Alexandra Galakof

Fondatrice et responsable éditoriale, depuis 2006 du site Buzz littéraire, pionnier sur son créneau, après une expérience riche en presse web et écrite (féminine, culturelle et professionnelle), Alexandra, qui préfère la série des Rougon-Macquart aux séries Netflix, féministe -attristée que l'histoire et oeuvres des femmes soient encore si invisibilisées...-, est aussi titulaire d'un Master 2 en langue et littérature anglaises. Sa recherche porte plus particulièrement sur le discours critique et l'histoire des idées littéraires et esthétiques au XVIIIe siècle, l'exclusion des femmes écrivains du canon littéraire ainsi que la construction de l'autorité littéraire et intellectuelle. Côté contemporain, son coeur penche, en toute subjectivité, vers la littérature française intimiste, existentielle et d'introspection qui porte aussi un oeil aiguisé sur les moeurs de l'époque. Allergique à l'élitisme ainsi qu'aux discours déclinologues -séculaires-, elle ne manque pas de découvrir aussi, à l'occasion, les succès de la pop culture pour ce qu'ils nous disent aussi de notre société :-) Une seule devise : ouverture d'esprit et le moins d'a priori possibles !

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Articles de cet auteur

La théorie de l’information d’Aurélien Bellanger : « Pascal croyait à la théorie de l’information comme à une théorie religieuse. »

Les romanciers en particulier français (de littérature générale), mais également anglo-saxons, n’ont encore que peu exploité les thèmes de la nouvelle économie et révolution des nouvelles technologies dite numérique ou digitale selon le terme américain. Du moins sous un angle socio-économique, les répercussions plus intimes ont en revanche été intégrées assez rapidement notamment la modification …

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Orléans de Yann Moix : ce que les collégiennes lui diraient si elles pouvaient parler…

Près de 2 ans après la polémique retentissante ayant accompagné la sortie d’Orléans (rentrée littéraire de sept. 2019), roman d’inspiration familiale de Yann Moix (histoire douloureuse qui avait déjà nourri son précédent pavé « Naissance » pour lequel il avait obtenu le prix Renaudot en 2013), je me suis décidée à le lire et partage …

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Mon année de repos et de détente d’Otessa Moshfegh : Disparition du domaine de la lutte

Mon année de repos et de relaxation est le deuxième roman de l’américaine Otessa Moshfegh qui s’est faite notamment remarquée avec son premier Eileen en 2015 ayant remporté plusieurs prix et un recueil de nouvelles. Cette nouvelle voix montante de romancière, repérée notamment par la revue littéraire Granta et collaboratrice du Paris Review, s’est déjà …

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La nuit a dévoré le monde de Martin Page : Confinement & Monde d’après

critique la nuit a dévoré le monde martin page

La nuit a dévoré le monde, 8e roman de Martin Page  publié en 2012, a suivi un itinéraire original puisqu’il a été originellement été publié, incognito, sous le pseudo à consonnance anglo-saxonne de Pit Agarmenn. Une façon de se réinventer dans l’univers dystopique très en vogue ces dernières années pour l’auteur connu plutôt pour son …

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« Le charlatan » de Vincent Zulawski : « Le pouvoir de la guérison par la création »

Vincent Zulawski le charlatan poésie

Il y a quelques mois, Sophie Marceau étonnait le public en annonçant sur son Instagram la sortie du recueil de poésie (dont le titre de cet article est extrait) de son fils Vincent Zulawski, après une épreuve difficile dont il s’est apparemment relevé avec brio : « Le charlatan et autres poèmes. » Pour sa première parution, …

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Gabriel Matzneff et son obsession des « Moins de seize ans » (et « Le consentement » de Vanessa Springora)

Les moins de seize ans, le très controversé essai de Gabriel Matzneff est à l’origine de sa « réputation de débauché, de pervers et de diable », selon ses propres termes. Dans cet ouvrage publié pour la première fois en 1974*, (resté longtemps introuvable en librairie et ré-édité récemment en 2005 par les éditions Léo Scheer), il dépeint et explicite, avec beaucoup de lyrisme, son « idée fixe », son « obsession » : les moins de 16 ans, filles ou garçons. Les « gosses », « les momichons et les momichonnes », comme il les surnomme

Le mythe du bon sauvage : Nature, Culture et controverses

Né au XVIe siècle, le mythe du bon sauvage s’est développé au siècle des lumières, au moment même où la civilisation occidentale tentait de renouveler ses valeurs. Dans un contexte intellectuel bouleversé par la critique des religions et la multiplication des voyages qui redéfinissent les frontières du monde, le Dieu des chrétiens est remis en …

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Femmes de plus de 40 ans recherchent désirabilité : figure de la femme mûre en fiction, entre cougar pathétique et rebut de la société

Si le sujet de la jeune fille succombant à l’homme d’âge mûr est un sujet/fantasme rebattu que Claire Castillon vient d’ailleurs de revisiter avec « Les messieurs », montrant notamment l’ambivalence de cette attirance dont le côté cérébral ne suit pas toujours le physique, ou du vieux libidineux séduisant une jeunette (Roth s’en étant fait une spécialité de « La tâche » à « La bête qui meurt »…), celui du désir et de la séduction chez la femme de plus de 40 ans semble encore relativement tabou ou rare, jugé indécent ou gênant (?). Quand il est abordé, chez les auteurs masculins (qui l’accable ou la tourne en ridicule) comme chez les écrivains femmes, leur portrait n’est guère flatteur ou optimiste comme le démontre le dernier roman remarqué « Celle que vous croyez » de Camille Laurens

Le complexe socio-culturel d’Olivier Adam et le mépris de la culture populaire (« Les lisières »)

Alors que je lisais Les lisières d’Olivier Adam, je m’amusais de l’écart entre l’image que l’on peut avoir de cet écrivain et la réalité finalement de ses idées, de son « idéologie », qui ressort de façon assez abrupte dans ce roman qui m’a assez étonnée (malheureusement dans le mauvais sens…).

Le désert des tartares de Dino Buzzati: « Et puis, on est pas tous nés pour faire des héros »…

« Le désert des tartares » de Dino Buzzati, publié en 1940 (en VF en 1949 , adapté au cinéma en 1976 ), est un roman majeur de cet écrivain et journaliste italien ayant connu un succès mondial qui ne se dément pas (ayant inspiré le Zangra de Brel). Cette fable philosophico-existentielle, (la non) épopée d’un jeune officier -en quête de gloire- affecté dans un fort au milieu du désert, est marquée du trauma des deux grandes guerres et s’inscrit sous le prisme de plusieurs influences de l’époque : de la plus évidente Kafkaïenne (reniée par l’auteur) aux existentialistes de Sartre à Camus en passant par la montagne magique de Thomas Mann…

Le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, « Guérir l’âme par les sens, guérir les sens par l’âme » (1)

Publié en 1891, Le Portrait de Dorian Gray (« The picture of Dorian Gray » en VO), chef d’œuvre classique d’Oscar Wilde est l’unique roman de cet homme de théâtre, célèbre dandy et chef de fil des esthètes* d’essence romantique « fin de siècle ». Roman du scandale, jugé « immoral » et « pervers » par la critique victorienne de l’époque… et prémonitoire du tragique destin de l’auteur (emprisonné par la suite). A son propos, Oscar Wilde a confié : “Basil Hallward is what I think I am: Lord Henry what the world thinks me: Dorian what I would like to be- in other ages, perhaps.” Pour l’anecdote, il tirerait son idée géniale de la réflexion réelle d’un jeune-homme entendue dans l’atelier d’un peintre. Initialement longue nouvelle publiée dans le Lippincott’s Magazine, il a fait l’objet d’ajouts ultérieurs pour sa publication en volume. C’est ainsi qu’autour du motif central constitué par le pacte fantastique entre Dorian et son portrait, s’entrelace une multitude de thèmes et même de formes empruntant à la poésie, au théâtre, à la philosophie et même aux arts décoratifs ! Roman du narcissisme et de la fatuité, réflexion métaphysique et métaphorique sur l’art et la vie, le bien et le mal, roman fantastique, noir ou encore conte philosophique…

Carnets du sous-sol (Notes d’un souterrain) de Dostoïevski: « C’est que je ne peux pas vivre sans exercer ma puissance et ma tyrannie sur quelqu’un. »

Les Carnets du sous-sol ou Notes d’un souterrain de Dostoïevski est devenu un livre un peu à part dans la bibliographie du maître russe d’abord par sa taille (court, il est parfois considéré comme une longue nouvelle) et par sa fonction de « laboratoire » condensant tous les grands thèmes de ses grandes œuvres (« Crime et châtiment », « L’Idiot » et « les frères Karamazov »).

Il n’est reste pas moins un livre culte pour les adeptes de l’auteur et son narrateur, aussi désespéré que fielleux une sorte d’icône des « asociaux frustrés et vengeurs », ce que Nietzshe, qui disait qu’il « était le seul qu’il lui ait appris quelque chose en psychologie », baptisa en 1887 « l’homme de ressentiment » dans sa « Généalogie de la morale ».

De la Femme, Du Féminisme, De Bénédicte Martin, de Nabilla, d’Eve et Pandora…

En mars 2014, Bénédicte Martin publiait « La femme » son 4e livre, dont la couverture faisait une nouvelle fois scandale 11 ans après son recueil Warm up en 2003 dont la couverture avait été jugée tout aussi « choquante ». Objet du courroux ? Le corps féminin, encore et toujours, éternelle entité problématique…

Le loup des steppes d’Herman Hesse : « La folie, au sens élevé du terme, est le fondement de toute sagesse »

Publié en 1927, « Le loup des steppes » est considéré comme le chef d’œuvre d’Herman Hesse, écrivain allemand, Nobel de littérature en 1946, inspiré par la religion hindouiste, la psychanalyse de Jung ou encore le romantisme classique d’un Goethe.
Ce roman, censuré pendant le régime nazi (pour ses thèses anti-militaristes), puis devenu roman culte des années 60 et 70 (notamment récupéré par le mouvement hippie et beat generation bien que Kerouac ne l’aimât pas), adoubée comme « œuvre phare de la littérature du XXe siècle », marque de son influence de nombreux auteurs contemporains

« Bel-ami » de Maupassant : « Il avait cueilli sans peine son âme légère de poupée. »

La publication de « Bel ami » de Maupassant, en 1885 fit grand bruit, confirmant les précédents succès de l’auteur avec ses nouvelles (dont « Boule de Suif ») et son roman « Une vie ». Sa satire des milieux du journalisme, de la politique et de la finance mais aussi l’immoralité voire la perversité de son héros ont saisi l’opinion. Alors écrivain reconnu mais aussi grand chroniqueur, Maupassant dira en riant : « Bel-Ami, c’est moi ».
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« Valley of the Dolls » de Jacqueline Susann : « It’s a brutal climb to reach that peak (…) You never knew what was really up there… »

C’est en 1966 que Jacqueline Susann publie Valley of the Dolls (« La Vallée des poupées »), qui deviendra un best-seller record vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires. En 1967, « La vallée des poupées » est adaptée dans un film éponyme où Susann y fait une brève apparition. Abordant notamment les thèmes de la drogue ou de l’homosexualité, le roman déchaîne les critiques…

L’étranger d’Albert Camus : « C’est à cause du soleil »… (1/2)

L’Etranger, ce bref premier roman d’Albert Camus, auréolé du titre de « livre de poche le plus vendu en France » avec ses 6,7 millions d’exemplaires écoulés en Folio, publié en 1942, traduit en 40 langues et adapté au cinéma par Luchino Visconti en 1967, aura connu une postérité qu’un Sartre (par ailleurs ardent et enthousiaste critique dans Situations I*) lui envierait.

« Grand écrivain » au féminin : le jugement littéraire aux mains des hommes (2/2)

Après avoir identifié les raisons et les mécanismes qui permettent à un auteur d’être consacré socialement comme « Grand écrivain » et d’accèder à la postérité, dans la première partie de cet article, penchons-nous maintenant sur les conséquences de la situation actuelle :

« Grand-écrivain » au féminin : la bataille de la visibilité (1/2)

A l’occasion de la Journée de la femme, le 8 mars prochain, je vais m’intéresser, au cours de ces prochaines semaines, à différentes facettes du rapport entre femmes et littérature. J’avais précédemment esquissé une réflexion sur le sexe de la littérature. Pour débuter cette série de billets, j’aimerais m’interroger sur la rareté des femmes élevées au rang de « grand écrivain ». Ce titre honorifique, ce « statut » décerné par la postérité et qui fait qu’un écrivain marquera son siècle et les suivants, qui fait que son œuvre sera lue de génération en génération et deviendra une référence. Premier constat, le titre n’existe qu’au masculin. Et pour cause, ces messieurs y sont sur-représentés. Les femmes seraient-elles donc de piètres plumes, y aurait-il un manque de talents littéraires féminins ? Non, bien sûr il n’en est rien. Virginia Woolf plaidait dans son essai « Une chambre à soi », la cause de l’absence de conditions matérielles pour écrire. Mais les contre-exemples d’écrivains désargentés et maudits pullulent… Non, je vois pour ma part une autre explication de ce déséquilibre flagrant :

L’étranger d’Albert Camus: « De toute façon on est toujours un peu fautif »… (2/2)

Suite de la chronique : Les interprétations données à l’Etranger (un roman volontairement ambigu, Roman de la fatalité : mourir pour la vérité, La dénonciation de l’hypocrisie sociale, L’étranger, un roman colonialiste ? L’interprétation politique : une fausse bonne idée…)