Dans son dernier roman « A l’estomac » adaptation française du titre original « Haunted », Chuck Palahniuk repousse les limites de l’horreur et de la violence. Comparé à un « loft littéraire » version trash ou à « une version littéraire de Jackass » selon la formule de Frédéric Beigbeder, Palahniuk se penche ici sur les affres de la création littéraire à travers les péripéties cauchemardesques de 23 écrivains wanna-be, conviés à venir écrire dans « un environnement calme, loin de l’agitation du quotidien et propice à la création ». Une retraite « paisible » (un vieux théâtre désaffecté) qui leur réservera en réalité les pires surprises allant jusqu’à les conduire à l’automutilation ou au cannibalisme.
Tranches de livres
Partage d'extraits choisis... au gré des pages des livres contemporains "nouvelle génération" ou classiques-modernes.
Descriptions, opinions marquantes, truculentes, émouvantes ou iconoclastes, il suffit parfois de quelques lignes pour vouloir en savoir plus !
« Les lecteurs : une race curieuse », par Christian Authier (Une si douce fureur)
Mais qu’est ce qui peut bien motiver les lecteurs à se plonger dans des feuilles imprimées alors que la vie offre tant de sensations autrement plus réelles et tangibles ? Une question à laquelle Christian Authier, auteur sensible, répond. Et rend ainsi un bel hommage au formidable et indispensable pouvoir de la fiction… L’impossibilité de vivre sans « traîner avec des livres dans les poches et des phrases dans la tête »…
L’ennui est il le vrai hédonisme ? Extrait de 99 francs de Frédéric Beigbeder
Extrait de son roman culte « 99 francs » (rebaptisé « 14,99€ ») où Frédéric Beigbeder s’interroge sur la relation entre hédonisme, ennui, la quête perpétuelle d’échappatoires et vivre le moment présent…
Les samedis soirs vus par le petit malheureux (Guillaume Clémentine)
« Le petit malheureux » est l’unique et mémorable roman de Guillaume Clémentine, écrit à l’aube de sa trentaine. Dans ce livre étonnant, il décrit l’existence d’un érémiste parisien, looser magnifique tout à la fois oisif, ivrogne à ses heures, fumiste et surtout terriblement attendrissant derrière son cynisme de façade. Particulièrement doué en théorie, il nous livre celle des « samedis soir » : « glauque », « calme » ou « agité. Une petite typologie truculente !
17 ans et 546 jours : une nouvelle inédite de Nicolas Rey dans Madame Figaro
Saison estivale oblige, les magazines offrent leurs pages aux romanciers pour cette époque propice à la lecture. Dans son dernier numéro, le Madame Figaro consacré à l’île de Ré invite le romancier Nicolas Rey (dont le dernier roman, Vallauris plage, est paru en juin dernier) à conter un « souvenir d’été » inédit en forme de nouvelle. Il choisit de se remémorer son adolescence (une tendance décidément très en vogue chez les trentenaires !) et joue ainsi le refrain amer des premières désillusions à travers un joli récit frais et attachant, où le jeune narrateur, entraîné par une maudite Mathilde dans une impasse sentimentale, échoue sur l’Ile de Ré… Une coïncidence amusante avec son premier roman « Treize minutes » où le jeune romancier, non encore journaliste pour le Figaro, écrivait ironiquement dans ses premières pages à l’occasion d’une soirée étudiante : « Sur la piste j’ai vite repéré une petite qui semblait tout droit sortie d’un reportage du Figaro Magazine sur les familles nombreuses en vacances à l’île de Ré. » Les afficionados peuvent encore, pendant quelques jours, se la procurer d’urgence en kiosque !
Découragement existientiel : Extrait de « Néfertiti dans un champ de canne à sucre » de Philippe Jaenada
Extrait de Néfertiti dans un champ de canne à sucre de Philippe Jaenada choisi par la blogueuse Satinella, alias Alexandra Geyser qui souligne l’écho ressenti à certains moments d’une « impression de désœuvrement, de vanité, une profonde lassitude… »
La disparition de l’abandon corporel : Extrait de Plateforme de Michel Houellebecq
L’écrivain Michel Houellebecq a su disséquer comme personne la tragédie du désir occidental, la misère sexuelle et les frustrations qui en découlent. Dans son ouvrage Plateforme, qui traite notamment du tourisme sexuel, il analyse les causes de cette « crise des corps », qui selon lui rend incontournable le sexe vénal…
La beauté japonaise vue par Amélie Nothomb (extrait de « Stupeur et tremblements »)
Dans son huitième roman « Stupeur et tremblements », paru en 1999 et grand prix de l’Académie française, la célèbre romancière belge Amélie Nothomb raconte son terrible stage dans une grande entreprise japonaise qui prend la forme d’un véritable exercice d’humiliation infligée notamment par sa belle supérieure hiérarchique qui la fascine. L’occasion pour la jeune femme d’analyser la beauté nippone dans un pays qui brime encore ses femmes avec un certain sexisme…
L’art du bain voluptueux par Lily la tigresse d’Alona Kimhi (Extrait)
L’épicurienne et gironde Lily s’adonne aux plaisirs du bain sous la plume sensuelle de l’écrivain israëlienne Alona Kimhi. Une ode au corps et aux plaisirs aquatiques propices aux souvenirs érotiques (roman paru en janvier 2006)… : « J’ôte le bouchon du flacon de cristal et en verse le contenu dans la baignoire qui se remplit lentement. Dans la transparence de l’eau, le violet foncé des cristaux de sel vire au lilas clair. Des particules élémentaires se détachent puis s’accolent. Transparence et couleur. Ecoulement et stase. Je me déshabille avec plaisir. Chaque partie de mon corps a subi aujourd’hui un traitement qui lui donne droit à ce bain.
L’épreuve du téléphone amoureux, Extraits de « Virgin suicides » de Jeffrey Eugenides et « Jubilations vers le ciel » de Yann Moix : « Je ne suis plus qu’à un chiffre d’elle »…
La bande d’adolescents fascinés et obsédés par les cinq mystérieuses soeurs Lisbon dans le roman culte de Jeffrey Eugenides, Virgin suicides, analyse pour leur camarade, un brin nigaud, de Trip Fontaine, le tombeur du lycée, les rudiments de la séduction au téléphone… Un art risqué ! Yann Moix qui développe des héros obsessionnels assez proches de ceux d’Eugenides a lui aussi décortiqué l’appel téléphonique à son amoureuse quand on a que 12 ans :
Ecrire la douleur par Poppy Z. Brite (Ames perdues)
Chanter l’amour, le plaisir, le bonheur, le bien-être sont des thèmes littéraires plutôt classiques mais décrire et écrire la douleur extrême, en particulier physique est un exercice plus compliqué. Comment rendre par des mots l’indicible ou l’insoutenable des chairs meurtries ou du corps broyé, sans verser dans le film gore et sans ellipse… La romancière Poppy Z. Brite excelle dans ce domaine, comme en témoigne ces quelques extraits de son premier roman « Ames perdues » :
Extrait de « Les juins ont tous la même peau », par Chloé Delaume
« Je ne sais pas parler aux morts. Enfin, aux morts que je ne connais pas, que je n’ai jamais connus, que je ne pourrais jamais connaître. Parler aux anciens morts tous proches minaudant déjà loin, je sais. Autant qu’aux déjà presque morts. Mais aux corps étrangers, à ces osso-buco filandreux génétiques, à ceux qui ne …
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