Dans son nouveau roman « Celle que vous croyez » où elle explore les affres de la cinquantaine côté femme, alors que son (anti-)héroïne, internée en hôpital psychiatrique, souffre du désintérêt masculin pour cause de dépassement de « date de péremption » et s’invente une nouvelle jeunesse sur Facebook, Camille Laurens a choisi de rendre hommahe à la mémoire de l’écrivain canadienne Nelly Arcan, auteur notamment du roman choc « Putain », suicidée en septembre 2009 :
Au journal Libération, elle explique pourquoi elle a choisi de lui dédier son dernier opus, et son rapport à l’univers littéraire de l’écrivain hantée par son apparence physique et la violence du regard masculin, tandis que l’auteur de « Romance nerveuse » souhaitait parvenir « à dire quelque chose du féminin qui ne peut pas se dire mollement » :
« Je l’avais lue, et je l’ai surtout beaucoup relue cet été, quand je suis allée au festival d’Avignon où une pièce était adaptée de son œuvre. Nelly Arcan s’est suicidée à 36 ans. Elle était très belle, et déchirée entre l’obsession de plaire – elle avait subi une opération de chirurgie esthétique dès 30 ans – et la constatation que cela seul marchait dans sa vie. Elle ne pouvait pas se libérer de cette obsession de la beauté mais le désir qu’elle suscitait la détruisait. Dans son texte «La Honte», elle raconte comment elle s’est sentie humiliée lors d’une émission de télévision où on lorgnait son décolleté au lieu de lui parler de son livre. »
A propos de son roman, elle confie avoir voulu « parler des projections, des fantasmes, de la façon dont on imagine l’autre, travailler sur la relation entre la virtualité au début d’une histoire d’amour (l’idéalisation, espérer que ça va marcher, se montrer sous son meilleur jour), la virtualité totale d’Internet, et puis la rencontre, brutale, réelle. Comment accommoder le fantasme avec la réalité. » Des thèmes qui font écho au roman (bien moins dramatique toutefois !) de Nina Bouraoui, « Appelez-moi par mon prénom ».
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