Honte : Sentiment pénible provoqué par une faute commise, par une humiliation, par la crainte du déshonneur… Telle est la définition académique du petit Larousse.
Dans son essai « Le livre des hontes », Jean-Pierre Martin nous en donne une vision autrement plus intéressante en la présentant comme la matière première, « le ferment » le plus puissant de la littérature. « Cet affect majeur et singulier, dit-il serait le moteur absolu des romans ». Il le démontre fort bien en arpentant les plus grands textes de la littérature : de Rousseau en passant par Hawthorne, Dostoïevski, Bernanos ou Genet jusqu’aux contemporains (A. Ernaux, M. Ndiaye, M. del Castillo…). « La honte d’être un homme, y’a t’il une meilleure raison d’écrire ? » disait même Deleuze tandis que Cioran affirmait (dans « De l’inconvénient d’être né ») : « On ne devrait écrire des livres que pour y dire des choses qu’on n’oserait confier à personne. » Par une curieuse coincidence, sort au même moment un autre ouvrage intitulé « Hontes » de Robin Robertson, qui recense les hontes des grands auteurs anglo-américains actuels (de Rick Moody à Chuck Palahniuk en passant par Jonathan Coe…).
Pourquoi « la honte » nous passionne-t-elle autant ? Est-elle vraiment l’essence même de la littérature ? Piquée au vif, j’ai eu envie d’y réfléchir… Le rouge aux joues…
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