véronica » de Mary Gaitskill et « Rétro » d’Olivier Bouillère, les trash romans dans le buzz littéraire d’avril

Misère et splendeur du rêve new-yorkais : A signaler la parution du second roman « Véronica », de la new-yorkaise Mary Gaitskill (voir la chronique-tribune libre sur ce roman). Souvent rapprochée de Jay McInerney et de Bret Easton Ellis, elle a d’abord été remarquée pour ses talents de nouvelliste dans The New Yorker ou Harper’s Magazine. En …

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Mrs Dalloway de Virginia Woolf : Visions impressionnistes

2e partie de la chronique : Un roman urbain, une esthétique impressionniste… (l’influence de la peinture), Une écriture en forme de visions : « Une allumette brûlant dans un crocus », La folie, l’angoisse qui menace, le spectre de la mort…, Un arrière-plan historico-politique :

Interview de Nicolas Fargues (« Beau rôle »), Salon du livre 2008 (2/6)

Poursuivons notre série d’interviews réalisées à l’occasion du Salon du livre 2008 avec un arrêt au stand des éditions P.O.L où l’on rencontre Nicolas Fargues qui vient de publier un corrosif sixième roman -« Beau rôle »- en forme de satire sur le monde du cinéma français mais aussi sur la célébrité, les vanités, l’identité au sens large du métissage au sexe… (voir la Tribune libre détaillée à ce sujet). Questions sommaires et périphériques depuis cette dernière parution très remarquée et sa promotion au plus africain des écrivains français, Nicolas Fargues, qui bien que très sollicité par les nécessaires dédicaces, s’est montré très disponible. Un entretien chaleureux et varié où l’on aborde sa passion pour le cinéma ou encore son prochain roman déjà en préparation… Qu’il en soit ici remercié.

“L’élégance du hérisson”, le best-long-seller devient un film blockbuster

“L’élégance du hérisson”, roman phénomène publié en 2006 (dépassant les 900 000 exemplaires vendus), sera transposé sur les écrans dès l’année prochaine avec Josiane Balasko en vedette. Sous la direction de Mona Achache, dont ce sera ici le premier long métrage, elle incarnera Renée, la concierge lettrée. Muriel Barbery a bénéficié d’un contrat exceptionnel, tout …

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