Buzz littéraire

Articles de cet auteur

« Polocoktail Party » de Dorota Maslowska : un « Holden Caulfield » anti-ruskoff, halluciné et…très attachant

On approche « Polocoktail Party » de Dorota Maslowska avec beaucoup d’a-prioris, liés au « phénomène de star littéraire » de son auteur : très jeune (lycéenne de 19 ans au moment de l’écriture), livre écrit en un mois (toujours se méfier des « records »), une jolie blonde genre lolita un peu trash, les comparaisons dythirambiques (Céline, Gombrowicz…), les thèmes racoleurs (sexe, défonce aux amphétamines et discothèques…) et un style à couper au couteau… Ce brûlot réserve en réalité une bonne surprise et rappelle le chef d’oeuvre de Salinger « L’attrape coeurs » dans une version anti-ruskoff et hallucinogène.

« Clumsy » de Jeffrey Brown: Découverte amoureuse tendre et maladroite…

« Clumsy » de Jeffrey Brown (en français : malhabile, maladroit) a été acclamé par la critique, les fans de BD indépendante mais aussi les maîtres du genre tels que Chris Ware, James Kochalka ou Daniel Clowes… Pourtant l’ouvrage, fort original, a de quoi dérouter par son réalisme minimaliste naturaliste mais toujours pudique de la relation amoureuse à distance d’un jeune couple américain. Écrit à l’âge de 25 ans par Jeffrey Brown, cet album autobiographique, dans la veine d’un « I never liked you » (Je ne t’ai jamais aimé ») de Chester Brown, a d’abord été autopublié avant d’attirer l’attention d’un éditeur face à l’engouement des lecteurs.

L’esprit Matzneff et les jeunes auteurs (Beigbeder, Nicolas Rey, L.Lanher etc.)

matzneff et beigbeder litterature

Dans les années 80, Gabriel Matzneff s’est fait le chantre des « amours mineures ». L’écrivain sulfureux était alors l’invité de tous les plateaux TV et prestigieuses émissions littéraires pour faire leur apologie et leur éloge. Démon pédophile (ou « philopède » comme il le fait dire à l’un de ses personnages), honteusement en liberté, immoral et pervers pour certains. Insolent magnifique, grand écrivain érudit, expert de littérature latine et fin analyste géopolitique pour d’autres. Aujourd’hui encore, son aura subversive touche (influence ?) de nombreux jeunes auteurs qui le citent régulièrement comme référence.

« Mon bel amour » de Frédéric Poincelet : Variations graphiques sur l’intimité des couples

Tout le monde en parle (et chante ses louanges)… Des « Inrocks » au journal « Le Monde » en passant par Télérama, « Chronicart », « A nous Paris » et presque tous les magazines spécialisés de la BD… De qui ? De Frédéric Poincelet pardi ! Et de son dernier album « Mon bel amour ». Révélant ainsi cet auteur, plébiscité depuis de nombreuses années par la scène graphique underground, au grand public. Ce graphiste-illustrateur, connu pour ses esquisses à la fois nerveuses et angoissantes, tour à tour crues ou poétiques et ses dessins hachurés, annotés ou ultraréalistes (voir sa série « Le périodique » et surtout son Essai sur le sentimentalisme), a beaucoup travaillé autour des thèmes qui l’obsèdent : le sacrifice, la douleur, l’amour ou encore les apparences. Avec « Mon bel amour », il livre une étonnante radioscopie de la fragilité du couple, toute en délicatesse et subtilité…

La disparition de l’abandon corporel : Extrait de Plateforme de Michel Houellebecq

L’écrivain Michel Houellebecq a su disséquer comme personne la tragédie du désir occidental, la misère sexuelle et les frustrations qui en découlent. Dans son ouvrage Plateforme, qui traite notamment du tourisme sexuel, il analyse les causes de cette « crise des corps », qui selon lui rend incontournable le sexe vénal…

Auteurs on line : la déferlante continue !

A peine le billet (Vu sur) Internet : le nouvel eldorado de la promo des livres ? publié, qu’un nouveau communiqué de presse nous parvient, annonçant l’ouverture d’un nouveau site « Face à l’auteur ». De quoi s’agit il ? D’un cyber-lieu qui se propose de favoriser des rencontres entre lecteurs et auteurs « célèbres ou en passe de l’être » est-il précisé sur la page d’accueil. Et lorsqu’on clique sur la liste des auteurs, qui retrouve t’on ?
Thomas Clément, décidément partout et grand pape du marketing. Attention à l’overdose toutefois…

(Vu sur) Internet : nouvel eldorado de la promo des livres ?

Après le site d’auteur personnel ou officiel, le blog d’auteur, voici venu le site de livre. Entièrement dédié à la sortie d’un livre, il présente à la façon de la bande annonce d’un film, le « pitch » du livre et sert de teasing. En d’autres termes, il tente de donner envie de lire ledit roman grâce à des moyens très proches de ceux utilisés par le cinéma. Aux Etats-Unis, ce sont même des animations multimédias spécifiques qui sont conçues pour assurer la promo des livres sur le Net. Verrons-nous bientôt des mentions « Vu sur Internet » apparaître sur la jaquette des livres ?

Vincent Ravalec, Philippe Jaenada, Nicolas Rey, François Bégaudeau racontent leur meilleur souvenir foot…

Le magazine Epok, l’hebdo gratuit de la Fnac, a sorti il y a quelques semaines dans son numéro du 19 au 25 mai un « 100% foot ». on y trouve un intéressant dossier sur les confidences d’écrivains (mais aussi d’acteurs, de chanteurs ou de politique…) sur leurs meilleurs souvenirs de coupe du Monde …

Vodka-Cola d’Irina Denejkina : petites anarchies amoureuses, éthyliques et concerts de rock…à la russe !

Que l’on soit sous le ciel de Saint Petersbourg, de Paris, Londres ou New-York, les choses ne sont finalement pas si différentes quand on a 12, 17 ou 20 ans… On zone, on se cherche, on se goûte, on se touche, on tâtonne on hésite, on doute, on éclate et on gamberge surtout… Beaucoup ! Les adolescents d’Irina Denejkina, étudiante en journalisme russe né en 1981 (et encore au lycée lorsqu’elle écrit ses récits) sont comme les autres : à la fois insouciants et rebelles, cruels et fragiles. Des garçons et des filles qui se croisent, s’entremêlent, se déchirent, s’écorchent, s’embrasent… De petits instants de grâce à l’aube des nuits blanches, autour d’une bière, de cigarettes que l’on fume pensif en essayant de se remémorer les évènements de la veille, aux premiers désirs-dépits amoureux rythmés de paroles rock… Qualifiée par la presse de « porte-parole de la génération post-Perestroïka » et de « chef de file de la littérature Pop en Russie », la jeune fille (repérée sur Internet et traduite dans 14 langues) possède, sans conteste, une voix entêtante et un art pour croquer l’ambiguité des relations et des sentiments… Et les rendre universels.

Ivre du vin perdu – Gabriel Matzneff : Pladoyer pour le souvenir amoureux

Quatrième roman de Gabriel Matzneff, publié en 1981, Ivre du vin perdu, dont le magistral titre est inspiré d’un poème de Catherine Pozzy,est un vibrant hommage et plaidoyer pour le souvenir et la mémoire amoureuse, à travers la voix de Nil Kolytcheff (double de l’auteur) qui reste hanté par sa grande passion amoureuse « Angiolina-Diabolina ». Adolescente de 15 ans, à la fois femme fatale et tyrannique, « rose sauvage » et « tendre démon ». Il s’élève ainsi contre « l’ostentatoire oubli de l’inoubliable » et le « génie amnésique des femmes » tout en reprenant ses thèmes chers, ses « idées fixes » comme il les appelle et qu’il chérit : la voluptuosité des « moins de 16 ans », la toute puissance de l’amour charnel, ses conquêtes multiples aux portes des lycées, l’éphémérité des sentiments, le mysticisme (religion orthodoxe), son obsession du « rester jeune » (par la diététique), ou encore la hantise du temps qui passe… Du jardin du Luxembourg à la piscine Deligny, ses terrains de chasse favoris… En dépit de l’abjectitude des pages consacrées au tourisme sexuel sur les enfants à Manille (« les plaisirs mercenaires », « la secte philopède » selon l’expression de l’auteur), ce roman, que Matzneff considère comme son plus accompli, confine souvent au sublime. En particulier lors des pages où il se remémore ses amours fous passés, « sa ferveur non pareille éprouvée pour cette Enfant ultime ».

« Appel du pied » de Wataya Risa, Chronique sensible du mal-être adolescent

« Appel du pied » de Wataya Risa débute avec cette phrase simple mais percutante: « La solitude me sonne dans la tête. Un son de clochette très aigu, à me casser les oreilles. »Ce 2e roman d’une toute jeune japonaise âgée de 19 ans, et qui dit avoir mis 6 mois à l’écrire, s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires au Japon, il a été récompensé en 2003 du prix Akutagawa (en même tant qu’Hitomi Kanehara et quelques années après leur aîné, Murakami Ryu pour « Bleu presque transparent », autres teen-fictions, également jeunes lauréats de l’Akutagawa, l’équivalent de notre Goncourt au Japon), après avoir remporté à dix-sept ans, le prix Bungei en 2001, pour son premier roman, « Install », écrit pendant ses vacances scolaires. Ce roman dessine un (auto ?)portrait sensible et intimiste de l’adolescence et des années lycée vues du côté des laissés pour compte, « les exclus » de la classe…

La beauté japonaise vue par Amélie Nothomb (extrait de « Stupeur et tremblements »)

Dans son huitième roman « Stupeur et tremblements », paru en 1999 et grand prix de l’Académie française, la célèbre romancière belge Amélie Nothomb raconte son terrible stage dans une grande entreprise japonaise qui prend la forme d’un véritable exercice d’humiliation infligée notamment par sa belle supérieure hiérarchique qui la fascine. L’occasion pour la jeune femme d’analyser la beauté nippone dans un pays qui brime encore ses femmes avec un certain sexisme…

« Shangai Baby » de Weihui, Errances urbaines et amoureuses d’une Anaïs Nin chinoise (+ adaptation ciné)

Sensation littéraire de la rentrée littéraire de 1999, « Shangai Baby » est l’œuvre de Wei-hui, alors jeune diplômée de littérature de l’université shanghaïenne de Fudan et écrit à l’âge de 25 ans. Souvent rapprochée de sa consœur, Mian Mian auteur de « Les bonbons chinois » (qui l’a d’ailleurs accusée de plagiat), on la dit appartenir à cette génération des Belles Femmes Ecrivains (les « Meinu Zoujia ») qui « n’hésite pas à aborder avec une grande liberté les sujets jadis tabous, notamment la sexualité ». Scandaleuse, provocatrice, sulfureuse, pornographique… et même censurée (jugée comme « un ouvrage vulgaire de bas niveau, décrivant des vies dissolues, parsemé de passages obscènes, qui propage des idées nihilistes et une conception de la vie vulgaire et décadente, esclave de la culture étrangère » selon les termes de l’organe de presse officiel, la China News Agency) ! Tels sont les qualificatifs racoleurs qui ont accablé la jeune femme à la sortie de son roman qui auront au moins eu le mérite, à défaut d’être justifiés, de propulser le roman sur le devant de la scène littéraire. Publié dans 45 pays et traduit dans 34 langues, il est désormais un livre culte. Au-delà de ces étiquettes, c’est un magnifique roman, au charme envoûtant, sur le Shangaï moderne des années 90, sur la jeunesse, l’amour, la fureur de vivre, le désir ou encore la création, que livre cette jeune femme « qui fait ce qu’elle veut et dit ce qu’elle pense ». Une autofiction menée avec grâce, sensualité et inventivité :

Lolita Pille poursuit sa carrière de scénariste en adaptant U.V de Serge Joncour

Il semble que la romancière Lolita Pille (auteur de « Hell » et « Bubble Gum ») entame une nouvelle carrière de scénariste. Après l’adaptation de son propre roman Hell, cette année, qui a donné lieu à une version cinématographique mitigée, avec Bruno Chiche, elle vient d’adapter avec le cinéaste Gilles Paquet-Brenner (à qui l’on doit « Les Jolies choses » et le polar marseillais Gomez & Tavarès), le livre U.V de Serge Joncour (aux éditions Le dilettante, avril 2005) qui donnera un film du même nom, avec à l’affiche Jacques Dutronc, Laura Smet, Anne Caillon et Pascal Elbé. Ils viennent d’entamer le tournage, à la station balnéaire de Ramatuelle, sur la Côte d’Azur.

Florian Zeller et David Foenkinos : deux auteurs suractifs !

Parler de Florian Zeller juste après Nicolas Rey risque d’en faire rugir quelques-uns mais ravira ses lecteurs. Signalons donc par cette petite brève que le jeune auteur ne se repose pas sur ses lauriers. A venir : après le succès de ses deux pièces « Le Manège » et « l’Autre », une nouvelle pièce de théâtre « Si tu mourais »* dans laquelle jouera Catherine Frot entourée de Robin Renucci, Bruno Putzulu et Chloé Lambert, à la Comédie des Champs-Elysées sous la direction de Michel Fagadau. L’histoire d’une femme en deuil de son mari brutalement disparu, qui s’aperçoit qu’elle ne le connaissait pas vraiment, en revoyant son passé. « Florian Zeller, qui n’a qu’une trentaine d’années, fait un beau portrait de femme, à un moment où elle est un peu perdue », a confié Catherine Frot au Figaro Magazine. A la rentrée littéraire 2006, il publiera son quatrième roman qui devrait faire l’évènement aux côtés de celui de Christine Angot. De son côté le très prolixe David Foenkinos dont nous vous parlions à l’occasion de la sortie du recueil « Plumes et dentelles« , publie ce mois-ci un nouveau roman « Les cœurs autonomes », chez Grasset.

Regard sur la littérature anglaise « nouvelle génération »

Le magazine littéraire trimestriel Transfuge publiait l’an passé un dossier sur la littérature anglaise « nouvelle génération ». Objectif : présenter les auteurs anglais de 25-30 ans représentant la littérature de demain. En se fondant sur la sélection Granta (un des magazines littéraires les plus prestigieux au monde, voir ci-dessous), ils se sont plus particulièrement intéressés à trois jeunes auteurs phare : Robert Mc Liam Wilson (Ripley Bogle, Eureka Street…), Adam Thirlwell et Toby Litt, au travers de deux entretiens fleuve.

Tania de Montaigne réagit sur « la chick-lit » et prépare la sortie de son album avec Benjamin Biolay

A l’occasion d’une rencontre avec la chroniqueuse littéraire et romancière Tania de Montaigne, nous avons recueilli ses impressions (voir vidéos) sur les romans de filles et la « chick lit » (suite à notre dossier). Elle nous donne aussi de ses nouvelles : après la sortie de son 4e roman « Tokyo c’est loin », elle s’apprête à sortir un album à la rentrée co-réalisé avec Benjamin Biolay, tout en trouvant le temps de s’investir auprès de l’association « Coeur à lire » et de Sciences po…

Entretien avec Serge Ewenczyk, éditeur de bandes-dessinées intimistes chez « Cà et là »

Si vous croyez encore que les BD sont réservées aux ados boutonneux qui fantasment sur les super-héros terrassant des monstres intergalactiques pour sauver le monde, vous avez tout faux ! Un nouveau genre, le roman graphique, a changé la donne et propose des histoires dessinées comme on écrit des romans. Un nouvel éditeur baptisé « Cà et là », fondé par Serge Ewenczyk vient enrichir la production française en faisant découvrir des talents étrangers inédits. Zoom sur cet éditeur passionné par l’art narratif sensible et retour sur l’histoire du roman graphique avec un expert du genre !

Slow news Day d’Andy Watson : comédie romantique au charme désinvolte

Slow news Day (littéralement « Journée calme sans actualité majeure ») fait partie des bonnes surprises de la rentrée BD 2005. Dans la droite lignée du roman graphique intimiste (voir notre entretien avec son éditeur Serge Ewenczyk des éditions « Cà et là »), il se déguste comme une bonne comédie romantique à la Hugh Grant mâtinée de David Lodge. Son auteur Andy Watson, ancien du jeu vidéo, est un spécialiste du genre, plusieurs fois nominé aux prestgieux Eisner Awards. Il est réputé pour aborder avec finesse les relations hommes-femmes comme l’ont démontré ses précédents albums Dumped ou Breakfast After Noon (chez Casterman). Son univers de prédilection : des personnages un brin désabusés, fragiles derrières leurs abords assurés, des couples qui tournent en rond et s’ennuient dans des jobs précaires…

La bande-dessinée, nouveau terrain des jeunes écrivains ?

Depuis quelques temps, la bande dessinée semble être le nouveau terrain d’expression des jeunes auteurs qui viennent l’expérimenter le temps d’un ou deux albums entre deux romans, « comme une parenthèse ludique ». L’occasion aussi d’explorer les mécanismes scénaristiques en évitant la lourdeur d’un projet cinématographique. Sur des thèmes variés, parfois éloignés de leur registre habituel, ils livrent des créations originales plutôt tentantes :