Alors qu’elle sort son nouvel opus « Mémoire de fille » qui revient sur ses 18 ans à la fin des années 50, Annie Ernaux s’est livrée récemment à l’exercice traditionnel des « conseils aux jeunes/aspirants écrivains ».
Forte d’une longue « vie littéraire » comme elle la qualifie, entamée en 1974 avec « Les armoires vides », auréolée de plusieurs prix, la virtuose de « l’écriture plate » et des récits d’auto-sociobiographie (ne dites surtout pas « autofiction » !) comme « La place », « Passion simple » ou « Les années », confie au passage son sentiment -mitigé- sur les plumes qui s’expriment sur le Net, contrairement à une Virginie Despentes enthousiaste:
« [Mon premier conseil est de ne] vraiment pas chercher à plaire. D’aller au bout de l’histoire qu’ils possèdent en eux, et de ne jamais avoir de complaisance envers ce qu’ils écrivent. Je leur conseille de lire beaucoup. En même temps, il y a de jeunes écrivains, des filles et des garçons, qui ont déjà une voix. Quand on écrit, on tombe tout de suite dans un marché. Je suis frappée par le désir de certains jeunes auteurs, très pressés d’être reconnus, d’exister. Tous ces textes mis sur Internet, un phénomène qui se répand, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne méthode. Vous trouvez toujours des gens qui vous disent que c’est bien, alors vous êtes content. On ne va pas jusqu’au bout de sa propre vérité, qui peut d’ailleurs être dans l’imaginaire. (…) Ne jamais se décourager. Encore que je comprenne qu’on se décourage. J’ai une longue «vie littéraire» derrière moi, et je vois combien ça reste hasardeux d’écrire. »
(source: interview à Libération, 01/01/16)
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