Buzz littéraire

Articles de cet auteur

Comment Internet modifie notre cerveau ? (mémoire, lecture, apprentissage…)

Les recherches sur l’impact d’Internet sur le cerveau n’en sont qu’à leurs commencements, mais elles permettent déjà d’appréhender des changements significatifs sur nos facultés cérébrales. En effet, le cerveau, organe plastique évolue et s’adapte à nos nouvelles activités en ligne qu’il s’agisse de jouer, de naviguer, de lire les fils d’infos ou actus des réseaux sociaux. Internet modifie nos circuits neuronaux.

37°2 le matin de Philippe Djian : L’amour peut-il sauver de la folie ? ou Itinéraire des amants maudits…

« 37° 2 le matin » paru en 1985 est LE (et troisième) roman de Philippe Djian, celui qui l’a révélé au grand public et l’a transformé en auteur à succès tout en acquérant le titre de «roman culte », écoulé à plus d’un million d’exemplaires (hors traductions). Tout le talent de cet écrivain emblématique des « années 80 rugissantes » se déploie ici avec maîtrise et trouve dés lors une puissance émotionnelle encore jamais atteinte.

Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley : Un monde sous conditionnement pour une civilisation « zéro défaut »

Ecrit en 4 mois en 1931, « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley (« Brave New World » en version originale) est tout simplement impressionnant de perspicacité et de justesse quant à la vision qu’il donne d’une société future possible. Dans ce livre culte, l’écrivain britannique Aldous Huxley dépeint une société eugéniste où la natalité serait entièrement sous le contrôle des scientifiques. Où la société serait le résultat d’une production bien huilée, dont chaque constituant serait rigoureusement conforme à un cahier des charges initial.

1984 de George Orwell : Le plus important est-il ce que l’on croit ou ce qui est vrai ?

« 1984 » de George Orwell pourrait être résumé par son célèbre et terrifiant slogan: « Big Brother is watching you« . L’œuvre de l’auteur anglais (Eric Arthur Blair de son vrai nom) est indissociable de son époque. De son propre aveu, il s’imaginait avoir pu devenir « un curé de campagne heureux » s’il n’était né dans la première moitié du XXe siècle.

La sorcière de Charles Bukowski (extrait « Les Fiancées du diable » de Camille Laurens »)

Dans son ouvrage « les Fiancées du diable » qui explore les représentations féminines « terrifiantes » à travers les mythes, les religions et les oeuvres d’art (peintures notamment), au chapitre « Sorcières et ensorceleuses », Camille Laurens livre son analyse d’un épisode de Contes de la Folie ordinaire de Charles Bukowski qui fait écho à ce thème et à celui de la femme fatale qui a toujours hanté l’imaginaire des écrivains:

Doggy bag 2 de Philippe Djian: analyse critique

Après une premier volume un peu décevant, Philippe Djian réussit avec la saison 2 de Doggy bag à intégrer complètement les codes de la série TV et fait peu à peu basculer la famille Sollens dans l’horreur. L’auteur de 37°2 le matin en profite pour améliorer un sens de l’intrigue qui n’a pas toujours été …

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Quels sont les auteurs les plus suivis sur Twitter ?

Une étude du site communautaire Babelio (de juin 2015) intitulée « Les écrivains et Twitter » s’est penchée sur la cote des « twitteurs des lettres ». Surprise, deux femmes tant du côté francophone qu’anglophone, arrivent en tête, en terme de nombre d’abonnés à leur fil d’actualité sur le réseau social:

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Interview d’Olivier Adam (2004): « La nouvelle vous demande de travailler sur des points de bascule, des moments cruciaux »

Olivier Adam fait un peu figure d’Ovni dans le paysage littéraire des trentenaires parisiens.
A tel point qu’il nous raconte qu’au cours d’une photo pour l’hebdo Paris-Match avec ses confrères écrivains parisiens, on lui demanda s’il « venait de Province ». Pas assez mondain Olivier ? « L’endroit le plus huppé que je fréquente c’est ce bar », nous avoue t’il avec un plaisir non dissimulé, en désignant le Café qu’il a choisi pour cette interview : le Café Turgot, dans le 9e arrondissement. Son repaire, juste à côté de la rue où il vit.
Nicolas Rey a été un des premiers à défendre ses livres bien que leurs univers soient assez éloignés mais leurs influences communes.

Rencontre avec Bernard Mourad, auteur de « Les actifs corporels » (2006)

Alors que Bernard Mourad a été nommé président du pôle des magazines français de Roularta (L’Express, L’Expansion, Mieux vivre votre argent…) en février 2015, retour 9 ans en arrière (eh oui déjà !) alors qu’il faisait ses débuts de romancier prometteur tout en menant en parallèle sa carrière brillante de banquier chez Morgan Stanley. Il accordait une interview à Buzz littéraire en mars 2006:
Pardessus bleu marine, costume raffiné et parapluie golf blanc, Bernard Mourad auteur de « Les actifs corporels » est fidèle à l’image (de banquier d’affaire) que l’on pourrait avoir de lui : une jeune homme chic et bien élevé (qui vous accueille avec un grand sourire même si cela fait dix minutes qu’il vous attend sous la pluie…).
A cette image lisse et sobre se superposent quelques scènes de son premier roman sombre et cynique (voir notre chonique) qui suscite l’engouement depuis sa sortie le 1er janvier 2006 aux éditions JC Lattès. Avec gentillesse et simplicité, il a accepté de répondre à toutes nos questions et satisfaire ainsi notre curiosité sur ce nouveau venu dans le paysage littéraire, bien parti pour compter ces prochaines années…

Femmes écrivains et canon littéraire : 4 idées reçues sur leur exclusion à l’école

Déjà en 2009, j’écrivais un petit « manifeste » interrogeant la notion de « grand écrivain » et le manque de visibilité flagrant des plumes féminines, qui restent les grandes absentes des programmes scolaires et dont l’entrée dans le canon littéraire officiel reste encore bien problématique (pour ces messieurs).
La dessinatrice et blogueuse Diglee s’en ait fait l’écho récemment dans un billet qui a fait le buzz (repris notamment par Le Monde : »Où sont les femmes ? Pas dans les programmes du bac littéraire » puis Libé, « Les femmes de lettres, ces grandes oubliées des programmes« ), dénonçant le totalitarisme de la pensée masculine notamment dans le monde des lettres.

Passion simple d’Annie Ernaux : « Le sens de cette passion est de ne pas en avoir »

Dans Passion simple, Annie Ernaux est claire dés le départ: le sujet de son œuvre ce sera Elle, sans mascarade, sans fards, sans pseudo transposition artificielle, tout juste des noms, des lieux masqués pour préserver son entourage et l’usage assumé du « je ». Elle déplore aussi à la fin de « Passion simple » : « (…) il est possible que l’obligation de répondre à des questions du genre « est-ce autobiographique ? », d’avoir à se justifier de ceci et cela, empêche toutes sortes de livres de voir le jour, sinon sous la forme romanesque où les apparences sont sauves. » En effet, il est de bon ton en France -et ailleurs (cf. Rachel Cusk avec « Aftermath »)- de dévaloriser, d’attaquer, d’insulter la littérature intimiste, rebaptisée par ses détracteurs « nombriliste » (et autres qualificatifs oiseux). Combien de pseudo critiques avons-nous lu, utilisant cette formule comme argument définitif pour juger de la qualité d’un livre, alors que tant de chefs d’œuvre viennent les contredire… ?

« Bret Easton Ellis, l’écrivain qui a fait le plus de tort à la littérature française »

Dans une interview « choc », le fondateur des éditions Tristram (qui éditent notamment Mehdi Belhaj Kacem, Hunter S. Thompson, J. G. Ballard ou William T. Vollmann), Jean-Hubert Gailliot, livre un constat assez sombre sur l’érosion du lectorat, mais aussi la qualité de la littérature française, à la culture flageolante et peut-être trop mimétique des Américains: Voici …

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Annie Ernaux condamne les attaques contre Valérie Trierweiler

L’auteur de « Les années » ou encore « Passion simple » qui à 22 ans écrivait dans son journal « vouloir venger sa race », son « cri de révolte », n’a rien perdu de sa verve féministe et s’est rangé en soutien de Valérie Trierweiler, auteur du best-seller « Merci pour le moment » dans lequel elle revient, entre autres, sur sa relation et rupture avec le président François Hollande.
Dans une interview récente, elle dénonçait notamment la vindicte sexiste dont elle a fait l’objet :

L’amant de Lady Chatterley de D.H Lawrence : La revanche du phallus

D.H. Lawrence a écrit trois versions de L’amant de Lady Chatterley. Le roman connu sous ce titre en est la troisième; celle considérée comme définitive par Lawrence et qu’il fit éditer à compte d’auteur, en mars 1928, quelques mois avant sa mort. Sa méthode d’écriture est assez prodigieuse. En effet, il s’agit de trois livres bien distincts, écrits à plusieurs mois d’intervalle les uns des autres, afin de laisser mûrir son projet. Ils ont tous été ré-écrits en toute autonomie, avec une trame commune et des variations. Aucun passage n’est strictement similaire, aucun dialogue semblable. Les quatre personnages centraux du roman – Lady Chatterley et Clifford son mari, le garde-chasse (qui change de nom selon les versions) et Mrs Bolton, la garde-malade de Clifford – fluctuent aussi beaucoup (leurs nom, origine sociale -en particulier celle du garde chasse-, psychologie et leurs rapports).

La lectrice dans le train, vue par Jonathan Coe et Paul Auster (extraits « Testament à l’anglaise » et « Trilogie New-Yorkaise)

Récemment, un nouveau compte Instagram voyait le jour pour célébrer des lecteurs anonymes plongés dans leurs bouquins dans le métro New yorkais. Il y aurait semble-t-il une fascination/un fantasme littéraire pour l’inconnu(e)-jeune le plus souvent- lisant dans les moyens de transport en commun, et plus traditionnellement lectrice (l’équivalent de la passante dans la rue qui alimente autant de fantasmes littéraires !). En particulier si cette dernière lit un des ouvrages de l’auteur narcissique par définition. Même si rien ne se passe nécessairement comme prévu…
lectrice dans le train metro
C’est cette rencontre transurbaine que décrivent avec pittoresque et humour deux mythiques auteurs anglo-saxons : le londonien Jonathan Coe dans sa satire socio-politique britannique « Testament à l’anglaise » et le New-Yorkais Paul Auster dans « Cité de verre ». Extraits :

Contes de la folie ordinaire de Charles Bukowski : la sacro-sainte lucidité de l’homme défoncé et dépravé

> »Contes de la folie ordinaire » de Charles Bukowski est paru en 1972 sous le titre original « Erections, ejaculations, exhibitions and general tales of ordinary madness », ce recueil de nouvelles, très dense, est l’une des pierres angulaires de l’oeuvre du mythique Beatnik, « vieux dégueulasse » ou « pas grand chose » comme il s’autoproclamait. Il fallut attendre la fin de la décennie pour pouvoir se procurer en France ce livre, sous un titre raccourci et surtout plus pudique…

Pas son genre de Philippe Vilain : « La philo nourrissait mon existence quand les magazines people dévoraient la sienne. »

« Pas son genre » de Philippe Vilain revisite le thème de la lutte des classes et du choc des cultures, devenu un classique de la littérature et du cinéma qui affectionnent particulièrement explorer ces relations amoureuses « contre-nature » entre statuts sociaux opposés. C’est presque le même duo que Pascal Lainé (avec la Dentellière en 1977) que choisit Philippe Vilain, pour son 7e roman (2011) en opposant le figure de la culture par excellence, le professeur (de philo) et son antithèse incarnée par la -jeune- coiffeuse, portée au cinéma en 2013 avec Emilie Dequenne dans le rôle de cette dernière (après avoir interprété en 2001 une femme de ménage dans le film éponyme qui séduit son patron, ingénieur son -Bacri- dans le film, écrivain dan le livre de Christian Oster dont il était adapté, plus optimiste sur la viabilité d’un tel couple).

Pays de neige de Kawabata: Tryptique japonais de feu et de glace

Analyse critique, avec extraits et citations de « Pays de neige » de Kawabata, son premier roman démontrant déjà toute sa virtuosité littéraire stylistique, hautement picturale. Il fut publié une première fois en 1935, sous forme de nouvelle avant d’être corrigé et enrichi de 11 textes complémentaires (publiées dans diverses revues littéraires) formant sa version finale de 1947, conforme aux exigences de l’auteur. En France, il a obtenu le Prix du Meilleur Livre Etranger en 1961. L’histoire de son écriture nous éclaire sur la structure spatio-temporelle singulière de ce roman énigmatique et allégorique, qui se joue sur trois saisons de part et d’autre d’un long tunnel entre deux mondes, entre deux femmes, réel et irréel…

« Home-writing » : quand les écrivains se font décorateurs d’intérieur… (autour de Moravia, Tanizaki, Anais Nin, Sagan, Colette…)

En regardant les photos des magazines déco (ou maintenant les « planches d’inspiration » des réseaux sociaux), l’imagination vagabonde… : on peut parfois se raconter toute une histoire rien qu’à la vue d’un salon, d’une chambre ou même d’un fauteuil… Certains romanciers (à commencer par les réalistes et les victoriens du XIXe siecle qui ont peut-etre inauguré cette tendance), l’ont bien compris et décrivent avec minutie les intérieurs de leurs personnages qui reflètent leurs personnalités, enrichissent leurs psychologies, tout comme la façon dont les personnages occupent et utilisent cet espace. A l’instar du « nature-writing », on pourrait peut-être ici parler de « home-writing » ?! 🙂
De l’appartement ultra-design et siglé de l’Upper East Side du glacial Patrick Bateman dans American psycho ou dans un tout autre genre les vieux châteaux venteux et inquiétants des Hauts de Hurle-Vent aux vastes cheminées et escaliers grinçants ! Ces décors jouent un rôle à part entière dans l’intrigue.

Demande à la poussière de John Fante: « On n’était pas vraiment en vie ; on s’en approchait, mais on n’y arrivait jamais. »

« Demande à la Poussière » (1939) de John Fante constitue le troisième quart d’un cycle autobiographique débuté en 1933 par La route de Los Angeles puis Bandini (1938) et beaucoup plus tardivement de Rêves de Bunker Hill (1982). Fante nous parle de l’intérieur comme personne et fait résonner en nous tous ces êtres perdus, tous leurs désirs et douleurs, toutes ces voix des bas fonds de Los Angeles.