Dans son nouveau thriller « La vie secrète des écrivains » (16e roman, avril 2019), Guillaume Musso, le roi des best-sellers en France et à l’international, livre une mise en abyme sur son métier d’écrivain à succès et sur l’écriture et répond indirectement à travers son personnage d’écrivain misanthrope « Salingérien » retiré sur une île, à ses détracteurs, notamment sur son style « commercial ». On y découvre, avec une certaine délectation, ses remarques souvent bien senties sur le microcosme de l’édition, l’art de raconter une histoire, les ingrédients narratifs essentiels ou encore ce qu’est un bon livre… Florilège :
Les dessous de la vie d’un écrivain
« L’existence d’un écrivain est le truc le moins glamour du monde. Tu mènes une vie de zombie, solitaire et coupée des autres. Tu restes toute la journée en pyjama à t’abîmer les yeux devant un écran en bouffant de la pizza froide et en parlant à des personnages imaginaires qui finissent par te rendre fou. Tu passes tes nuits à suer sang et eau pour torcher une phrase que les trois quarts de tes maigres lecteurs ne remarqueront même pas. C’est ça, être écrivain. »
Les éditeurs dans le colimateur
« Les éditeurs sont des gens qui voudraient que tu sois reconnaissant quand ils te disent en deux phrases ce qu’ils pensent de ton livre, alors que tu as trimé deux ans pour le faire tenir debout. Des gens qui déjeunent jusqu’à 15h00 dans les restaus de Midtown ou de Saint-Germain-des-Prés pendant que tu te brûles les yeux devant ton écran, mais qui t’appellent tous les jours si tu tardes à signer leur contrat. Des gens qui aimeraient être Max Perkins ou Gordon Lish, mais qui ne seront jamais qu’eux-mêmes : des gestionnaires de la littérature qui lisent tes textes à travers le prisme d’un tableau Excel. Des gens pour qui tu ne travailles jamais assez vite, qui t’infantilisent, qui savent toujours mieux que toi ce que veulent lire les gens ou ce qui est un bon titre ou une bonne couverture. »
L’essentiel d’une bonne histoire
« L’essentiel, c’est la sève qui irrigue ton histoire. Celle qui doit te posséder et te parcourir comme un courant électrique. Celle qui doit te brûler les veines pour que tu ne puisses plus faire autrement que d’aller au bout de ton roman comme si ta vie en dépendait. C’est ça, écrire. C’est ça qui fera que ton lecteur sera captif, immergé, et qu’il perdra ses repères pour se laisser engloutir comme tu l’as toi-même été. »
Les bons et mauvais écrivains
« Je n’appartiens pas à la clique des mauvais écrivains qui prétendent n’écrire que pour eux-mêmes. Tout ce qu’un auteur écrit pour lui- même, ce sont des listes de courses, qu’il peut jeter ses achats terminés. Tout le reste […] sont des messages adressés à quelqu’un d’autre. »
Sur le plaisir de lire
« C’était en partie pour cela que j’aimais autant lire. Pas pour fuir la vie réelle au profit d’un univers imaginaire, mais pour revenir vers le monde transformé par mes lectures. Plus riche de mes voyages et de mes rencontres dans la fiction et désireux de les réinvestir dans le réel. »
Le style au service de l’histoire
« Le style n’était pas une fin en soi. La première qualité d’un écrivain était de savoir captiver son lecteur par une bonne histoire. Un récit capable de l’arracher à son existence pour le projeter au cœur de l’intimité et de la vérité des personnages. Le style n’était que le moyen d’innerver la narration et de la rendre vibrante. »
L’émotion avant tout
Un roman, c’est de l’émotion, pas de l’intelligence. Mais pour faire naître des émotions, il faut d’abord vivre. Il faut que tu ressentes physiquement les émotions de tes personnages. De tous tes personnages : les héros comme les salauds.
Concrètement, c’est quoi le problème de mon écriture ?
— Elle est trop sèche. Je n’y sens pas d’urgence. Et surtout, le plus grave, c’est que je n’y sens pas d’émotions.
Rencontrer un écrivain, un non-sens
« Comme Margaret Atwood, je pense que vouloir rencontrer un écrivain parce qu’on aime son livre, c’est comme vouloir rencontrer un canard parce qu’on aime le foie gras. »
Apprendre à écrire
« Aucun conseil n’a jamais rendu un écrivain meilleur (…)
Personne ne peut t’apprendre à écrire. C’est quelque chose que tu dois apprendre seul. »
Guillaume Musso livre sa vision du métier d’écrivain et tacle les éditeurs
Dans son nouveau thriller « La vie secrète des écrivains » (16e roman, avril 2019), Guillaume Musso, le roi des best-sellers en France et à l’international, livre une mise en abyme sur son métier d’écrivain à succès et sur l’écriture et répond indirectement à travers son personnage d’écrivain misanthrope « Salingérien » retiré sur une île, à ses détracteurs, notamment sur son style « commercial ». On y découvre, avec une certaine délectation, ses remarques souvent bien senties sur le microcosme de l’édition, l’art de raconter une histoire, les ingrédients narratifs essentiels ou encore ce qu’est un bon livre… Florilège :
Les dessous de la vie d’un écrivain
« L’existence d’un écrivain est le truc le moins glamour du monde. Tu mènes une vie de zombie, solitaire et coupée des autres. Tu restes toute la journée en pyjama à t’abîmer les yeux devant un écran en bouffant de la pizza froide et en parlant à des personnages imaginaires qui finissent par te rendre fou. Tu passes tes nuits à suer sang et eau pour torcher une phrase que les trois quarts de tes maigres lecteurs ne remarqueront même pas. C’est ça, être écrivain. »
Les éditeurs dans le colimateur
« Les éditeurs sont des gens qui voudraient que tu sois reconnaissant quand ils te disent en deux phrases ce qu’ils pensent de ton livre, alors que tu as trimé deux ans pour le faire tenir debout. Des gens qui déjeunent jusqu’à 15h00 dans les restaus de Midtown ou de Saint-Germain-des-Prés pendant que tu te brûles les yeux devant ton écran, mais qui t’appellent tous les jours si tu tardes à signer leur contrat. Des gens qui aimeraient être Max Perkins ou Gordon Lish, mais qui ne seront jamais qu’eux-mêmes : des gestionnaires de la littérature qui lisent tes textes à travers le prisme d’un tableau Excel. Des gens pour qui tu ne travailles jamais assez vite, qui t’infantilisent, qui savent toujours mieux que toi ce que veulent lire les gens ou ce qui est un bon titre ou une bonne couverture. »
L’essentiel d’une bonne histoire
« L’essentiel, c’est la sève qui irrigue ton histoire. Celle qui doit te posséder et te parcourir comme un courant électrique. Celle qui doit te brûler les veines pour que tu ne puisses plus faire autrement que d’aller au bout de ton roman comme si ta vie en dépendait. C’est ça, écrire. C’est ça qui fera que ton lecteur sera captif, immergé, et qu’il perdra ses repères pour se laisser engloutir comme tu l’as toi-même été. »
Les bons et mauvais écrivains
« Je n’appartiens pas à la clique des mauvais écrivains qui prétendent n’écrire que pour eux-mêmes. Tout ce qu’un auteur écrit pour lui- même, ce sont des listes de courses, qu’il peut jeter ses achats terminés. Tout le reste […] sont des messages adressés à quelqu’un d’autre. »
Sur le plaisir de lire
« C’était en partie pour cela que j’aimais autant lire. Pas pour fuir la vie réelle au profit d’un univers imaginaire, mais pour revenir vers le monde transformé par mes lectures. Plus riche de mes voyages et de mes rencontres dans la fiction et désireux de les réinvestir dans le réel. »
Le style au service de l’histoire
« Le style n’était pas une fin en soi. La première qualité d’un écrivain était de savoir captiver son lecteur par une bonne histoire. Un récit capable de l’arracher à son existence pour le projeter au cœur de l’intimité et de la vérité des personnages. Le style n’était que le moyen d’innerver la narration et de la rendre vibrante. »
L’émotion avant tout
Un roman, c’est de l’émotion, pas de l’intelligence. Mais pour faire naître des émotions, il faut d’abord vivre. Il faut que tu ressentes physiquement les émotions de tes personnages. De tous tes personnages : les héros comme les salauds.
Concrètement, c’est quoi le problème de mon écriture ?
— Elle est trop sèche. Je n’y sens pas d’urgence. Et surtout, le plus grave, c’est que je n’y sens pas d’émotions.
Rencontrer un écrivain, un non-sens
« Comme Margaret Atwood, je pense que vouloir rencontrer un écrivain parce qu’on aime son livre, c’est comme vouloir rencontrer un canard parce qu’on aime le foie gras. »
Apprendre à écrire
« Aucun conseil n’a jamais rendu un écrivain meilleur (…)
Personne ne peut t’apprendre à écrire. C’est quelque chose que tu dois apprendre seul. »