Dans une interview donnée au journal « Le Monde » en février 2011, les deux grandes écrivains françaises dont la plume s’inspire directement de leur vécu, analysent dans quelle mesure l’auteur doit éventuellement se censurer pour préserver son entourage. Des réponses intéressantes au regard des récents polémiques et procès pour « atteinte à la vie privée » subis par plusieurs auteurs s’étant inspirés de proches dans leurs romans (cf: procès de Nicolas Fargues et Patrick Poivre d’Arvor :
Paroles d’auteurs / éditeurs
Entretien avec Nicolas Fargues, prix France-Culture Télérama 2011, pour son roman « Tu verras »
Nicolas Fargues a remporté, le 16 mars 2011, lors du Salon du Livre à Paris, le prix France-Culture Télérama pour son huitième roman « Tu verras » qui vient relancer son œuvre, après deux derniers opus moins plébiscités (« Beau rôle » et « Le roman de l’été »). Un titre qui fait écho à la fameuse sentence parentale « Tu verras quand tu seras grand… » et dresse un portrait père-fils dérangeant et émouvant qui rompt quelque peu avec le cynisme habituel de l’auteur :
Un jeune auteur raconte ses salons du livre…
Alors que s’ouvre le Salon du livre 2011 Paris, l’une des plus grandes messes de l’édition, un jeune auteur, François Beaune remarqué lors de la rentrée littéraire 2009 pour son premier roman « Un homme louche », raconte avec humour son expérience des salons littéraires (du salon du livre à Brive jusqu’au salon du premier roman à Draveil…). Ambiance, dédicaces et auto-marketing…, pas toujours évident de se transformer en bête de foire pour un écrivain :
« On ne peut pas faire réfléchir le lecteur si on ne l’a pas diverti pendant les 300 premières pages » : Interview de John Irving
L’auteur du « Monde selon Garp » ou encore de « La part de Dieu, l’Oeuvre du diable », habitué aux best-sellers… et aux louanges des critiques, doit son succès à ses livres foisonnants retraçant des destins hors du commun, peuplés de féministes combatives et de pères absents, abordant la crainte de perdre l’être aimé, la condition de l’écrivain ou encore les troubles de la sexualité, sur fond d’histoire américaine.
Virginie Despentes (et Charlotte Roche) vue(s) par Nelly Arcan (et retour sur un Renaudot très chahuté…)
Depuis son arrivée fracassante sur la scène littéraire en 1993 avec le célèbre et tonitruant « Baise-moi », Virginie Despentes n’a cessé d’être tour à tour fustigée ou adulée. Inaugurant une nouveau style (qualifiée de « trash » alliant oralité nerveuse, sulfureuse et réalisme urbain) puisant dans les milieux underground, celle qui aura « donné un coup de pied à la littérature bourgeoise » ne fera jamais l’unanimité. Et ce n’est pas l’obtention du prix Renaudot en cette rentrée littéraire 2010 qui fera changer d’avis ses détracteurs toujours choqués par « sa vulgarité » ou son image trop « négative » de la société… Yann Moix lynchait son travail dans le magazine Transfuge (« Elle bâcle avec effort, dans un souci de plaire déguisé en mépris de crachat, des romans où les hommes et les femmes n’existent que sous forme de femmes, elles-mêmes cadenassées dans de simples figurations schématiques relevant, au mieux, du spectacle de marionnettes. ») tandis qu’Edouard Nabe furieux que le prix lui passe sous le nez commentait au Nouvel Obs « Sacrer le couple Houellebecq-Despentes, c’est dramatique ». Christophe Ono-dit-Biot, écrivain et directeur adjoint du Point saluait au contraire sa plume qui a « fait entrer la modernité dans la littérature » et signe « l’avènement d’une nouvelle génération » avec laquelle nous avons « réappris à lire ».
Souvent rapprochée de l’auteur d‘Apocalypse bébé, Nelly Arcan qui se déclarait comme l’une de ses « grandes admiratrices », lui consacrait une de ses chroniques dans un journal de Montréal et interrogeait les valeurs de ses nouvelles héroïnes et les stéréotypes féminins (en la comparant notamment à Charlotte Roche, autre défrayeuse de chronique) :
« La carte et le territoire » de M.Houellebecq : « un projet aristotélicien » selon F.Beigbeder
Après la préface de Michel Houellebecq d’Un roman français et l’intégration de Frédéric Beigbeder comme personnage de « La carte et le territoire », l’intéressé consacre sa dernière chronique pour le magazine Lire à ce roman qui fait beaucoup couler d’encre :
Bret Easton Ellis revient sur l’écriture de « Suites impériales »… et « American psycho »
A l’occcasion de la sortie de son nouvel opus, le père de Patrick Bateman accorde de nombreuses interviews et participera à de nombreux évènements (dont le Festival America à Vincennes les 24 et 25 septembre prochain). Il commente notamment l’écriture de « Suites impériales »… et règle quelques malentendus d’interprétation sur American psycho… L’occasion aussi de s’expliquer sur sa petite phrase polémique twittée sur la mort de Salinger :
Littérature, autofiction, génération, blog, facebook… vus par Virgine Despentes
A l’occasion de la parution de son nouveau roman « Apocalypse bébé » en cette rentrée littéraire 2010, Virginie Despentes confie ses nouvelles influences littéraires et commente son époque (Internet…) et sa génération… :
« J’écris huit lettres par jour. J’ai plus de 2 000 correspondants » Amélie Nothomb
Comme à chaque rentrée de septembre, le rituel nouveau roman d’Amélie Nothomb paraît, plus ou moins réussi… 2010 est un bon cru ! Dans « Une forme de vie », l’écrivain belge au chapeau noir se met de nouveau en scène à travers une relation épistolaire passionnée avec un G.I retenu en Irak. L’occasion de s’exprimer sur la relation, parfois extrémiste, avec ses lecteurs et le courrier colossal qu’elle reçoit et gère… :
La dure vie d’auteur pour la TV et le cinéma… (blog)
Si les aspirants écrivains se plaignent souvent du parcours de combattant jusqu’à la publication, ils n’ont rien à envier à la condition de scénariste. Un auteur dévoile sur son blog les dessous du milieu hostile de la télévision et des productions ciné. Où l’on apprend notamment l’existence d’un mystérieux projet ciné (parodie) avec un « célèbre écrivain » qui pourrait bien être Frédéric Beigbeder… :
Pourquoi ne cesse-t-on d’analyser Kafka ?
Bernard Lahire, professeur à l’école normale supérieur de Lyon, publie un essai sociologique sur l’œuvre de Kafka, “Eléments pour une théorie de la création littéraire”, à travers notamment le prisme de son héritage paternel. Il livre dans une interview les raisons qui expliquent, selon lui, que tant d’analyses aient été écrites sur l’auteur de La métamorphose et la fascination qu’il ne cesse d’exercer :
« C’est un livre qui doit être sexy, qui doit donner envie de faire l’amour » : Nina Bouraoui commente son dernier roman
En résonance avec le dossier « Le potentiel érotique de la littérature » qui interrogeait le rapport entre littérature et érotisme, il est intéressant de lire les propos de Nina Bouraoui (qui publie un nouveau roman « Nos baisers sont des adieux », un livre qu’elle qualifie de « répertoire amoureux », composé de portraits, de 1972 à nos jours où la narratrice se remémore ses rencontres et liaisons d’Alger, à Paris en passant par, Berlin, Zurich…), écrivain à l’écriture charnelle et organique, sur ce sujet :
L’étrange destin de l’écrivain Anne Rice…
La célèbre auteur d’Entretien avec un vampire, aux 100 millions de livres vendus, même si elle ne connaît plus le succès d’autrefois, continue d’écrire (elle publie actuellement « L’heure de l’ange »), recluse dans sa somptueuse villa de Palm Springs et n’oublie pas de se tenir au courant de ce qui se publie :
« Salinger est un des plus grands publicitaires de son temps » selon Jonathan Coe…
Le virulent (et truculent !) auteur satiriste de « Testament à l’anglaise » ou encore du dyptique « Bienvenue au club » et « Le cercle fermé » est actuellement en promo en France pour la sortie de sa biographie de l’auteur anglais B.S.Johnson (« Histoire d’un éléphant fougueux »), encore assez underground, une oeuvre « expérimentale, subversive » selon ses termes. Jonathan Coe donne au passage son avis sur l’actu littéraire et dévoile le thème de son prochain roman :
Interview Estelle Durand et Claire Duvivier fondatrices des éditions Asphalte, « Nous ne voulons pas d’un texte arrivé chez nous « par hasard » »
Nous vous annoncions il y a quelques semaines la naissance d’une nouvelle maison d’édition, Asphalte, axée sur la littérature urbaine, le voyage et les contre-cultures. Rencontre avec Estelle Durand et Claire Duvivier, les deux jeunes éditrices, toutes deux âgées de 28 ans, qui l’ont fondée, retour sur leur parcours et leur vision de l’édition indépendante, le rôle d’Internet… :
Petite discussion entre écrivains : Quand Frédéric Beigbeder rencontre Nicolas Fargues…
L’un pourrait être le chef de file de la littérature nouvelle génération, tout auréolé du prix Renaudot 2009 et l’autre son petit frère de lettres, sept années les séparant. Buzz littéraire a réuni ces deux écrivains dont les univers et styles nous semblaient converger jusqu’aux titres de leurs derniers romans respectifs qui se font écho, « Un roman français » et « Le roman de l’été« . Comme l’a souligné l’auteur de 99 francs : « Nous avons en commun d’appartenir à ce monde que nous tournons en dérision à travers des dialogues comiques, en jouant avec le langage et les codes de notre époque. Je suis peut-être plus cynique tandis que Nicolas est plus lucide avec des nuances. »
La conversation a donc été immédiatement fluide entre ces deux auteurs qui se connaissaient, se suivaient de loin. Un entretien riche qui dévoile leurs points communs et où ils échangent sur leur approche de l’écriture, la nostalgie des années 70/80, le name-dropping, leurs voyages, « la chaleur » en littérature, l’émotion, la précision, les générations, la violence mais aussi la société française, l’histoire ou la langue… On ne les arrête plus !
Sur le roman « cinématographique » par Martin Page (blog)
Sur son blog, l’écrivain Martin Page s’indigne d’un journaliste qui comparait un roman à un scenario et clarifie le rapport entre les deux arts (cinéma et littérature) en rappelant que ce dernier précéde le premier et a donc inventé avant lui bon nombre de techniques… Pas faux !
« Je suis un écrivain normal » de Michel Houellebecq (nouvelle écrite pr le Prix de Flore)
Chaque année, le lauréat du Prix de Flore est censé écrire une nouvelle. Retour en arrière, en 2001, où Michel Houellebecq (prix de Flore 1996 pour l’un de ses recueils de poème, « Le sens du combat ») s’acquitte de la tâche alors qu’il connaît un succès grandissant, avec son ton caustique tranquille habituel :
Alexandre Jardin vu (démoli) par Eric Chevillard…
Les polémiques et autres attaques assassines (pour la cible) et souvent jouissives (pour les auditeurs/lecteurs) sont le propre du milieu littéraire. « L’art de la méchanceté » comme l’écrivait le magazine littéraire dans son dossier sur le thème des haines d’écrivains. « C’est l’arme la plus étincelante de la raison contre la puissance des ténèbres et de la laideur. La méchanceté (…) est l’esprit de la critique, et la critique est à l’origine du progrès et des lumières de la civilisation » faisait même dire Thomas Mann à l’un de ses personnages dans « La montagne magique ». C’est ainsi qu’Eric Chevillard avait suscité l’enthousiasme avec son pamphlet sur le pauvre Alexandre Jardin qui vient de publier la suite de Fanfan, son grand succès (Quinze ans après). Intitulé « Le tombeau d’Alexandre Jardin » et publié à l’origine dans la revue Hesperis en 2000 (sous la houlette de Pierre Jourde, spécialiste du genre s’il en est !), cet article sarcastique prenait pour prétexte la lecture de son roman « Autobiographie d’un amour ». Extraits :
Derniers commentaires