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Articles de cet auteur

Disgrâce de J.M Coetzee: « Il ne reste qu’à serrer les dents et vivre ce qu’il reste à vivre »

« Disgrâce », 9e roman de l’écrivain sud-africain, J.M Coetze, prix Nobel en 2003, est aussi celui de la consécration, couronné du Booker prize en 1999 (pour la 2e fois après « Michael K, sa vie, son temps »). Il est adapté au cinéma en février 2010 avec John Malkovich dans le rôle titre. Souvent présenté (réduit ?) à une peinture économico-sociale de l’Afrique du Sud post-Apartheid (lui ayant même valu une accusation de racisme), Disgrâce comme son titre l’indique est avant tout le récit de la chute d’un homme.

Connaissez-vous les « succès français » de langue anglaise ?

Récemment, toute la presse s’est pâmée sur le récent succès de l’adaptation du Petit Prince, qui a enregistré 1,8 million d’entrées en France mais surtout 12,5 millions de spectateurs à l’étranger, montant sur la première marche du podium des plus grand succès « français » à l’international, en particulier en Chine, où il cartonne.

Les caprices de Marianne de Musset: résumé et explications scène par scène

Résumé, acte par acte et scène par scène de Les Caprices de Marianne d’Alfred de Musset, pièce tragicomique en deux actes de 1833 avec explications (vocabulaire, intrigue et métaphores) et questions-réponses:

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Bartleby d’Herman Melville, De l’art de ne pas (préférer) travailler…

« Je ne veux pas travailler » chantait Edith Piaf, Bartleby de Melville, lui, scribe de profession (« gratte-papier » comme le surnomme le narrateur, son employeur), répète en boucle « J’aimerais mieux pas » ou « Je préférerais pas » (selon les traductions qui déclenchent les passions des puristes) quand son patron lui demande de bien vouloir effectuer telle ou telle tâche. D’un ton égal et parfaitement serein, comme si cela était le plus naturel et le plus normal du monde.

Le corps exquis de Poppy Z Brite: Poétique des égorgeurs ou les dévorations amoureuses…

Le corps exquis de Poppy Z Brite vient d’être ré-édité en 2015 par les éditions du Diable Vauvert, roman culte de l’ensorceleuse gothique (devenu transgenre depuis 2011, se faisant désormais appelé Billy Martin) de la Nouvelle-Orléans. Dans ce troisième roman (« Exquisite corpse » en VO), elle délaisse, les vampires pour les serial-killers qui sont selon elle, les vampires modernes de notre époque et signe du même coup son chef d’œuvre absolu à ce jour. Paru en 1996 (cinq ans après American psycho), et publié avec difficulté en France grâce au soutien notamment de Virginie Despentes ou de Marie Darrieussecq, il dresse un double portrait de serial-killers et une inédite et sanglante histoire d’amour entre eux. Réflexion sur l’amour, le désir, la mort, la douleur, la violence, la solitude ou encore la souffrance…

La princesse de Clèves de Madame de La Fayette : Un thriller des sentiments haletant !

La pauvre princesse de Clèves est l’une des rares héroïnes (mal) mariées des classiques, qui confrontée à l’adultère, choisira de ne pas passer à l’acte. Aux remords, elle préfère les regrets… Loin d’une Emma Bovary ou d’une Anna Karénine, elle ne cessera de lutter contre le feu de la passion –interdite- qui l’anime pour l’irrésistible Duc de Nemours, tandis que les premières y succomberont ! « Un exemple de vertu inimitable » selon les derniers mots qui clôturent le roman…

Truismes de Marie Darrieussecq: Les « cochon(nerie)s » de la parfumeuse (+ recueil de nouvelles « Zoo »)

Mariée à un astrophysicien, passionnée de sciences (« pures » et « fiction ») et amie fidèle de Virginie Despentes, la normalienne Marie Darrieussecq alors âgée de 27 ans, publie en 1996 un premier roman – Truismes- que s’arrache les éditeurs (acceptés par POL, Grasset, le Seuil, et la collection bleue de Jean-Marc Roberts, chez Fayard à l’époque) et qui deviendra immédiatement un best-seller mondial (un million d’exemplaires vendu dans le monde, traduit en trente langues pour trente-quatre pays, qui l’affranchissent à jamais des affres de l’écrivain) : « J’ai d’abord eu le choc d’être publiée. Je me souviendrai toujours de ce mois de mai 1995 où j’ai reçu le coup de téléphone de P.O.L. Puis le succès a été en quelque sorte la cerise sur le gâteau et j’ai vécu une année de folie. J’ai connu l’adoration et la haine (l’écrivain Marie Ndiaye l’a même accusée de plagiat : « Ce qui pour un écrivain équivaut à un meurtre. Cela m’a appris que le monde littéraire ressemblait à une jungle, je me suis beaucoup repliée sur moi-même »). Ecrire, c’est être seule. Je me protège beaucoup. Cela m’a débarrassée de la peur ou de l’envie du succès. », se remémore-t-elle. Ecrit en 6 semaines (!) parallèlement à sa thèse de Doctorat (« Moments critiques dans l’autobiographie contemporaine. Ironie tragique et autofiction chez George Perec, Michel Leiris, Serge Doubrovsky et Hervé Guibert »), Truismes est en fait son sixième roman.

Bonjour tristesse de Françoise Sagan, influence de la littérature nouvelle génération ?

On ne cesse de pronostiquer des nouvelles « Françoise Sagan », tandis que Frédéric Beigbeder* chante ses louanges dés qu’il le peut et regrette qu’elle ne soit pas enseignée à l’école. Mais à quoi est réellement dû le succès de cet « adorable petit monstre » (expression de François Mauriac), de cette reine du « drame bourgeois » ? Pourquoi son premier roman « Bonjour tristesse » publié en 1954 à l’âge de 19 ans a-t-il été un best-seller et connu un retentissement international (les américains la surnommaient alors « Mademoiselle Tristesse») au point d’être adapté en 1958 par Otto Preminger himself (un film tombé dans l’oubli assez rapidement du reste). En relisant aujourd’hui ce petit livre, on peut tout de même se demander ce qu’avait « d’extraordinaire » cette prose sans prétention ou sinon « de plus ». La fascination pour son personnage de jeune fille puis de femme libérée et insolente, à la fois émouvante et mondaine, aimant faire la fête à Saint Tropez ou dans les caves de St Germain des près ou rouler à toute vitesse dans son Aston Martin, a beaucoup contribué à sa notoriété. Plus que son œuvre à proprement parler ? Sa vie particulièrement romanesque fera en tout cas l’objet (au printemps 2008 sur France 2) d’un téléfilm de Diane Kurys avec Sylvie Testud (incroyablement ressemblante) dans le rôle de l’écrivain qui sortira ensuite au cinéma sous le titre « Sagan ».

Delphine de Vigan mitigée sur les blogs littéraires…

A l’occasion de la sortie de son nouveau roman « D’après une histoire vraie » qui vient de remporter le prix Renaudot, une interview plus ancienne de Delphine de Vigan a refait surface sur Facebook où elle évoquait, entre autres, son rapport aux blogs littéraires.

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Dans la bibliothèque des blogueurs… Garance Doré

Alors que la plus célèbre de nos blogueuses hexagonales, Garance Doré, expatriée à New-York, publie son premier livre « Love x Style x Life » (qu’elle définit comme « un livre qui mélangerait toutes les choses qui font la vie d’une femme. Une espèce de manuel, plein d’histoires qui raconteraient ce que j’ai appris en 40 ans ») comme toute personnalité du web qui se respecte (!), c’est l’occasion de republier cette interview livres qu’elle nous avait accordé en 2010, encore parisienne… Flash back :

Les Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos (analyse lettre 81 de Mme de Merteuil)

Roman épistolaire emblématique du libertinage qui se développe à la fin du XVIIIe siècle en France (1782), Les liaisons dangereuses, au delà de son intrigue et jeux de manipulation offre de nombreuses réflexions sur les rapports hommes femmes qui se redessinent à la fin du siècle des lumières, sur l’amour, l’amitié et les apparences sociales. Madame de Merteuil, son héroïne principale, aussi fascinante qu’effrayante, dévoile une partie de son mystère dans sa lettre n°81, souvent donnée à l’étude. Elle recèle de clés à la fois sur le personnage mais aussi sur l’éducation et la place des femmes dans la société aristocrate et galante où les réputations sont les biens les plus précieux de ce théâtre mondain cruel…
Madame de Merteuil (Glenn Close) dans la célèbre adaptation de Stephen Frears (1988)

Extraits et citations choisies de « La Condition pavillonnaire » de Sophie Divry

Paru lors de la rentrée littéraire de septembre 2014, La condition pavillonnaire de Sophie Divry, se place ouvertement sous la houlette bovaryenne, citations en exergue à l’appui. « Jeune romancière qui monte » elle s’est faite notamment remarquer avec cet opus (et précédemment avec les névroses d’une bibliothécaire frustrée dans La Cote 400, puis l’analyse de sa …

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Amour, prozac et autres curiosités de Lucia Etxebarria: Madrilènes au bord de la crise de nerf

« Amour, prozac et autres curiosités » de Lucia Etxebarria, l’univers de l’impétueuse écrivain espagnole est souvent résumé par l’adage « Sexe, drogue and rock’n roll ». Il est vrai que l’auteur, post-movida, née en 1966, journaliste, scénariste, biographe de Kurt Cobain et de Courtney Love et distinguée par les prestigieux prix Nadal et Planeta, possède une liberté de ton qui détonne. A la fois déjantées et extralucides, ces héroïnes trentenaires naviguent (et se noient parfois) dans les milieux branchés, aisés ou interlopes de Madrid, non sans rappeler l’univers d’Almodovar, à qui elle est souvent comparée. Alors que la romancière publie son cinquième opus « Un miracle en équilibre », « Amour, prozac et autres curiosités » (1997) reste le plus réussi, sorte de version pop-furieuse de Bridget Jones…

Richard Brautigan vu par Djian (et analyse de « La vengeance de la pelouse »)

Dans une interview datant de 1992, Philippe Djian, grand lecteur des auteurs de la beat génération américaine, revenait plus particulièrement sur l’influence de Richard Bratigan (« Un privé à Babylone », 1935-84) sur son travail :

Un amour insensé de Tanizaki : L’attraction-répulsion de l’Occident

A la lecture d’« Un amour insensé » de Tanizaki, d’indéniables corrélations psychologiques apparaissent entre l’oeuvre du romancier Moravia et celle de son aîné japonais Tanizaki, tous deux fins observateurs des affres amoureux et de la séduction (diabolique) des femmes. Il n’est donc pas étonnant de voir l’Italien préfacer cette œuvre majeure publiée en 1925 (peu après le tremblement de terre de 1923 qui détruisit Tokyo) au milieu de sa carrière et qui préfigure un autre de ses chefs d’oeuvre « La confession impudique » en 1965. Ce texte a été dénoncé à sa parution comme « le reflet d’un esthétisme décadent, en raison de son indécence revendiquée« .

« Un début prometteur » de Nicolas Rey : Portrait de l’artiste en adolescent… (adaptation ciné)

Il aura fallu attendre 12 ans pour voir enfin porté sur grand écranle troisième roman de Nicolas Rey, »Un début prometteur », initialement publié en 2003 et sorti au cinéma le 30 septembre 2015. A cette époque le jeune auteur, cinéphile passionné qui cite régulièrement son film culte « Un monde sans Pitié » (d’Eric Rochant), avouait déjà rêver de transposer son univers sur pellicule… Ce sera finalement sa compagne Emma Luchini qui s’y collera (en l’associant au scénario), en réactualisant quelque peu sa structure mais en conservant les préoccupations de l’auteur: le premier amour, les désillusions de la jeunesse, ses renoncements, mais également ses espoirs.

La place d’Annie Ernaux : « Un jour, avec un regard fier: « Je ne t’ai jamais fait honte. »

L’écriture de « La place », 5e livre d’Annie Ernaux, prix Renaudot 1984, marque un tournant dans l’œuvre de l’auteur, tout en lui apportant une notoriété accrue. En effet, en entreprenant le portrait sensible de son père mort en 1967, l’année où elle réussissait le concours de l’agrégation de professeur de lettres, elle a aussi décidé de basculer plus franchement dans une « écriture de vérité » avec l’usage du « je », de sorte à ne pas travestir sa mémoire, déjà « pervertie » par la reconstitution littéraire.

Dora Bruder de Patrick Modiano: « On vous convoque. On vous interne. Vous aimeriez bien comprendre pourquoi. »

Dora Bruder de Patrick Modiano, paru en 1997 et déjà son 20e roman ! alors qu’il était âgé de 52 ans fait partie de ces livres les plus emblématiques, liés à la Shoah qui n’a jamais cessé de le hanter. Même si comme l’a rappelé Pierre Assouline, l’auteur ne saurait se réduire à son travail sur cette tragique période, et de définir ses thèmes les plus chers comme « l’ambiguïté des situations, la confusion des sentiments, le flou des atmosphères, tout ce qui fait notre indécision en temps de paix comme en temps de guerre. »

« La violence culturelle est une violence sourde, probablement pire que toutes les autres » (Lucas Belvaux, réalisateur de l’adaptation de « Pas son genre »)

Suite à la chronique sur le roman « Pas son genre » de Philippe Vilain, adapté au cinéma en 2013 par le réalisateur belge Lucas Belvaux, voici quelques extraits choisis des interviews de ce dernier, à la fois sur le livre, les personnages et sur le thème des clivages culturels. Il livre notamment une analyse très intéressante (que n’aurait pas renié une Annie Ernaux !) sur l’évolution du rapport à la « culture » comme marqueur social entre les classes:

Contre le ghetto de la littérature « noire » engagée ou « francophone »: Mabanckou, Laferrière, Diome, Miano

Trois figures majeures, le franco-congolais Alain Mabanckou, l’haïtien Dany Laferrière vivant au Québec et la franco-sénégalaise Fatou Diome expliquent régulièrement dans leurs interviews en quoi la « classification » sous l’étiquette francophone ou noire leur apparait réductrice et limite leur champ des possibles en terme de thématiques ou d’identité propre: