Buzz littéraire

Articles de cet auteur

« Le goût des femmes laides » de Richard Millet (extraits choisis)

Publié à la rentrée littéraire 2005 par Richard Millet, par ailleurs membre du comité de lecture de Gallimard et entre autres éditeur des « Bienveillantes », « Le goût des femmes laides », contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, est au contraire un plaidoyer, aux accents misogynes, en faveur de la beauté féminine conformément à tous les diktats en vigueur (jeunisme, poitrine proéminente, douceur et bien sûr minceur parfaite). Il est vrai que « Le goût des femmes belles et jeunes » aurait sans doute été un titre moins percutant et vendeur. Sous couvert d’apitoyer par la soi-disante laideur de son narrateur, le livre est surtout prétexte à présenter ses grandes théories bouffies d’orgueil, de certitudes, de préjugés et de discriminations en pagaille. Conservateur, régionaliste (la Corrèze dont est originaire l’auteur est présenté comme un paradis idyllique à longueur de pages), il cumule ainsi tous les traits détestables de cette France profonde qui regrette sans cesse le temps d’avant où tout était tellement mieux et qui considère la femme avant tout comme un joli objet à regarder (et à sauter quand cela est possible)…

Monsieur Jean tome 1 « L’amour, la concierge » et tome 2 « Les nuits les plus blanches » de Dupuy-Berbérian

Premier album mythique, ce tome 1 des aventures urbaines de Monsieur Jean, consacre la naissance du personnage alors jeune pré-trentenaire (âgé de 28 ans), insouciant et hédoniste à souhait et se laissant porter par son quotidien tranquille émaillé d’anecdotes truculentes. Dans le deuxième tome, Monsieur Jean fête ses 30 ans et nous fait partager quelques dignes variations sur le thème du trentenaire célibataire qui a bien du mal à rompre avec son adolescence et à assumer ses responsabilités… en attendant de rencontrer l’amour.

Les auteurs se présentent : « En route vers le clochard » de Norbert Balcon

Norbert Balcon est un jeune auteur de 28 ans qui publie son premier roman dans une non moins jeune maison d’édition l’Altiplano. Il nous a écrit pour présenter et faire connaître son travail. A noter que cet auteur sera également présent au Salon du livre les 24 et 25 mars. Allez lui rendre une petite visite ! : « Je vais publier au mois de mars mon premier roman, qui s’intitule En route vers le clochard. Ce n’est sans doute pas moi la personne la mieux indiquée pour en parler. Quelques informations techniques simplement : En route vers le clochard est écrit à la première personne. Le narrateur, 25 ans, raconte son hospitalisation dans un service psychiatrique.

La minute presse de Buzz… littéraire (4)

Lorsque l’on s’investit dans un projet et que l’on se donne du mal, il est toujours agréable de recevoir quelques marques de reconnaissance même si on ne sait pas toujours si on les mérite vraiment… Il y a en effet tant de blogs et de sites littéraires de qualité, dans leur diversité et leur personnalité respective. Un grand merci en tout cas au Nouvel Observateur, à France Inter et à Plum’art pour leur attention à l’égard du Buzz littéraire. Cela encourage à aller au bout de ce travail -parfois lourd et douloureux il faut l’avouer-, lancé en mars dernier (eh oui 1 ans déjà !). Souhaitons que cette médiatisation donnera une plus grande visibilité encore aux auteurs présentés en ces lieux… et fera fonctionner le bouche à oreille littéraire !

« L’homme de trente ans » vu par Frédéric Beigbeder (extrait de « L’amour dure trois ans »)

30 ans, un âge charnière qui marque la fin d’une certaine insouciance et l’adieu à la jeunesse… Frédéric Beigbeder l’analyse à sa façon, mi-amer mi-nostalgique….

Régis Jauffret couronné de prix pour Microfictions

Le Grand Prix de l’humour noir a été décerné à Régis Jauffret pour son livre « Microfictions » publié chez Gallimard, le 21 février dernier. Il vient aussi de recevoir le deuxième prix France Culture-Télérama, qui sera remis lors du Salon du livre. Ajout 27/03 : Télérama consacre à son lauréat un riche dossier dont un portrait qui retrace son « œuvre à la narration décapante, à la construction extravagante » qui fait « naître des déflagrations, du brut, de l’authentique ». A propos de son art, l’auteur déclare : « Je ne veux pas faire le trottoir (entendez : écrire des livres insipides) pour que les gens me lisent. Si je devais répondre au besoin du lecteur lambda, j’entrerais alors dans l’industrie éditoriale, je répondrais aux études de marketing. La littérature, c’est tout le contraire. L’art ne va pas vers les gens, c’est à eux de faire le pas vers lui. Pour lire, il faut être volontaire. » Pourtant l’auteur révèle qu’il ne lit plus aujourd’hui que de la philosophie et dénigre les auteurs qui écrivent leur propre souffrance : « C’est indécent. », juge-t-il. (portrait à lire ici)

Lecture et dédicace de Jay McInerney de « La belle vie » à l’Arbre à lettres (vidéo)

Samedi dernier, le romancier Jay McInerney était à la librairie « L’Arbre à lettres » pour une lecture d’un extrait de son dernier roman « La belle vie » et les traditionnelles signatures pour ses lecteurs venus nombreux. Avec sa légendaire décontraction et humour, il s’est prêté de bonne grâce à cet exercice, échangeant avec chacun « few words » en anglais car son français, a t’-il confié, avec malice, n’est pas si bon que celui de son livre… Surprise : l’assistance était majoritairement masculine. Qui a dit que les hommes ne lisaient pas de romans ?! Rencontre sympathique avec ce romancier culte, fidèle à l’image que l’on peut s’en faire : élégant, épicurien et toujours cette petite étincelle de charme séducteur, à la fois désinvolte et malicieuse dans les yeux.

Les 1001 livres que vous devez lire avant de mourir !

Entre l’avalanche des nouveautés, les critiques presse, les prix littéraires et les recommandations diverses et variées, il est toujours difficile de distinguer « le grain de l’ivraie ». Les classements « best-of » (du type Granta…) et anthologies diverses et variées sont dés lors précieux pour aiguiller sur des auteurs ou des œuvres essentiels. Même si un certain recul est toujours nécessaire en fonction de la source ayant établi ledit classement. Un recueil, comme les anglo-saxons en ont le secret, les « 1001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie » pour la traduction française (et moins morbide que l’original, « 1001 Books You Must Read Before You Die ») a été publié récemment. Une large sélection plutôt intéressante pour se repérer, classée chronologiquement par grand siècle (depuis 1700 et même un peu avant jusqu’au XXe siècle). Auteurs majeurs mais pas forcément leurs œuvres les plus essentielles… De quoi encore alourdir un peu votre « PAL » (pile à lire) !

« Jubilations vers le ciel » de Yann Moix, Septième ciel apocalyptique

On pourrait dire qu’avec « Jubilations vers le ciel », paru en 1996 (et vendu depuis à plus de 15 000 exemplaires), le jeune Yann Moix âgé de 29 ans, fait ses premières gammes tel un cheval fou lancé dans la prairie des lettres et des métaphores grandiloquentes ! Il se prépare pour ce qui sera son chef d’oeuvre (Anissa Corto, 1997) et qui clôturera sa triologie sur l’amour fou (et impossible) composé en outre de « Les cimetières sont des champs de fleur » (2000). Une trilogie dont la bande son pourrait être « Love me » de Michel Polnareff, un titre qu’il cite de roman en roman d’ailleurs. Bien que le roman ait obtenu le prix Goncourt du premier roman, ce n’est pas le plus réussi même s’il contient déjà en effet les grands thèmes que l’auteur développera et affinera par la suite : la cristallisation amoureuse, les sentiments extrêmes ou encore l’idéalisation de l’enfance. Son style émotif à la sensibilité fiévreuse et précieuse, où l’audace et les références littéraires abondent, attire les connaisseurs et s’impose. Il obtiendra également la bourse Lagardère (Fondation Hachette) qui lui permettra d’écrire son deuxième « Les cimetières sont des champs de fleurs » :

« La belle vie » de Jay McInerney : Les golden boys de « Trente ans et des poussières » à l’épreuve de la vie post 11 septembre et de la quarantaine…

« La belle vie » de Jay McInerney marque le retour de l’oiseau de nuit de Manhattan, à 52 ans, écrivain star de la jeunesse dorée et branchée des années 80, adepte des nuits blanches sulfureuses dopées à la coke aux côtés de son ami Bret Easton Ellis (qui n’a pourtant pas été tendre avec lui dans son Lunar Park où il apparaît sous le pseudo de « Jayster », son alter-ego diabolique !). Ce nouveau et septième roman rompt avec son registre habituel. Présenté comme la suite de son roman « Trente ans et des poussières », l’insouciance hédoniste et les futilités snobs de ses personnages font ici place à un ton plus grave et émouvant, face à la tragédie du 11 septembre.

« L’infamille » de Christophe Honoré : Le roman noir et vénéneux de la famille

« L’infamille » de Christophe Honoré, un néologisme qui résume parfaitement à lui-seul la dislocation de cette famille que nous présente l’auteur dans son premier roman difficile, paru en 1997, à l’âge de 27 ans aux éditions Verticales. Une famille qui n’en a que le titre, gonflée de non-dits, d’un malaise étouffant et malsain qui a sali ses enfants et gâché leur vie. Une anti-famille dans laquelle il est bien difficile de trouver sa place et de grandir sereinement. Le romancier livre ici une réflexion âpre et sans concession sur « l’esprit de famille », l’ambivalence des liens de sang et de « l’appartenance familiale »… Avec en filigrane cette question insoluble : Peut-on guérir de sa famille ? (visuel d’illustration à gauche : les deux frères -Louis Garrel et Romain Duris- héros du film « Dans Paris », réalisé par Christophe Honoré en 2006)

Les auteurs se présentent : « J’te plaque, ma sclérose » d’Arnaud Gautelier

Arnaud Gautelier nous a écrit pour vous présenter son « témoignage coloré sur une maladie sombre ». Il vient de nous prévenir que samedi 17 mars (demain) à l’occasion de la journée nationale sur les maladies du cerveau, son livre sera présenté au JT de TF1 (Claire Chazal) : « Bonjour, je me présente : Arnaud Gautelier, 30 ans, je suis atteint d’une Sclérose en Plaques depuis 8 ans. Mon principal métier est Directeur Artistique (10 ans en agence de pub). Je vis presque normalement, j’ai une femme et petite fille de 15 mois. J’aimerais vous faire connaître un livre dont je suis l’auteur. « J’te plaque, ma sclérose », aux éditions Philippe Rey. C’est mon premier ouvrage.

« Asiles de fous » de Régis Jauffret en poche : Toutes les familles sont psychotiques

Prix Femina 2005, le roman « Asile de fous » de Régis Jauffret vient de sortir en poche aux éditions Folio. L’occasion de se (re)plonger dans cette histoire de rupture de trentenaires qui oscille entre l’hystérie et le désespoir fou d’une femme lâchement abandonnée par son compagnon, confrontée brutalement à une solitude insupportable. De ce point de départ dramatique, Régis Jauffret, en roi du trompe-l’oeil, basculera soudainement, contre toute attente, dans la farce noire et satirique avec l’arrivée du beau père puis de son épouse qui porteront à leur paroxysme ce cirque du malheur et de la lâcheté ordinaires, en s’abritant derrière un réquisitoire sans pitié et injuste contre leur ex belle-fille. Douglas Coupland disait « toutes les familles sont psychotiques », Jauffret déclare qu’elles sont des « asiles de fous »… Une attaque au vitriol contre la famille d’aujourd’hui, berceau des névroses quotidiennes…

Nouveautés livres mars 2007 : Joy Sorman s’attaque à NTM et Ariel Kenig s’engage…

Parmi les sorties livres de mars, deux nouveautés assez inattendues sont à signaler au rayon « littérature nouvelle génération » : Le deuxième et nouvel opus de Joy Sorman, le prix de Flore 2005 pour son roman féministe « Boys, boys, boys » qui nous revient avec un hommage… au groupe NTM tandis qu’Ariel Kenig qui vient tout juste de sortir « La pause », ne chome pas et publie « le manifeste d’une jeunesse indignée mais volontaire »…

Les auteurs se présentent : « Eden-sur-Seine » d’Olivier Berthelot

Olivier Berthelot auteur d’un premier roman dans la veine des « politique fictions » très en vogue actuellement, aux éditions Punctum, nous a écrit pour se présenter à vous : « Bonjour, jeune auteur (au sens du buzz, Eden-sur-Seine est un premier roman), je vous invite à découvrir ce qu’un blog (100di) a qualifié d’« O.L.N.I. », (Objet Littéraire Non Identifié). Qu’en est-il exactement ? On peut avoir différentes lectures de ce roman que je pourrai qualifier de « roman d’amour, politique, féministe et pornographique ».

Rencontre avec Anna Rozen (« Vieilles peaux ») et son éditeur Dominique Gaultier fondateur des éditions Le Dilettante (vidéos)

A l’occasion de la sortie de « Vieilles peaux« , le nouveau recueil de nouvelles d’Anna Rozen, le Buzz littéraire est parti à la rencontre de la romancière et de son éditeur Dominique Gaultier, fondateur des éditions Le Dilettante, une maison d’édition indépendante particulièrement novatrice, qualifiée de « laboratoire de la nouvelle littérature française » par la presse (qui abrite notamment Anna Gavalda et qui a entre autres découvert Vincent Ravalec, Olivier Adam, Eric Holder ou encore Serge Joncour…), ayant fêté ses 20 ans en 2004.

« Elles » de Frédéric Boilet : L’homme qui aimait (et dessinait !) les femmes

Frédéric Boilet, dessinateur français exilé au Japon depuis est l’un des rares passeurs entre les deux cultures d’Orient et d’Occident. On lui doit en France la découverte de mangakas tels que Taniguchi, Tsuge ou Takahama. Il est aussi l’un des rares français à pouvoir prétendre au titre de mangaka et à avoir exploré parmi les premiers les contre-allées de l’autobiographie. Pionnier du travail sur l’intime, il poursuit son oeuvre libre-libertine, ludique et légère, dans laquelle sa quête de l’éternel féminin reste primordiale. Dans un « manifeste de la Nouvelle Manga » il insistait d’ailleurs sur le féminin de « la » manga qui pour lui est la véritable traduction, par opposition « au » manga, terme masculin qui évoque chez nous des BD violentes ou pornographiques pour adolescents. Dans « L’apprenti japonais » (titre de l’un de ses célèbres albums où il retraçait 12 années de sa vie au Japon) il affirmait déjà : « Les Japonaises sont formidables et si ça ne tenait qu’à moi, je ne parlerais que d’elles dans ces chroniques». C’est chose faite avec « Elles « , un recueil de nouvelles graphiques inédites, réalisées entre 1997 et 2003. Après « Love Hotel » ou « 36 15 Alexia » qui effeuillaient déjà les « Geishas » modernes, il décrit en neuf histoires, neuf rencontres avec autant de jeunes japonaises modernes, timides, taquines ou impétueuses…, prétextes à une série de variations sur la féminité japonaise et les rencontres amoureuses à Tokyo.

« Vieilles peaux » d’Anna Rozen : Arsenic et vieilles dentelles…

Anna Rozen, l’auteur sensuelle et épicurienne de « Plaisir d’offrir, joie de recevoir » ou encore de « Méfie-toi des fruits », aurait-elle peur de vieillir et du spectre de la mort ? Ce nouvel opus, composé de trois amples nouvelles, pourrait bien lui servir à exorciser ses angoisses. Quoi de mieux en effet que de se projeter, avec l’ironie malicieuse dont elle a le secret, pour éradiquer ! La romancière âgée de 47 ans explore ici à sa manière l’archétype de « la femme mûre » sautillante, égocentrique, anxieuse ou résignée et termine sur un exercice de style non sans rappeler le récent Microfictions de Régis Jauffret. Des variations inégales mais savoureuses qui ne manquent pas de mordant !

Les racines du mal de Maurice G. Dantec, Théorie du chaos et de la prédation humaine

Publié en 1995, grand prix de l’imaginaire et prix Rosny Aîné en 1996, ce roman culte (écoulé à 60 000 exemplaires à l’époque ) a révélé Maurice G. Dantec à un large public, après le succès de son premier ouvrage « La sirène rouge » (la cavale infernale d’une gamine au cœur de l’Europe gangrenée) qui le consacre « prince », « chef de file de l’école du néopolar », « messie du cyberpolar français » ou encore du « polar d’anticipation », « neuropolar » ou « polar technoïde »… Les étiquettes ne manquent pas ! Un roman d’avant sa reconversion au catholicisme, son combat chrétien, sioniste, pro-américain, anti-laïque, fasciste et « contre-révolutionnaire militant »… Déchaînant (déjà !) les passions, ce livre encore qualifié de « black book neuromatriciel » se distingue notamment par la combinaison des genres qu’il réussit à opérer en particulier celui du roman noir policier et de la science-fiction (prospection scientifique), tout en les dynamitant par une myriade de considérations politiques, métaphysiques ou encore philosophiques… Ce qui lui confère des allures de roman à thèse. Foisonnant donc, imaginatif sans aucun doute, haletant parfois mais surtout inégal voir bancal, « Les racines du mal » tente comme leur titre l’indique de remonter à l’origine de la violence et des crimes humains, dans ses tréfonds les plus obscurs et d’en comprendre les mécanismes. Un pari ambitieux qui ne tient hélas pas toutes ses promesses…

Les auteurs se présentent : « Pomme Q » d’Emilie Stone

Emilie Stone, auteur d’un premier roman, Pomme Q, paru en cette rentrée littéraire de janvier aux éditions Michalon, nous présente la genèse et l’histoire de son étonnant autoportrait ou autobiographie… d’un ordinateur (Mac donc), à travers son journal intime ! « Une farce originale, drôle et enlevée » selon le blog Lignes de fuite et « un livre qui se veut un manifeste contre la génération du tout numérique » pour Culture Café. Laissons la parole à l’auteur : « La grande différence entre la vie et celle de tous nos ancêtres, c’est l’ordinateur et la place qu’il est entrain de prendre dans notre vie. Cette machine est en train de tout bouleverser : notre façon de nous informer, de travailler et d’entretenir les liens entre humains. Et nous dans tous ça, évoluons-nous vraiment ? Quelle forme nos vies prennent-elles depuis que les écrans sont omniprésents ?