Buzz littéraire

Articles de cet auteur

Frédéric Beigbeder : A votre avis ?

Je me permets de solliciter vos lumières si vous avez une petite minute : Comment expliquez-vous les raisons du succès de Frédéric Beigbeder et quelle place/influence occupe-t-il dans la nouvelle génération littéraire ? Cette question m’a été posée par un journaliste (du Nouvel Observateur) dans le cadre d’une enquête qu’il prépare et avant d’y répondre …

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Les lois de l’attraction de Bret Easton Ellis, Les affinités électives version campus novel

« Les lois de l’attraction », deuxième roman de Bret Easton Ellis publié en 1987, à l’âge de 23 ans, dans la droite lignée de son premier opus « Moins que zéro », poursuit son exploration d’une certaine jeunesse américaine, dorée et décadente. Après avoir planté son intrigue dans la période particulière et flottante des vacances de Noël, l’auteur nous entraîne au cœur même du campus, de ce microcosme universitaire où la principale occupation consiste à tester son pouvoir « d’attraction » et chercher celle ou celui qui comblera la solitude de sa chambre…

Arnaud Cathrine : Entre cicatrices d’enfance et désespoir élégant… (1)

Arnaud Cathrine, 33 ans (né en 1974), fait figure de chef de file de ce courant de « jeunes auteurs impressionistes », aux côtés d’Olivier Adam avec lequel il partage un éditeur (« L’école des loisirs » pour qui il a écrit une dizaine de livres pour enfants et adolescents). Apparu sur la scène littéraire en 1998 à l’âge de 24 ans, avec un premier roman hallucinant « Journal d’un coeur sec », un huis-clos éprouvant sur la peur et l’abandon de deux orphelins en pleine guerre civile, il faisait déjà entendre une voix singulière, à la fois distante et tenue. Huit romans plus tard, un scénario (« Le Passager » récemment sorti au cinéma, adapté de son roman « La Route de Midland »…), la mise en paroles de titres de Florent Marchet ou de Claire Diterzi (il se destinait initialement à une carrière musicale), cet ancien élève de Khâgnes, a tracé son sillon et imposé son style épuré, à la fois fluide et acéré :

Sweet home d’Arnaud Cathrine (sortie poche) : Entre cicatrices d’enfance et désespoir élégant… (2)

Sweet home est le cinquième roman du prolifique Arnaud Cathrine qui vient de sortir en poche et publié initialement aux éditions Verticales lors de la rentrée littéraire de septembre 2005. Son éditeur le décrit comme « une saga intimiste, un tombeau lumineux pour une mère défunte, un exercice de deuil et d’émancipation. » Et pour une fois on peut faire confiance à la 4e de couv », fidèle à l’oeuvre. Dans ce sweet-home, plus bitter-sweet que réellement sweet comme on peut s’y attendre, l’auteur nous entraîne au coeur d’une famille en voie de décomposition…

Des éditeurs pas comme les autres : Rencontre avec Mathias et François Richard, fondateurs des « Caméras animales »

Suite à la présentation de l’excellent recueil « Raison Basse«  publié par les énigmatiques Caméras animales, le Buzz littéraire a voulu explorer les coulisses du « plateau » en interviewant ceux qui se tiennent derrière les caméras : Mathias et François Richard. Ces deux trentenaires passionnés, basés à Tours (!) et à Montreuil, ont fait l’incroyable pari de créer une maison d’édition iconoclaste qui publie et défend une littérature alternative voire « déviante » selon leurs propres termes, et fait la part elle aux talents littéraires venus du Net (la « net écriture ») ou encore aux voix marginales qui renouvellent les « modèles littéraires connus et mortifères »… Une littérature de création en somme. Un projet ambitieux et généreux qui tente aussi de renouer avec l’esprit collectif de la littérature d’antan même si aujourd’hui comme le remarquent, à juste titre, les fondateurs : l’individualisme extrême rend difficile les travaux communautaires… Découvrez leur vision et leur approche de la littérature « nouvelle génération » particulièrement oxygénante et loin des petites jérémiades habituelles !

Les auteurs se présentent : « Romanesque 2.0 » d’Olivier Las Vergnas

Olivier Las Vergnas, directeur de la Cité des métiers à la Cité des sciences nous a écrit (avant les élections) pour vous présenter son premier roman, à la fois politique fiction et policier, intitulé « Romanesque 2.0 », publié chez Le passager clandestin, une toute jeune maison d’édition qui se qualifie « d’indépendante, curieuse, parfois polémique, toujours engagée et citoyenne ». Il imagine un logiciel révolutionnaire d’aide à l’écriture avec lequel n’importe qui peut devenir romancier en une nuit. Un thème qui n’est pas sans rappeler celui du roman de Philippe Vasset intitulé « Exemplaire de démonstration« . Mais parole à l’auteur : « Sans doute ne devrais-je pas me lancer dans la publication d’un premier roman à mon âge (voir mon site perso à http://enviedesavoir.org)… D’autant que j’ai déjà concrétisé plusieurs « créations », comme « Les nuits des étoiles » tous les étés, « les Cités des métiers » à La Villette et ailleurs dans le monde, des séries documentaires TV, comme « Le temps des souris »… J’aurai dû en rester là et ne pas m’exposer plus encore, surtout dans un monde aussi difficile à pénétrer que celui de l’édition romanesque.

Monsieur Jean -Dupuy-Berbérian : « Vivons heureux sans en avoir l’air » (tome 4)

Dans ce quatrième tome, publié en 1998, « Monsieur Jean » emprunte doucement la voie de la maturité, des responsabilités et des choix à travers les décisions qu’il faut prendre. Il amorce doucement la fin des flottements et de l’esquive (à notre petit regret…).

La télé (réalité) ne cesse d’inspirer les auteurs : A mater ou à zapper ? (« Torturez l’artiste ! » de Joey Goebel, « L’œil de Caine » de Patrick Bauwen, « Cent mètres carrés » de François Henninger)

C’est à croire qu’il n’y a pas de salut hors la télévision ou la fameuse « industrie du divertissement » (l’entertainment américain) dans l’imaginaire des auteurs. Il ne se passe plus un mois sans qu’un roman ne sorte sur ce thème, quelque peu rabattu… Nous avions eu droit à la rentrée de septembre 2006 à une flopée d’ouvrages dans les coulisses du show biz avec notamment « Le script » de Rick Moody, « J’habite dans la télévision » de Chloé Delaume ou encore « A l’estomac » de Chuck Palahniuk… Précédemment Nicolas Fargues s’était aussi penché indirectement sur ce petit monde avec « One man show » ou encore Louis Lanher avec « Un pur roman« . Le plus réussi reste peut-être l’initiative de Tonino Benacquista avec « Saga » qui raconte le fabuleux destin de scénaristes foireux parvenant à écrire, contre toute attente, une série à succès au synopsis débridé. Récemment ce ne sont pas moins de 4 romans (dont Le reniement de Patrick Treboc d’Harold Cobert) qui s’attaquent, une fois de plus, à la satire des médias et jeux de télé-réalité. Stop ou encore ?

« Cosmofobia » de Lucia Etxebarria et sortie en poche d' »Un miracle en équilibre »

La tumultueuse auteur espagnole, du poignant Amour, prozac et autres curiosités », best-seller international et roman devenu culte, Lucia Etxebarria, est de retour dans les librairies en ce printemps avec un nouvel opus « Cosmofobia », qui vient nous donner des nouvelles du ventre bouillonnant de Madrid, celui des prostituées, serveuses de bars branchés, petites vendeuses de fringues, téléopératrices ou encore de la faune dorée des actrices et journalistes… Si vous ne connaissez pas encore cette auteur, on pourrait la comparer à une sorte de Virginie Despentes madrilène. Et c’est la France qu’elle a choisie pour lancer son 7ème roman en exclusivité mondiale, aux éditions Héloïse d’Ormesson. Cosmofobia est un roman polyphonique, une comédie humaine labyrinthique, bouillonnante et assez engagée, qui nous entraîne dans le Madrid moderne, gangrené par la peur, la phobie de l’Autre et de la différence, où chacun se débat et tente de s’en sortir, entre petits jobs précaires et relation amoureuse incertaine. Des thèmes qui ne manqueront pas de rappeler l’actualité de ce côté-ci de la frontière pyrénéenne… L’auteur était présente, avec son éditrice Héloïse d’Ormession lors d’une rencontre à la librairie Violette and co (photo ci-contre). L’occasion de recueillir quelques mots au sujet de leur collaboration

« Merde à la dictature du Vrai roman » par Guillaume Dustan (extrait de « Nicolas Pages »)

Dans son quatrième roman, « Nicolas Pages », récompensé par le prix de Flore 1999, Guillaume Dustan régle son compte aux préjugés sur l’autofiction. Qualifié par un critique « d’alter Angot », il notait alors : avec Christine Angot, « on ne nous aime pas. Parfois si, mais bon, localement, c’est plutôt la haine et le souhait de mort qui prédominent. Bon pourquoi ? Parce qu’on parle de notre vie, je pense. Si j’écrivais de la fiction, je crois qu’il n’y aurait pas ce truc. Je me révèle ». D’après lui écrire sur soi est en effet la seule façon d’atteindre une véritable profondeur littéraire. Sa thèse, même si elle peut sembler excessive, reste assez cohérente. Les journalistes (et lecteurs) ne posent-ils pas de façon récurrente la question de « la part autobiographique dans le roman » ? Cette recherche de justesse et de sincérité par l’implication personnelle de l’auteur dans ses écrits se retrouvent aussi dans les blogs qui rencontrent un large succès.

Interview d’Arno Bertina – « Anima Motrix » et « Une année en France » / Salon du livre 2007 (3/6)

Suite de notre tour des stands à la rencontre des jeunes auteurs sur le Salon du livre 2007 :
A côté de Joy Sorman, Arno Bertina patiente. Il attend l’arrivée d’Oliver Rohe et François Begaudeau pour la dédicace collective d’Une année en France (Gallimard). Mais devant le jeune romancier s’alignent également des exemplaires d’Anima Motrix (2006, Verticales). Âgé de 32 ans, l’auteur a déjà à son actif sept publications, dont deux ouvrages collectifs, et collabore à des revues comme Inculte (à noter que François Begaudeau et Oliver Rohe, entre autre, y participent également). Pensionnaire à la Villa Médicis (2004-2005) il déclare « on a travaillé comme des fous, c’était génial ». Car, qu’on se le dise Arno Bertina est un acharné du clavier et orfèvre des mots, de la syntaxe et des fugues narratives.

L’entreprise, le travail et les « prometteurs » vus par l’écrivain Yann Moix (extrait n°3 d’Anissa Corto)

Traumatisé par ses études de maths (imposées par ses parents) qui se sont soldées par un échec cuisant puis par des études en école de commerce, Yann Moix ne manque jamais, dans ses divers romans, de tourner en ridicule le monde de l’entreprise, l’absurdité de sa hiérarchie ou de son fonctionnement bureaucratique ou encore le bûcher des vanités du monde médiatique. Pour notre plus grand plaisir ! Voici quelques extraits choisis de ces joutes cyniques, extraites de son troisième roman Anissa Corto où le héros a choisi de se cantonner à un job alimentaire de personnage déguisé (« Donald ») pour le parc d’attraction Disney :

« Avoir trente ans » par Yann Moix (extrait n°2 d’Anissa Corto)

La trentaine marque certainement un cap, la fin d’une ère, l’adieu à sa jeunesse et une certaine angoisse pour les plus nostalgiques qui refusent de grandir : les fameux « adulescents ». La littérature dite « trentenaire » incarne ces paradoxes d’une génération plus « flottante » et indécise que jamais. Dans son troisième sublime roman, Anissa Corto, le portrait terrifiant et fascinant d’un trentenaire prisonnier de son enfance et de ses obsessions d’amour idéal, Yann Moix écrit de très belles lignes sur ce passage à la trentaine qui incarne une nouvelle vision de la vie, du présent, de l’avenir et surtout du passé. Un âge de prise de conscience où les priorités peuvent aussi changer à l’aune d’une jeune expérience et des premières désillusions déjà déterminantes…

Les « mecs », ces rivaux insupportables (extrait d’Anissa Corto de Yann Moix)

Voici un petit extrait tragicomique du superbe troisième roman de Yann Moix, Anissa Corto: le portrait poignant d’un trentenaire victime de ses obsessions amoureuses et du monde de souvenirs et d’illusions dans lequel il s’enferme. Au cours d’un des chapitres laissant libre cours à ses monologues et pensées, il livre sa vision des « mecs » alors qu’il craint qu’Anissa Corto, la femme qu’il convoite en secret, soit pourvue de l’un des représentants de cette « caste » qui lui sont si douloureux. Un moment savoureux d’humour noir et caustique dans ce roman tragique (à noter qu’il reprend cette diatribe dans son 4e roman « Podium ») :

« Choke » de Chuck Palahniuk bientôt sur grand écran…

Le maître des fables acides à l’imagination débridée voire déjantée, verra prochainement le troisième de ses romans -foisonnant- « Choke » adapté sur grand écran, après le magistral Fight Club, en 1999 adapté par David Fincher…

La maison de Claudine de Colette, « Tout est encore devant mes yeux, le jardin aux murs chauds, les dernières cerises sombres pendues à l’arbre… »

« La Maison de Claudine » de Colette, publié en 1922, bien après sa célèbre série dite des « Claudine » qui retraçait ses années d’apprentissage d’écolière puis de femme mariée avant de divorcer, ne constitue donc pas un prolongement de ses précédents romans à succès.

« Nous ne sommes pas les docteurs, nous sommes la maladie », extrait de « Nihil Inc » par Sylvain Courtoux (in « Raison Basse »)

Un extrait de l’excellent recueil collectif « Raison Basse » qui sera présenté très prochainement sur le Buzz littéraire au sujet d’une mystérieuse organisation « Nihil Inc » qui vise à faire « fructifier votre capital-destruction » : « On commence par rêver au surhomme et on finit par étaler sa merde sur les murs de sa chambre ». Prophétique ?

Interview d’Ariel Kenig – « Quitter la France » / Salon du livre 2007 (2/6)

Rendez-vous sur le stand des éditions de Denoël à la rencontre d’Ariel Kenig, un jeune auteur de 23 ans qui a déjà publié les très remarqués « Camping Atlantic » (2005, Denoël) et « La pause » (2006, Denoël). Avec « Quitter la France » (paru le 29 mars), il approfondit encore son travail littéraire sur le thème de l’imbrication du social et de l’intime. Dans ses deux premiers ouvrages, il était question de l’ennui des adolescents, des relations fraternelles, de la révolte de la jeunesse, contre le monde du travail (et notamment du travail en usine), contre un certain formatage de l’identité en raison de ses origines, de son lieu de vie, de son héritage familial. A travers cet essai pamphlétaire virulent, il tente d’analyser ce qu’il reste du sentiment d’être français, « sous le forme d’une lettre de rupture amoureuse à notre pays » et signe du même coup ce qu’il qualifie d’un « acte personnel de désobéissance civile ».

« La douceur » de Christophe Honoré, Les amants (et enfants) criminels

Dans ce deuxième roman, « La douceur » paru en 1999 (après l’Infamille paru en 1997 ), Christophe Honoré revient sur les terres de l’enfance aux portes de l’adolescence à travers notamment la première expérience amoureuse homosexuelle. Expérience absolue et fatale… Christophe Honoré est connu pour évoquer des sujets difficiles qui lui tiennent à cœur: l’enfance et l’adolescence, les liens entre frères, le suicide, l’homosexualité ou encore les secrets de famille. Il est réputé pour ne pas craindre de choquer ou d’explorer de nouvelles voies en littérature.

Interview de Joy Sorman – « Du bruit » / Salon du livre 2007 (1/6)

A l »occasion du salon du livre qui s’est tenu en mars dernier à Paris, le Buzz littéraire est parti à la rencontre de quelques auteurs représentatifs de « la littérature nouvelle génération ». Première à avoir répondu à quelques questions rapides entre deux dédicaces : Joy Sorman dont nous vous présentions deux extraits de son dernier opus « Du bruit » : Une grande brune arrive sur le stand bondé de Gallimard. Casque de moto rouge, manteau avec un col en fourrure et sac noir à paillettes, Joy Sorman entre en scène. Après Boys, Boys Boys, qui a reçu en 2005 le prix de Flore, son dernier roman « Du bruit », nous plonge dans les années NTM…

Buzz littéraire : Comment vous est venue l’idée, l’envie d’écrire sur le groupe de rap NTM ? Y a-t-il une continuité avec votre premier roman, une sorte de tentative de dépeindre une femme autre, nouvelle, dégagée des stéréotypes ?

Joy Sorman : Je m’intéresse beaucoup à l’oralité dans la littérature. Et j’ai voulu creuser cette question grâce à la musique. Et d’autre part, j’aime beaucoup NTM. Est-ce choquant qu’une femme écoute NTM ?! Je ne me sens nullement prisonnière d’une identité féminine stigmatisée. Bien sûr, il est encore plus ou moins question de la virilité féminine. Mais je ne suis pas en lutte contre une image particulière de la femme et la continuité avec « Boys, Boys, Boys » n’était pas recherchée.