Buzz littéraire

Articles de cet auteur

« La clef, la confession impudique » de Tanizaki

« La clef, la confession impudique » de Tanizaki fait écho au roman de son confrère Kawabata (« Les Belles endormies »), tous deux maîtres de la littérature japonaise des années 30-40. Tous deux ont placé la femme et les arcanes (sombres) de la séduction au cœur de leur œuvre. La femme tentatrice, manipulatrice ou innocente, suscitant un désir obscur et parallèlement le spectre de la vieillesse, de la mort. Dans cette œuvre majeure d’après guerre, « La clef, La confession impudique » (écrit en 1956 à la fin de sa vie), cette sensualité puissante de la femme s’exerce de façon inconsciente…

Basketball Diaries de Jim Carroll: « J’ai toujours senti qu’il était possible de trouver de la pureté au coeur de la pire dégradation, une sorte de lumière »

Basketball Diaries est le journal de l’adolescence « sauvage » de Jim Carroll, devenu livre culte de la scène New-Yorkaise underground des années 70 et adapté sur grand écran avec dans le rôle titre un jeune Leonardo DiCaprio écorché vif dont la performance a largement été saluée. A la fin des années 90 alors que se multipliaient les « school shootings » (Heath High School en 1997 et Columbine en 1999), l’auteur a été pris dans une effroyable polémique le rendant responsable, au motif qu’un des auteurs de ces tueries aurait cité son adaptation ciné comme une de ses inspirations (plus d’infos ci-dessous). Héritier de la Beat generation, en particulier Ginsberg, ce fils d’une famille catholique irlandaise, décédé en 2009 à 60 ans, navigua entre la scène pop art (la factory d’Andy Warhol) et rock (the Velvet Ground), avant de fonder le Jim Carroll Band en 1978 en Californie). Dans les années 70, il fait partie des jeunes talents prometteurs aux côtés de ses acolythes, Patti Smith (avec qui il co-écrit les poèmes en prose de « The Book of Nods ») et Sam Shepard.

Un pur moment de rock’n roll de Vincent Ravalec : Nouvelles de zonards à la Hubert Selby, version titi parisien

Premier recueil de nouvelles de Vincent Ravalec, Un pur moment de rock’n roll, paru en 1992 est un concentré d’humanité à la fois fragile et pittoresque, émouvante et pathétique : celle des cancres, des zonards, voyous, taulards junkies ou des « petites putes »… Un microcosme interlope dans lequel il a toujours évolué, lui le banlieusard de Clamart qui a échoué à son CAP menuiserie ! « Ce milieu, j’évolue dedans depuis mon adolescence. Les héros de mes bouquins ce sont mes potes, ceux avec lesquels je vis tous les jours. », dit-il. Dans le genre qu’il maîtrise à la perfection (la nouvelle) et qui se prête le mieux à sa langue orale, nerveuse et vivace, il brosse leurs portraits avec humour et tendresse, évitant tout cynisme ou sordide et dépeint des situations toutes plus cocasses les unes que les autres… Un film (resté assez inaperçu), adapté de ce recueil (et de « Les Clefs du bonheur ») a même été réalisé par Manuel Boursinhac (avec Vincent Elbaz et Samy Naceri).

Moins que zéro de Bret Easton Ellis : Desesperados de luxe à L.A

C’est après Moins que zéro de Bret Easton Ellis, son premier roman et premier coup d’éclat en 1985, qui contient en germe toute la fureur et la folie à venir… que l’auteur écrira en écho « Vous qui entrez laissez toute espérance », la première phrase d’American Psycho, 6 ans plus tard. Une phrase qui répond directement au « Disparaître ici » que le narrateur et (anti) héros du roman, Clay, ne cesse d’entrevoir sur les immenses panneaux publicitaires qu’il croise sur les routes de LA. Le livre a connu un immense succès (il s’en vend 50 000 exemplaires la première année) et propulse son auteur, alors âgé de 21 ans, vers la gloire en parallèle de son « jumeau toxique » Jay Mc Inerney qui venait de publier « Bright lights, Big city » (« Journal d’un oiseau de nuit » en VF), une autre vision de la jeunesse et de la drogue sur la cote Est américaine.

Le bûcher des vanités de Tom Wolfe, Guerre d’egos sur fond de conflit politico-racial

Pavé culte, Le bûcher des vanités de Tom Wolfe reste l’oeuvre phare (et le premier roman) du dandy terrible des lettre américaines. Publié en 1987 et écrit en plein Reaganisme (à l’âge de 57 ans), ce best-seller mondial, porté a l’écran par Brian De Palma (affiche ci-contre), est un portrait en coupe sans complaisance d’une société américaine aveuglée par son matérialisme et sa soif de pouvoir, à travers la chute inexorable d’un golden-boy en pleine gloire.

Fight Club de Chuck Palahniuk : guérilla de cols blancs anti-yuppie, anti-capitaliste, anti-ikea…

Le film choc « Fight Club adapté du livre de Chuck Palahniuk publié en 1996 (d’abord sous forme de nouvelle, le chapitre 6, à l’âge de 34 ans), puis adapté en 1999 par David Fincher, est devenu culte pour un certain nombre de spectateurs/lecteurs de la génération X ou Y. Le livre qui l’a inspiré très fidèlement reste pourtant moins connu. Son auteur, américain (prononcez son nom « paul-ah-nik »), invente ici un nouveau genre à mi chemin entre la science fiction, la fable philosophique, la farce délirante, le roman noir et l’anticipation sociale. Mais aussi roman d’amour, de fraternité, d’apprentissage… D’une richesse et d’une inventivité hors norme, il donne à voir les impasses de nos sociétés occidentales en imaginant les conséquences extrêmes du « système ».

Les femmes écrivent plus mais sont moins visibles dans les médias

Dans la lignée des études publiées précédemment sur la sous-représentativité des femmes de façon générale (des manuels scolaires aux médias), une nouvelle étude vient de paraître en Australie mettant en évidence à nouveau l’écart entre la forte production littéraire des femmes et leur faible écho dans la presse, comparé à leurs confrères masculins:

Les lectures exigeantes améliorent la mémorisation et l’expression

Une récente étude sur les lectures d’étudiants a révélé que la lecture d’œuvres littéraires ou scientifiques exigeantes favorise à la fois la mémorisation et une meilleure expression écrite.

La série des Rougon-Macquart d’Emile Zola : présentation et résumés

Composé par Zola entre 1870 et 1893, le cycle des Rougon Macquart, est constitué de 20 volumes publiés au rythme d’un rythme par an environ. Zola s’est inspiré de la Comédie humaine  de Balzac, entreprise dés 1842, vaste fresque romanesque qui rassemble des personnages appartenant aux milieux les plus divers de la société du 1e …

Lire la suite

Le ventre de l’Atlantique de Fatou Diome: Contes africains de l’immigrant en terre hostile sur fond de ballon rond

Le ventre de l’Atlantique est le 2e ouvrage de la franco-sénégalaise Fatou Diome publié en 2003 à l’âge de 35 ans, après un premier recueil de nouvelles « La Préférence national » (2001). Il lui vaut une large reconnaissance critique et un succès international qui la fait compter aujourd’hui parmi les écrivains francophones (étiquette qu’elle rejette toutefois) majeures.
D’inspiration autobiographique comme son premier opus, l’auteur qui dit partir de ses expériences et de sa révolte intérieur » pour écrire…

15% des collégiens en difficulté devant un texte complexe

La dernière enquête Cedre* du ministère de l’Education nationale a évalué les « compétences langagières et de littératie » d’élèves de classe de troisième au collège. Les résultats démontrent qu’une large majorité des élèves s’en tirent bien, même si certains éprouvent des difficultés bloquantes de compréhension. Pour la première fois, l’étude a examiné le processus de lecture des élèves:

Chéri de Colette: « Elle battit des paupières, éblouie par l’approche du visage éclatant qui descendait sur elle… »

Avec Chéri, Colette écrit l’un de ses peut-être plus célèbres et sulfureux romans en 1912 (publié en 1920) alors qu’elle traverse la quarantaine, et vivra elle-même une liaison avec son jeune beau-fils Bertrand de Jouvenel. Chéri est un violent drame en trois actes sur le désir et la cruauté de la séduction mais aussi et surtout la difficulté de renoncer à séduire, à voir sa beauté se faner en particulier lorsque l’on est femme (double critère/double standard oblige !).

Crime et châtiment de Dostoïevski: « La pensée que le juge le croyait innocent l’effrayait »

Crime et châtiment de Dostoïevski (Prestouplénié i nakazanié en russe) est son 23e récit, datant de 1866. C’est une longue fresque romanesque de plus de 900 pages, en 2 volumes, 6 parties et un épilogue. A l’origine l’écrivain également journaliste avait pour intention de traiter deux grands thèmes : les méfaits de l’alcool et la misère qu’il engendre et d’autre part la confession d’un criminel. Sa publication ayant été proposée à une revue, Dostoiëvski souhaitait en effet l’inscrire dans l’actualité et dans son époque…

Mrs Dalloway de Virginia Woolf : « Telles sont les visions qui, sans trêve, flottent à la surface de la réalité… » (1/2)

Mrs Dalloway de Virginia Woolf est une oeuvre moderne (courant des modernistes du début du XXe siècle). Et aujourd’hui encore, elle apparaît infiniment « moderne », libre et créative. A travers sa vie (de lectrice, d’éditrice passionnée) et surtout son œuvre, Woolf n’a eu de cesse d’explorer, fouiller de nouvelles approches d’écriture, de sensations littéraires, au croisement de la peinture (impressionniste en particulier) et de la psychanalyse. C’est toute cette recherche et cette réflexion qui sont mises à l’œuvre, avec virtuosité, dans Mrs Dalloway, son roman emblématique. Entrepris à l’automne de l’année 20, sa structure sur une journée est inspirée de celle d’Ulysse de Joyce, qui a aussi fortement marqué l’auteur qui a hésité à l’éditer.

« Tout est illuminé » de Jonathan Safran Foer : « Les juifs ont six sens : toucher, vue, goût, odorat, ouïe… mémoire. »

Estampillé « prodige des lettres américaines » dés la sortie de son premier roman « Tout est illuminé » en 2002, adapté au cinéma par Liev Schreiber (réputation confirmée voire accrue avec la publication de son 2e roman « Extrêmement fort et incroyablement près » en 2005), ce diplômé de Princeton ayant eu notamment pour professeur de creative writing, la romancière Joyce Carol Oates, mariée à l’écrivain Nicole Krauss, marque l’apparition d’une nouvelle génération littéraire américaine. Une écriture inventive, hybride et innovante (aux côtés notamment de Dave Eggers…). L’auteur juif new-yorkais, de Brooklyn (non loin de chez Mister Auster !), explore dans son œuvre romanesque son identité juive et ses racines, sur fond de drame de la Shoah, sous la forme de quêtes initiatiques. « Tout est illuminé » faisait suite à un voyage de l’auteur en Ukraine sur les traces de son grand-père :

« Les vitamines du bonheur » de Raymond Carver, La vie est un long malheur tranquille

« Les vitamines du bonheur » de Raymond Carver constitue une influence et un héritage littéraire revendiqués par de nombreux écrivains français et d’ailleurs: d’Arnaud Cathrine à Olivier Adam, Marie Desplechin, Régis Jauffret, Tanguy Viel, Christian Oster ou encore Philippe Djian… jusqu’à Haruki Murakami, Martin Amis, Jay McInerney ou Salman Rushdie à l’international… Raymond Carver, l’écrivain des rivières et des forêts de l’état de Washington, le « Tchekhov américain » comme l’avaient surnommé les critiques littéraires en raison de la même proximité au peuple qu’ils partageaient.

Analyse de Fahrenheit 451 de Bradbury par Truffaut et son adaptation ciné

Le réalisateur français Nouvelle vague, François Truffaut qui a adapté le célèbre livre Fahrenheit 451 en 1966, a livré ses réflexions et son analyse des personnages et de l’intrigue ainsi qu’expliquer ses choix de mise en scène en particulier pour restituer l’atmosphère onirique du roman ou encore le travail de calcination des livres :

Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir : genèse, contexte d’écriture et réception critique/polémique/scandale

Simone de Beauvoir commence à travailler en 1947 sur Le deuxième sexe à son retour de voyage des Etats-Unis dont elle tirera l’ouvrage L’Amérique au jour le jour (carnet de voyage). Il lui faudra seulement 2 ans pour abattre ce travail monumental de recherche. Retour sur les coulisses d’écriture de cette oeuvre pluridisciplinaire culte pionnière.

Lire la suite

Michel Onfray critique le « non-style » de Michel Houellebecq

Dans une interview donnée en 2014, l’auteur philosophe Michel Onfray analysait l’auteur des particules élémentaires, Michel Houellebecq, en des termes peu élogieux, à l’occasion de la sortie du premier tome « Le réel n’a pas eu lieu » sa Contre-Histoire de la littérature. Il lui reproche notamment la pauvreté de son style :

Les conseils d’Annie Ernaux aux apprenti-écrivains… et regard sur l’écriture du net

Alors qu’elle sort son nouvel opus « Mémoire de fille » qui revient sur ses 18 ans à la fin des années 50, Annie Ernaux s’est livrée récemment à l’exercice traditionnel des « conseils aux jeunes/aspirants écrivains ».