« Boys, boys, boys » de Joy Sorman, avec son titre inspiré de la chanson de Sabrina (80’s), difficile de deviner ce qui se cache dans les pages de ce roman, 11ème prix de Flore en 2005, sorti en poche récemment. Comme cela arrive souvent, la quatrième de couv’ ne reflète pas vraiment ce roman qui flirte avec l’essai et l’enquête sociétale. Citation : « …le récit d’une fille qui prend les armes et choisit son camp (…) pour s’inviter chez les garçons, s’emparer de leur parole virile – être féministe autrement ».
Romans générationnels
Sélection de romans, essais, nouvelles des nouvelles générations X ou Y...: au coeur de la ville et de son ultra-moderne solitude, les adulescent(e)s tentent de devenir adulte, de surmonter leurs doutes et autres angoisses existentielles, de s'adapter ou même de conquérir le monde !
« Podium » de Yann Moix, Vivre (et mourir) à travers l’Autre
Qui n’a pas entendu parler de « Podium », le grand succès de Yann Moix paru en 2002 et adapté au cinéma (par lui-même) en 2004 avec force matraquage médiatique ? Vu de l’extérieur, l’ensemble laisse redouter la grosse comédie de boulevard à grosses ficelles commerciales. De plus, « une histoire de sosies de Claude François » n’est pas forcément très attrayante… Sans être un chef d’oeuvre, « Podium » est un roman bourré d’énergie et d’inventivité qui explore sous ses apparences burlesques et parfois un peu excessives, les thèmes de l’identité, du fanatisme, des rêves d’enfance et de la nostalgie…
Anissa Corto de Yann Moix, La science amoureuse des femmes
Le troisième roman de Yann Moix, Anissa Corto, qui l’avait déjà fait connaître du grand public en 2000, fait partie de ses meilleurs livres, l’un de ses plus « violents » selon ses propres termes, écrit en trois ans, dans la droite lignée de ses deux précédents « Jubilations vers le ciel » et « Les cimetières sont des champs de fleurs » (qui forment une trilogie sur l’amour fou : un de leurs chapitres respectifs reprend d’ailleurs à chaque fois le titre du roman précédent). On connaît Yann Moix principalement comme l’auteur de « Podium », son livre à succès sur le monde des sosies et de Claude François en particulier, adapté au cinéma avec Benoît Poelvoorde.
« La belle vie » de Jay McInerney : Les golden boys de « Trente ans et des poussières » à l’épreuve de la vie post 11 septembre et de la quarantaine…
« La belle vie » de Jay McInerney marque le retour de l’oiseau de nuit de Manhattan, à 52 ans, écrivain star de la jeunesse dorée et branchée des années 80, adepte des nuits blanches sulfureuses dopées à la coke aux côtés de son ami Bret Easton Ellis (qui n’a pourtant pas été tendre avec lui dans son Lunar Park où il apparaît sous le pseudo de « Jayster », son alter-ego diabolique !). Ce nouveau et septième roman rompt avec son registre habituel. Présenté comme la suite de son roman « Trente ans et des poussières », l’insouciance hédoniste et les futilités snobs de ses personnages font ici place à un ton plus grave et émouvant, face à la tragédie du 11 septembre.
« Le cosmonaute » de Philippe Jaenada, Guerre conjugale
« Le cosmonaute » de Philippe Jaenada nous entraîne dans une toute nouvelle aventure de l’auteur, après avoir suivi sa « vie de jeune-homme », comme il l’appelle, dans ses trois premiers opus dont le célèbre « Le chameau sauvage » (prix de Flore 97), « Néfertiti dans un champ de canne à sucre » et « La grande à bouche molle ». Celle de la paternité mais aussi et surtout celle de la vie (rangée, dans tous les sens du terme !) en couple, celle de l’engagement, de la fidélité et de la stabilité. Après sa vie de célibataire légère et fluctuante, son nouveau héros est désormais casé… jusqu’aux dents ! Sa case ressemble à une prison, aussi hermétique qu’une combinaison de cosmonaute C’est donc derrière le hublot qu’il nous donne de ses nouvelles et livre ainsi un témoignage poignant sur une vie de couple extrême.
Dans l’alcôve des filles : les romans « girly » du moment
Posologie : Si vous avez plus de 35 ans, que la légèreté et le second degré ne font pas partie de vos habitudes, que vous êtes allergique à la presse féminine et/ou que vous appartenez à l’autre moitié de l’humanité, il est recommandé de ne pas aller plus loin dans la lecture de ce billet. Les effets secondaires pourraient être en effet dramatiques ! Pour les autres, bonne nouvelle : les histoires (et déboires) des trentenaires citadines sont de retour ! De Paris à Tokyo… « Sept filles en colère » du collectif de journalistes Sonia Bricout, Claudine Colozzi, Mounia Daoudi, Hélène Piot, Sophie Prévost, Elizabeth Tchoungui et Lucile Vanweydeveldt, « Cabine commune » de Delphine Bertholon (photo ci-contre, RGM), « Le sac de fille » de Marie Desplechin et le poignant « Vibrations » de la japonaise Akasaka Mari : petite sélection de « Chick lit » moderne (pas guimauve)…
« Méfie-toi des fruits », « Plaisir d’offrir, joie de recevoir »: Promenade subjective dans les jardins d’Anna Rozen
Anna Rozen fait partie de ces romancières particulièrement représentatives de cette littérature « nouvelle génération » qui est l’objet même du Buzz littéraire. Cette quadra épicurienne (génération 60’s) possède un charme et une fraîcheur dont on ne se lasse pas de roman en roman et sur ses quelques échappées tels « Le petit garçon qui n’existait pas », un livre illustré avec Dupuy et Berbérian (également auteurs de la couverture de son dernier opus « Vieilles peaux ») ou encore une ode à Stevie Wonder (« Encore » chez Naïve éditions). Anna Rozen c’est un spleen acidulé, une loseuse joyeuse, une sensibilité malicieuse d’écorchée. Elle aime la chair, les hommes, les plaisirs, bref la vie la vie même si celle-ci le lui rend rarement. Ces histoires gardent souvent un goût amer où le bonheur se fait discret (ou articificiel comme dans son Bonheur 230)… Une écriture gourmande, provocatrice, tout en rondeur même pour nous raconter le plus acide ou le plus cru. Une plume nue, vraie et pourtant pudique, jamais obscène même si elle est explicite. C’est une grande soeur pétillante et fantasque dont on se sent immédiatement complice et proche. Des romans courts, vifs et denses, sans complexe, dont on se délecte et qui font réfléchir. On ne peut s’empêcher de penser à Bridget Jones quand on lit Anna Rozen, ce qui ne lui ferait sans doute pas plaisir. Mais une Bridget libre, toute en nuance et en subtilité, qui serait filmée par un Claude Sautet ou un Patrice Chéreau (celui d' »Intimité » notamment). Un univers très féminin et sensuel sans aucune mièvrerie ou stéréotypes, bien au contraire. Une certaine violence et lucidité habitent ces écrits avec toujours cet humour si particulier, sa petite musique, en arrière plan. Florilège :
Women de Charles Bukowski : L’aura aphrodisiaque de l’écrivain
Women de Charles Bukowski: carnet de bord anatomico-sexuel de ses conquêtes réelles ou fantasmées. « La Vie amoureuse d’une hyène » comme il la surnomme. Ses « coups » bons (« juteux » selon son expression) ou pathétiques qui s’enchaînent sur près de 400 pages, presque plus vite que l’auteur n’a le temps de remonter son caleçon entre une Mindy ou une Debra… Il fallait oser les aligner en série et les étudier comme on ferait un rapport clinique en livrant les détails les plus bruts et crus de ses « baises » qui ont lieu le plus souvent sans préliminaires (de galanterie ou toute autre précaution préalable…).
« Les chiennes savantes » de Virginie Despentes : Sexe et poupées de sang…
Avec « Les chiennes savantes » son deuxième roman, Virginie Despentes transforme en 1995 son fracassant coup d’essai de « Baise moi » et poursuit son exploration des milieux interlopes du sexe et d’une certaine jeunesse en marge, à la dérive. Elle pointe toujours son stylo en forme de flingue sur des personnages féminins forts et fragiles
« Le sens du combat » de Michel Houellebecq : Expansion du vide intérieur… et hyper-réalité entre ciel et sang
« Le sens du combat » de Michel Houellebecq, constitue son troisième recueil de poèmes en vers et en prose, composé en 1996 et récompensé par le Prix de Flore. Il déploie dans une soixantaine de textes répartis en 4 grandes parties, toutes les obsessions de l’auteur développées dans ses romans, en particulier Extension du domaine de la lutte en 1994 puis dans Les particules élémentaires en 1998. Sa lecture est oppressante, âpre, douloureuse et fascinante à la fois.
De « Superstars » à « Héroïne » d’Ann Scott : Passion sulfureuse et destructrice entre filles de la génération techno…
Avec la sortie de son deuxième roman Superstars, Ann Scott, ex-musicienne et mannequin devenue écrivain,proche de Virginie Despentes et de Patrick Eudeline, est sacrée auteur culte en 2000, à l’âge de 35 ans, après un 1e opus « Asphyxie ». Ce roman (étiqueté « pop » et « générationnel ») dense, moite, sensuel doux et violent à la fois est empli de la sueur des dance-floors, de ses effluves hallucinogènes, des bits hypnotiques de la musique électro-techno des années 80-90 (chère à la célèbre DJ Sextoy décédée en 2002, amie de l’auteur ayant inspiré le roman) mais aussi des larmes des héroïnes… C’est aussi et surtout une palpitante histoire d’amour passionnée, une histoire de dépendance, de jalousie amoureuse dans « le milieu des filles »…
« Les morsures de l’aube » de Tonino Benacquista : Cavale nocturne à la poursuite d’oiseaux de nuit sanguinaires…
« Les morsures de l’aube » de Tonino Benacquista, publié en 1992 aux éditions Rivages Noir, ce célèbre roman, adapté sur grand écran par Antoine de Caunes, (avec Guillaume Canet, Asia Argento, Gérard Lanvin…) en 2001, est avant tout une sublime ode au monde de la nuit parisien et à ses « créatures ». Ses oiseaux de nuit mi-fantasmatiques, mi-énigmatiques, mystérieux, sensuels et parfois dangereux…
« Anthologie des apparitions » de Simon Liberati en poche : Ivre de la jeunesse et des nuits troubles perdues…
A chaque rentrée littéraire, son phénomène d’édition. Simon Liberati fut celui de septembre 2004 avec son premier roman au titre envoûtant : « Anthologie des apparitions », publié à l’âge de 44 ans et actuellement vendu à près de 20 000 exemplaires. « Poulain » de Frédéric Beigbeder alors éditeur chez Flammarion, cet ancien journaliste (pour FHM et 20 ans) a été acclamé par une partie de la critique comme nouveau roman culte sur la grâce et la destruction adolescente au « désanchantement enchanteur », « possèdant l’éclat des futurs petits classiques », « le roman ourlé d’un moraliste » selon Libération, et accusé d’autre part de n’être qu’un roman parisianiste branché de plus dans la veine trash-bourgeoise-nihiliste (dont Alain Soral aurait rewrité plusieurs pages). Faut-il ou non lire Simon Liberati ? C’est l’occasion de vous faire une opinion puisque le roman vient de sortir en poche (J’ai lu – « Nouvelle génération »)…
Le Diable s’habille en Prada de Lauren Weisberger, « A million girls would kill for this job ! »
C’est en 2003, que Lauren Weisberger alors âgée de 26 ans, publie Le Diable s’habille en Prada (« The Devil wears Prada » en VO), son premier et désormais célébrissime roman,, un best-seller mondial vendu dans 30 pays, écoulé à près d’un million d’exemplaires en France et devenu film en 2006 avec Meryl Streep et Anne Hathaway dans les rôles titres. Après ses études, la jeune auteur a passé une année chez « Vogue » dans l’espoir de devenir journaliste, « une expérience apocalyptique » qui deviendra sa source d’inspiration. Elle travaille ensuite pour un magazine de voyages tout en suivant un atelier d’écriture. « Le professeur nous demandait une petite histoire par semaine.
« Je prends racine » de Claire Castillon, Une « vieille fille » d’aujourd’hui
« Je prends racine », deuxième roman de Claire Castillon paru en 2001 (à l’âge de 26 ans) est l’un de ses grands succès qui a même longtemps été en projet d’adaptation au cinéma par la réalisatrice Marion Vernoux (sans suite à l’heure actuelle). Inévitablement rapproché de sa cousine d’Outre-Manche, Bridget Jones, Cécile Valette, l’anti-héroïne de son livre n’a pourtant en commun avec l’anglaise que sa situation de célibataire et son âge (30 ans). Pour le reste, elles sont presque opposées. L’humour de Claire Castillon est radicalement plus cynique et glacial que les gentillets et légers déboires d’Helen Fielding.
« King Kong théorie » (2) : une interview de Virginie Despentes
Continuons de nous pencher sur ce nouveau livre qui risque de faire beaucoup parler de lui et attise la curiosité (et perplexité). Une interview de Virginie Despentes permet d’en savoir plus sur en vrac : l’étrange titre de son livre, la « classe dominante » de la féminité, le rapport à son physique, à sa féminité propre, sa nouvelle homosexualité, son opinion à contre-courant sur le viol et la prostitution. Dans les coulisse de King kong théorie, son pamphlet féministe choc…
« Tout à l’égo » de Tonino Benacquista, Variations insolites sur les mystères de la psychée et de l’identité…
C’est sous sa casquette d’auteur de littérature « blanche » que l’on préfère, sur le Buzz littéraire, l’auteur des célèbres polars « La Madone des sleepings » ou encore « Les Morsures de l’aube »… Romancier, scénariste et nouvelliste, Benacquista ne se sent pas écrivain mais avant tout « conteur ». Et il est vrai que cette revendication s’affirme pleinement dans ce recueil de dix nouvelles très construites et hyper efficaces reposant sur un mystère à élucider et une chute. Initialement parues dans une kyrielle de volumes et revues (de Jazzman au Nouvel Economiste), l’écrivain y explore les mécanismes de la psychée, du moi, du surmoi, du passé et ces petits incidents (ou accidents) qui peuvent, un jour, bouleverser notre routine quotidienne ou conduire à des révélations existencielles… Inventives et captivantes, mâtinées d’étrangeté, elles surprennent à chaque fois le lecteur qui se laisse emporter dans les réseaux souterrains de ce « tout à l’ego » qui peut parfois déborder au point de tout inonder…
Cantique de la racaille de Vincent Ravalec : Grandeur et décadences d’un jeune truand arriviste…
Cantique de la racaille paru en 1994, deux ans après le succès d’estime de son premier recueil de nouvelles « Un pur moment de rock’n roll », est le roman, couronné du (premier !) prix de Flore, qui l’a révélé au public (et qu’il a adapté en 1998 au cinéma avec Samy Naceri et Yvan Attal, visuels ci-contre). Roman dont l’atmosphère a été qualifié à l’époque par le Figaroscope « à mi-chemin entre Robert Doisneau et Jean Genet »… Le trentenaire autodidacte, ne se doutait pas qu’il deviendrait chef de file de la nouvelle garde littéraire et porte parole de la « génération d’Un monde sans pitié » dans les années 90.
« Indecision » de Benjamin Kunkel : Parcours initiatique d’un adulescent new-yorkais en quête de certitudes
Auréolé des recommandations dithirambiques de Joyce Carol Oates (« un roman drôle, profond, avec un sens aigu de l’absurde…) », de Jay Mc Inerney (« le plus drôle et le plus intelligent des romans sur la crise post-adolescence pré-adulte ») et d’une flopée de grands journaux new-yorkais (The New York Observer, Vogue, The New-York Times : « Ce roman post-moderne, post-tout impertinent et drôle semble développer sans ironie aucune une conscience sociale…), le phénomène Kunkel, auteur d’un premier roman « Indecision » ne peut qu’intriguer (et alimenter de grandes espérances…). Mais les mésaventures de ce trentenaire new-yorkais et globe trotter, en proie à une indécision maladive tiennent-elles vraiment leurs promesses ?
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