Buzz littéraire

Articles de cet auteur

« Le sens du combat » de Michel Houellebecq : Expansion du vide intérieur… et hyper-réalité entre ciel et sang

« Le sens du combat » de Michel Houellebecq, constitue son troisième recueil de poèmes en vers et en prose, composé en 1996 et récompensé par le Prix de Flore. Il déploie dans une soixantaine de textes répartis en 4 grandes parties, toutes les obsessions de l’auteur développées dans ses romans, en particulier Extension du domaine de la lutte en 1994 puis dans Les particules élémentaires en 1998. Sa lecture est oppressante, âpre, douloureuse et fascinante à la fois.

Thornytorinx de Camille de Peretti : Peut-on vivre avec l’anorexie ?

Publié en octobre 2004, Thornytorinx est le premier roman de Camille de Peretti, écrit à l’âge de 24 ans, alors jeune diplômée de Khâgnes puis de l’ESSEC, se destinant à une carrière dans la finance avant de tenter l’actorat. Ce titre percutant est un néologisme et désigne une « série d’organes du système digestif qui se coordonnent pour concourir à un résultat pathologique » selon l’explication de l’auteur.

Le journalisme est mort, vive le journalisme !

Arrivée à la fin l’émission Arrêt sur image sur France 5 hier midi, je n’ai pu intercepter que la fin du débat intitulé « Primaire PS : nouvelle donne médiatique ? ». Débat qui ne m’intéressait pas spécialement mais les propos de Paul Nahon, directeur de l’information de France 3 en réponse à la question de Schneidermann sur les mutations du travail de journaliste face à la multiplication des documents amateurs diffusés sur Internet (en particulier les vidéos postées sur Dailymotion ou Youtube et reprises en podcast sur les blogs…) m’ont particulièrement surprise et interpellée. Ils font écho, dans une moindre mesure, aux thèses développées dans « Bandes alternées par Philippe Vasset« , présenté précédemment…

« Bandes alternées » de Philippe Vasset, La société du spectacle « home-made »

Dans ce troisième et dernier roman, paru en 2006, qui vient clôturer sa fresque sur les relations entre création artistique et machines (débutée avec Exemplaire de démonstration et Carte muette), Philippe Vasset s’intéresse à un débat d’actualité sensible, à l’heure des staracs et du boom de l’auto-production ou auto-édition facilitées par Internet et la numérisation : « Un artiste, ne demandant qu’à être réveillé, sommeille-t-il en nous tous ? » En d’autres termes : Tout le monde peut-il être artiste ?, Y a-t-il un art officiel et des arts officieux ? Autant de questions soulevées dans ce petit opus, encore une fois assez surprenant, teinté d’une ironie cruelle envers les productions formatées mais aussi la prolifération d’aspirations artistiques indépendantes…

Virée au salon du premier roman de Draveil et remise du prix du 1e roman

Les prix récompensant les premiers romans sont nombreux comme nous l’évoquions récemment. A Draveil (Essonne), les 18 et 19 novembre derniers, on célébrait aussi ces primo-romanciers à l’occasion de la 5ème édition du Salon du Premier Roman. A l’honneur les romanciers qui accèdent pour la première fois à la publication, tous styles et âges confondus. 55 écrivains étaient réunis au théâtre Cardwell de cette ville de banlieue parisienne. Anne-Laure Bovéron, journaliste littéraire pour le magazine Muze et nouvelle collaboratrice du Buzz littéraire, s’est glissée parmi l’assemblée et nous livre son petit compte-rendu de cet évènement un peu à part :

Coup de coeur lectrice : « Veiller tard » de Véronique Beraud de Calignon

Anne-Laure Bovéron, critique littéraire pour le magazine Muze, a choisi de partager son coup de coeur pour ce premier roman écrit à l’âge de 17 ans, un hymne à la vie tumultueux, d’une grande humanité, d’une profondeur et d’une sensibilité sincère. Dix ans plus tard, elle le publie enfin, poussée par ses amis. Dix ans, et pas une ride ! La qualité du texte et la justesse des sentiments n’ont pas vieilli, ni perdu de leurs superbes et de leurs vérités. Un livre intimiste, pudique, contemporain, pur et violent. Tant au point de vue des expériences, des rencontres, des obstacles que de la réalité de la vie qu’il dépeint. Des émotions vraies, cruellement palpable, vécues que connaissent ceux qui franchissent avec fracas la frontière invisible entre l’’adolescence et l’’âge adulte. La finesse des caractères des protagonistes, la splendeur simple des paysages marins, des scènes urbaines et du quotidien embellissent ce récit envoûtant. L’’écrivain, lectrice insatiable, a su nourrir son roman de la beauté indicible des sentiments. Les romans sur le passage des âges, de l’’enfance à l’’adolescence, de l’’adolescence à l’’âge adulte, ne manquent pas. Mais celui-ci se démarque. Singularité et puissance des mots. Un auteur à suivre donc. En attendant, vive nos nuits trop claires pour ne plus lâcher ces lignes !

Internet affirme sa place de découverte et de vente de livres… et préfigure de nouvelles formes de lecture

Selon un récent sondage un sondage CSA/la Web Radio du Livre sur radiofrance.fr, 19% des internautes achètent au moins un livre par an sur Internet.

Les malveillantes de Paul-Eric Blanrue : Les bienveillantes de Jonathan Littell, une imposture littéraire ?

Le phénomène des Bienveillantes de Jonathan Littell, Goncourt et Grand prix du roman de l’Académie française 2006, continue d’enfler (et de déchaîner les passions) au point de ressembler étrangement à un certain Da Vinci Code… Comme lui, il a désormais ses ouvrages polémiques dédiés (qui au passage comptent bien surfer sur le succès de celui qu’il dénonce). Paul-Eric Blanrue ouvre le bal avec « Les malveillantes », une enquête visant à démontrer que Jonathan Littell est un imposteur. Écrit en trois semaines grâce à un réseau d’informateurs écrivains, journalistes, éditeurs, et historiens, il annoncerait quelques révélations qui intéresseront les amateurs du genre et laisseront indifférents les vrais lecteurs…

« Borderline » de Marie-Sissi Labrèche : entre Virginie Despentes et Chloé Delaume côté Québec

C’est avec « Borderline » que Marie-Sissi Labrèche (journaliste en presse féminine par ailleurs) fut remarquée en 2000. Après ce premier roman, écrit en parallèle d’une thérapie psycho-analytique, elle a ensuite enchaîné avec un deuxième (« La brèche ») qui ont tous deux été portés à l’écran début 2008 (en fusionnant leur histoire) avec entre autres Jean-Hugues Anglade au casting. Le film est sorti uniquement outre Atlantique hélas. L’auteur fait partie de ses représentants (aux côtés de Nelly Arcan, Andrée Laberge et Pauline Gélinas), ayant bénéficié d’un bon bouche à oreille dans les années 2000. Clairement assimilée au courant de l’autofiction, la jeune-femme livre un récit touchant et plutôt fascinant dans sa manière d’exorciser ses névroses et de raconter le matriarcat étouffant de son enfance…

« Exemplaire de démonstration » de Philippe Vasset, le Orwell moderne du roman d’anticipation culturelle

Quel est l’avenir de la création littéraire dans un monde où le marché fait sa loi ? Peut-on cartographier Internet ou encore tout à chacun peut-il se proclamer « artiste » dans un monde où la création est désormais à portée de clic ? Autant de questions passionnantes auxquelles Philippe Vasset tente de répondre depuis 2003 avec son premier roman intitulé « Exemplaire de démonstration », premier tome d’une trilogie (suivie de « Carte muette » et « Bandes alternées ») qui analyse les rapports entre la création artistique et « les machines ». Très discret, ce trentenaire atypique, rédacteur en chef du magazine Africa, spécialiste du renseignement industriel et politique, a révélé au fil de ses trois livres, une réflexion des plus originales sur les enjeux culturels actuels et plus précisément sur l’avenir de la littérature. Sorte d’Orwell moderne, il met à jour les nouvelles régles du jeu à l’heure d’Internet, des logiciels, de la virtualisation et de la démocratisation des moyens de création. Cela fait froid dans le dos… Et appelle à réfléchir sur les mutations en cours de « l’acte de création »… Des romans en forme d’essai, courts mais denses et surtout passionnants, désormais disponibles en poche !

« Jouer juste » de François Bégaudeau : Aimer comme un match de foot

« Jouer juste » premier roman de François Bégaudeau, « écrivain-ex-joueur de foot-prof et accessoirement chroniqueur ciné »…, couronné de toute part en 2005 pour son roman « Entre les murs », pourrait vous rebuter si vous êtes allergique au ballond rond et à toutes les grands messes/exhaltations qu’il engendre. On pourrait alors vous dire que ce roman vous réconcilliera avec les hommes montés sur crampons…

La voyeuse interdite de Nina Bouraoui : Les évasions barbares du corps étouffé

La voyeuse interdite, premier roman de Nina Bouraoui, écrit à l’âge de 24 ans (prix du livre Inter 1991) entre directement par la grande porte dans la catégorie « Chef d’oeuvre ». Si la loghorrée cathartique de « Mes mauvaises pensées » (prix Renaudot 2005), son dernier roman, vous a dérouté (voire dégouté), découvrez ce premier petit bijou qui vous réconciliera avec l’auteur. Puisée au plus profond de ses origines algériennes, cette tragédie en quatre actes dénonce l’horreur de la condition féminine au Maghreb au nom de la pesante « tradition »

« Les particules élémentaires » de Michel Houellebecq: la lecture politique et sociologique (suite)

Suite de la critique du roman « Les particules élémentaires » : la lecture politique et sociologique

Léonora Miano, Goncourt du lycéen pour « Contours du jour qui vient »

Une bonne nouvelle ! La romancière camerounaise Léonora Miano s’est vu décerné, lundi 13 novembre, le 19e prix Goncourt des lycéens pour son deuxième livre, « Contours du jour qui vient », édité chez Plon et qui figurait dans la première sélection du Goncourt. Je vous avais présenté cette romancière à l’occasion d’une soirée littéraire au Thé des écrivains. Sa très forte personnalité et son esprit aiguisé m’avaient particulièrement marquée. Un livre à la fois touchant et violent à découvrir assurément !

De « Superstars » à « Héroïne » d’Ann Scott : Passion sulfureuse et destructrice entre filles de la génération techno…

Avec la sortie de son deuxième roman Superstars, Ann Scott, ex-musicienne et mannequin devenue écrivain,proche de Virginie Despentes et de Patrick Eudeline, est sacrée auteur culte en 2000, à l’âge de 35 ans, après un 1e opus « Asphyxie ». Ce roman (étiqueté « pop » et « générationnel ») dense, moite, sensuel doux et violent à la fois est empli de la sueur des dance-floors, de ses effluves hallucinogènes, des bits hypnotiques de la musique électro-techno des années 80-90 (chère à la célèbre DJ Sextoy décédée en 2002, amie de l’auteur ayant inspiré le roman) mais aussi des larmes des héroïnes… C’est aussi et surtout une palpitante histoire d’amour passionnée, une histoire de dépendance, de jalousie amoureuse dans « le milieu des filles »…

« Trapéziste » de Tristane Banon : Les malheurs de Flore au pays des V.I.P

Deuxième roman (après « J’ai oublié de la tuer » en 2004, un succès d’édition vendu à plus de 10 000 exemplaires) de la jeune romancière Tristane Banon âgée de 27 ans, « Trapéziste » nous entraîne dans la vie d’une jeune parisienne, savant mélange de Bridget Jones et Cosette, victime du miroir aux alouettes des célébrités de Saint Germain des prés et de ses hommes prédateurs… Un roman, d’actualité au lendemain de la remise du prix de Flore 2006Très autobiographique, il revêt des accents de règlement de compte : la revanche d’une blonde ?

Un nouveau prix pour honorer le pamphlet

Saison oblige, continuons sur la voie des prix littéraires (n’oubliez pas de voter !), avec la création d’un prix du Pamphlet qui sera décerné le 15 novembre prochain, en présence des membres du jury, avec Zoé Félix, Jennifer Flay, Nathalie Heinich, Xavier Leherpeur, Michael Lonsdale, et Rudy Ricciotti.

Prix du style 2006 : And the winner is…

Né sous le label littéraire Plume et plomb, le prix du Style a vocation à distinguer pour sa qualité stylistique un livre écrit par un auteur vivant et francophone paru dans l’année écoulée. A l’origine de cette initiative originale, Antoine Buéno a d’abord souhaité pallier un manque : aucun autre Prix ne récompense explicitement la qualité artistique d’une œuvre. Son essence même. Il a été remis pour la première fois le 23 novembre 2005 à Stéphane Audeguy. Le Prix du Style 2006 est parrainé et doté par le Cercle mbc. Il a été remis le mercredi 8 novembre au Fouquet’s (avenue des Champs-Elysées à Paris).

Prix de Flore 2006 : And the winner is…

Les premières sélections du prix de Flore 2006, créé par Frédéric Beigbeder en 1994, dont les critères sont l’originalité, la modernité et la jeunesse, ont été communiquées. (mise à jour : 10/11/2006)
Le Flore se distingue en mélangeant noms médiatiques et romans moins connus.
Pour la seconde année consécutive, c’est une lauréate (après Joy Sorman) qui semble bien peu correspondre aux critères ci-dessus énoncés… Coup de fatigue des jurés ?

« Nous sommes cruels » de Camille de Peretti, Manipulations amoureuses plus Lolita Pille que Laclos…

Vous devriez entendre beaucoup parler de cette jeune auteure de 26 ans (née en 1980) qui a déjà fait couler beaucoup d’encre pour son premier roman Thornytorinx (récemment ré-édité en poche chez Pocket et prix du premier roman de Chambéry 2005) où elle décrivait l’horreur de la boulimie dont elle a souffert. Avec son deuxième roman, elle s’affranchit de l’autobiographie pure (même si elle s’inspire tout de même de sa propre adolescence) et revisite « Les liaisons dangereuses » de Laclos pour livrer un récit épistolaire moderne (à base d’e-mails et de textos) où une jeunesse dorée, orgueilleuse et cynique, fascinée par les libertins du XVIIIe, rejouera, à sa façon, les défis romantiques et cruels de Madame de Merteuil et de Valmont.