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Articles de cet auteur

Evolution de la littérature franco-africaine: d’une écriture sociale à la nouvelle vague intimiste

Dans une interview de mars 2016, Alain Mabanckou livre une intéressante analyse de l’évolution dans les années 90 puis 2000 de la littérature dite de la « négritude » alors que les écrivains émigrent en Europe et posent alors un regard nouveau sur l’Afrique et la société française, lié à l’éloignement, mais refuse d’y voir une volonté de cantonnement mais au contraire d’élargissement:

Quand les écrivains célèbrent « la passante » (du mythe littéraire de la passante au harcèlement de rue)

Il fut un temps où l’on ne parlait pas encore de « harcèlement de rue » mais de jeux de regard, de séduction innocente et espiègle, où les passantes, (agréablement ?) surprises, conscientes ou non, devenaient les insaisissables muses des poètes et des écrivains qui leur rendaient hommage dans leurs œuvres. En 1857, Baudelaire inaugurait le mythe de la passante, cette « Fugitive beauté » dans la nuit, à « la douceur qui fascine et le plaisir qui tue« . Aujourd’hui le débat féministe divise*: en effet, où commence et s’arrête la limite entre harcèlement et compliment ? Face à l’évolution du regard social sur ces pratiques (et à leur condamnation), il est amusant de se retourner sur des œuvres antérieures -ou pas- à ce mouvement comme des extraits issus de l’étonnant et désormais un peu tombé dans l’oubli roman « Anissa Corto » de Yann Moix, mais aussi plus récemment de Philippe Vilain (« Pas son genre ») ou de Jérôme Attal, ainsi que de l’essai « Galanterie française »…, après avoir évoqué le mythe littéraire de la lectrice dans le train

Facebook, Internet… : de « beaux outils romanesques » selon Camille Laurens

Dans une chronique rédigée pour le site de L’Express, l’écrivain Camille Laurens livre une analyse intéressante du rôle joué par les nouvelles technologies dans la création littéraire et le travail du romancier 2.0. Elle, qui n’hésite pas à placer la toile et les réseaux sociaux, au cœur de ses romans, depuis quelques années (à commencer par le réussi « Romance nerveuse » (2010) et plus récemment avec « Celle que vous croyez » (2016), compare notamment son impact avec les inventions des siècles précédents comme le téléphone sur l’écriture, de Proust à Cocteau…:
internet et litterature romans et reseaux sociaux

Virgin suicides de Jeffrey Eugenides : What it feels like for a girl…

« Virgin suicides » de Jeffrey Eugenides, publié en 1993 et devenu culte grâce à son adaptation par Sofia Coppola en 2000, est peut-être l’un des plus beaux romans dramatiques écrits sur l’adolescence au féminin, l’ennui cruel des petites banlieues policées, le corps en métamorphose, la fascination ou encore l’innocence perdue… Son titre est inspiré d’une chanson du groupe « Cruel crux » (dont l’une des héroïnes, Lux, était fan).

Dans la bibliothèque de… Solange te parle (poétubeuse)

Poétubeuse, comme elle s’est auto-baptisée, Solange (de la chaîne « Solange te parle » sur Youtube) détonne dans le paysage youtubesque francophone avec ses vidéos poético-décalées, jouant sur l’absurde, l’imaginaire, la performance vidéaste. En France, nous avions le cinéma d’auteur, Solange (amatrice du premier, en particulier de Rohmer ou des films d’Amalric avec qui elle a d’ailleurs tourné un court métrage dans sa vie antérieure de jeune actrice) invente le Youtube d’auteur ! Avec elle, le quotidien et ses objets ordinaires -du camembert au pot de fleur (cf : son désormais célèbre « abécédaire ») deviennent aventure… métaphysique ! Elle a aussi livré des vidéos plus engagées sur le terrain féministe (« Poils pubiens: indignez vous!« , «Pénis: inclinez vous!», « Pas féminine« ), elle qui s’affirme allergique au « girly » mais aussi aux diktats patriarcaux.

Camille Laurens rend hommage à Nelly Arcan

Dans son nouveau roman « Celle que vous croyez » où elle explore les affres de la cinquantaine côté femme, alors que son (anti-)héroïne, internée en hôpital psychiatrique, souffre du désintérêt masculin pour cause de dépassement de « date de péremption » et s’invente une nouvelle jeunesse sur Facebook, Camille Laurens a choisi de rendre hommahe à la mémoire de l’écrivain canadienne Nelly Arcan, auteur notamment du roman choc « Putain », suicidée en septembre 2009 :

Les belles endormies de Kawabata : Voyage sensoriel au royaume du désir et de la mort

« Les belles endormies » de Kawabata reflète l’obsession de l’écrivain japonais qui était de « saisir l’impression à l’état pur« . Ce prix Nobel de littérature en 1968 (il se suicide en 1972), contemporain de Borges et de Joyce, est sans doute l’écrivain japonais le plus lu et connu en Occident. Son œuvre tout entière est vouée à cette expression de l’éphémère ressenti à la vision d’un paysage, d’un visage, de la peau d’une femme ou du vol d’un papillon de nuit… A restituer cet imperceptible qui ne dure que quelques instants.

Les contes vus par Amélie Nothomb (extrait interview)

Amélie Nothomb aime à s’inspirer des contes pour les revisiter ou en réinventer dans une partie de ses romans qui aiment jouer avec les figures extrêmes (en particulier confrontation de la beauté pure angélique et de la laideur, le monstrueux), le symbolisme et les univers fantaisistes ou oniriques. Elle expliquait sa fascination pour le genre dont l’essor a pris en France dans la 2e moitié du XVIIe siècle, sous l’influence notamment des salons des précieuses (dont Mme de Villeneuve auteur de La belle et la bête faisait partie) :

Contre-jour de Thomas Pynchon: Un contre-monde (rentrée littéraire 2008)

Septième ouvrage de l’une des plus grandes énigmes littéraires de notre temps, le Contre-Jour de Thomas Pynchon est un roman à énigmes justement, inépuisable, dans lequel on retrouve cette conscience sociale sans faille et chère à l’écrivain. Tous les genres littéraires y sont cultivés, exploités, détournés, pour prononcer une sévère condamnation de notre époque, toujours plus carcérale et politiquement corrompue.

Ecrire selon Camille Laurens (2e extrait « Celle que vous croyez »)

Dans son roman « Celle que vous croyez » paru à la rentrée littéraire de janvier 2016, Camille Laurens file, entre autres, une métaphore sur le désir amoureux et le désir d’écrire, désir romanesque alimentés par les mêmes moteurs fantasmatiques selon elle. A cette occasion, par une mise en abyme, elle livre plusieurs réflexions sur sa vision de l’écriture et du processes créatif qui préside à la naissance d’un livre. Elle revisite notamment avec force l’image de la pêche et du poisson, qu’elle compare à l’inspiration et en particulier à sa « saisie » dans l’esprit mouvant de l’auteur:

« Internet est à la fois le naufrage et le radeau » (extrait choisi « Celle que vous croyez » de Camille Laurens)

Dans son très bon roman « Celle que vous croyez » paru à la rentrée littéraire de janvier 2016, Camille Laurens continue d’explorer la façon dont Internet et ses réseaux sociaux (notamment Facebook) modifie les comportements amoureux et notamment ses effets pervers. Elle livre ainsi une belle analyse et description du phénomène de traque ou de filature dans laquelle les amants éconduits peuvent s’abîmer dans une quête désespérée de l’autre…

« Les femmes qui lisent sont dangereuses » : malaise masculin, invention de « l’hystérique » et du « bovarysme »

Dans son essai/livre d’art « Les femmes qui lisent sont dangereuses » (2006), Laure Adler a exploré, avec lyrisme, le rapport particulier que les femmes entretiennent et ont entretenu au livre, et plus particulièrement au roman, en dépit des alarmes masculines craignant de voir les épouses soumises échapper à leur emprise pour celles des pages manuscrites, agissant comme « sève nourriicière ». Elle retrace dans sa préface l’histoire de cette panique masculine et leurs tentatives d’endiguer le flot de lectrices pour les renvoyer à leurs fourneaux, et livre au passage une analyse intéressante d’Emma Bovary, en figure emblématique du phénomène:

Les jeunes talents français prennent la plume pour rendre hommage aux victimes des attentats

Il y a eu le « Bloody sunday » de U2 (1983), depuis 2015 la France pleure un vendredi 13 sanglant qui inspire des textes émouvants mais pas larmoyants aux jeunes talents de la chanson française sur le Net, ainsi qu’aux blogueurs dessinateurs. Réaction spontanée à la perte d’êtres chers ou en solidarité, de belles réalisations qui permettent de mettre des mots sur des maux

Le problème avec la Bovary et ses descendantes… (de Flaubert à S. Divry, L.Slimani, Reinhardt…)

Le roman « Madame Bovary » de Flaubert compte parmi les livres qui me hérissent le plus. J’avais immédiatement ressenti un malaise à sa première lecture et un décalage entre la façon dont il est couramment présenté et son contenu véritable. En effet, le livre, qui trône chaque année en position frontale des programmes et des annales du bac français comme représentant ultime de la condition féminine, est devenu une affreuse imposture.
Etalage au rayon parascolaire/bac français du libraire Gibert jeunes où Madame Bovary règne...

Des Cannibales, Montaigne, Les Essais : commentaire, plan, analyse thématique et citations

Dans cet extrait du chapitre 31 des Essais, Montaigne commente et conteste la vision habituellement péjorative des indigènes (ici actuel Brésil) par les occidentaux et leur réaction (de rejet) face à des coutumes différentes des leurs.
Annonce du plan : Tout d’abord, j’analyserai le regard humaniste que porte Montaigne sur la figure de l’Autre. Puis, j’expliquerai comment il livre une critique de l’ethnocentrisme Européens qu’il dénonce. Enfin, je présenterai la stratégie d’argumentation de Montaigne pour convaincre et persuader son lecteur.

La misogynie de Flaubert (extraits de sa Correspondance)

Bien que souvent passée sous silence ou minimisée,la misogynie de Flaubert était pourtant une réalité bien concrète (et communément partagée par ses contemporains), qui permet, lorsqu’on s’y penche de plus près d’éclairer son œuvre, et en particulier ce qui est souvent considéré comme son chef-d’oeuvre, « Madame Bovary ». On en trouve ainsi d’innombrables exemples dans la Correspondance où il exprime avec véhémence son mépris voire une véritable haine pour ce qu’il considère comme « l’élément typiquement féminin », se livrant à diverses généralités de bas étage. Il serait donc bon que les professeurs rappellent cette dimension, certes peu reluisante de l’auteur, mais finalement assez essentielle à l’approche et l’analyse de ses romans.

Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe extrait: « Le génie féminin » (commentaire et explication linéaires, notes)

Dans cet extrait* de « Le deuxième sexe » la thèse (problématique) de Simone de Beauvoir, célèbre philosophe et romancière française du milieu du XXe siècle, considérée comme une pionnière féministe (même si elle rejetait « l’étiquette ») peut se résumer comme: Les contraintes sociales historiques pesant sur la femme, limitant sa liberté et ses possibilités, ont nui à l’éclosion d’un génie féminin (« Comment les femmes auraient-elle jamais eu du génie… ?« ). Elle fait notamment référence ici à la création d’une oeuvre artistique, l’écriture littéraire, poétique ou philosophique, l’art de la peinture, musique…, où les femmes pourraient occuper un rôle actif et non celui passif traditionnel de la « muse », c’est à dire réduit à un objet d’inspiration, par sa seule beauté physique.

Etudes littéraires en France et en Angleterre: une approche différente

Quel étudiant/lycéen n’a jamais été traumatisé par la fatidique problématique à dégager pour son plan en 3 axes ? Outre cette règle française incontournable du commentaire composé ou de la dissertation, le français a tendance en effet à privilégier une analyse qui colle de près au texte, dans la lignée des structuralistes, en particulier Roland Barthes mais aussi Gérard Genette, autre figure de référence française de la narratologie (quel étudiant de lettres n’a pas souffert sur les narrateurs intra, extra ou homo diégétique, la focalisation, etc. ?!).

Jim Carroll réagit à la polémique « Basketball Diaries » suite aux tueries de Columbine (1999)

Publié en 1978, Basketball Diaries est le journal des années 60 de l’auteur culte New Yorkais Jim Carroll. Il y a consigné ses 400 coups à l’adolescence, entre ses 13 et 16 ans, en particulier son expérience de la drogue sur fond de guerre froide, de guerre du Vietnam et de mouvement pacifiste.
Une des entrées du journal relatait un fantasme de violence à l’école (univers qui l’oppressait, en particulier les enseignants catholiques stricts pouvant se rendre coupable d’abus sur les jeunes) ré-adapté dans le film en scène de meurtre.

Anaïs Nin, en rayon avec « Fifty Shades of Grey », énerve la blogueuse Diglee !

Les bien-pensants, gardiens du canon littéraire partriarcal, n’hésitent pas à réduire trop souvent l’oeuvre d’Anaïs Nin à de la littérature égrillarde d’une « chaudasse », tandis que son célèbre amant et confrère Henry Miller, dont la sexualité fait aussi partie intégrante de son oeuvre a droit à une reconnaissance plus littéraire et élogieuse.