La langue française contre l’obscurantisme terroriste (sommet de la Francophonie 2016)

A l’occasion du 16e Sommet de la Francophonie qui a eu lieu à Madagascar, fin novembre 2016, François Hollande a notamment mis l’accent sur le rôle et l’importance de la langue et de la culture francophones dans la lutte contre le terrorisme et la radicalisation. La transmission de ses valeurs et l’éducation sont au coeur des priorités :

[quote]Le français est la langue de la raison, de la liberté, de l’émancipation[/quote]

Dans son discours d’ouverture devant la vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernement présents, le président français a présenté la francophonie comme « une force » ouverte à l’international alors que le français est la « deuxième langue enseignée dans le monde », représentant plus de 250 millions de locuteurs, et 750 millions d’ici trente ans comme il l’a rappelé.
On se rappellera au passage qu’en 2014, une étude de la banque d’investissement Natixis (nuancée par divers experts toutefois), sur la base de ses projections démographiques (en particulier l’essor de l’Afrique), avait même pronostiqué que la langue de Molière pourrait bien devenir la langue la plus parlée dans le monde ! Ainsi dans un espace francophone multilingue, le français joue le rôle fédérateur de lingua franca.

Carte de la francophonie (cliquez pour agrandir)

[quote]Ensemble nous partageons une langue ouverte au monde[/quote]

Dans le contexte sensible des récentes tragédies terroristes et de la radicalisation islamiste, il a plus particulièrement souligné les valeurs dont notre langue est porteuse : « des valeurs de liberté et des ambitions dans tous les domaines, économiques culturels, scientifiques », « le droit à la diversité et le refus de l’uniformisation », mais aussi et surtout « la langue de la raison, de la liberté, de l’émancipation » qui a « proclamé l’universalité des Droits de l’Homme et du Citoyen ». Ce fameux esprit critique hérité des lumières et que l’on cherche à juste titre, à stimuler et favoriser plus que jamais (voir article) !
Ainsi, au-delà d’un héritage linguistique et d’une langue communes, les pays francophones partagent aussi une certaine vision du monde qu’ils se doivent de promouvoir : « nous avons les mêmes objectifs, les mêmes volontés, les mêmes engagements. » a mis en avant Hollande.

Autant de valeurs qui, selon lui, sont aujourd’hui la cible des extrémistes fanatiques qui ne les « acceptent pas », mais qui qui doivent plus que jamais être transmises à la jeunesse dont il fait « la grande priorité ». A ce sujet, il précise : « Nous n’avons pas le droit d’abandonner des jeunes sans repères, de les laisser ainsi vulnérables, atteints par les mensonges des mouvements fondamentalistes », a-t-il poursuivi.

L’Afrique, continent porteur de l’essor de la francophonie

Le besoin pressant d’enseignants français

Pour que cette mission soit menée à bien, il cite plusieurs volets d’actions comme le soutien à la diffusion d’œuvres aux francophones ou encore la formation de 100.000 enseignants en Afrique (via l’Institut français) qui souffre actuellement d’un déficit de 180.000.
Le rayonnement de la langue française et de ses valeurs a en effet plus que besoin d’un « Airbus francophone éducatif” pour former les maîtres, selon l’expression du professeur Michel Guillou, directeur de l’Institut pour l’étude de la francophonie et de la mondialisation. Il rejoint ainsi Michel Foucher, auteur de l’Atlas de l’influence française au XXIe siècle qui déplorait la faiblesse de la France ne subvenant qu’à 1 % de cet enseignement via ses établissements à l’étranger laissant le reste à la charge des Etats, souvent pauvres en moyens (itw donnée aux Inrocks en 2014).

Objectif : l’instauration « d’un réseau francophone de lutte contre la radicalisation pour échanger des informations, des pratiques efficaces et mettre en place des programmes (de dé-radicalisation) où cela est nécessaire »

On se souviendra ici de la situation que décrivait Fatou Diome dans Le ventre de l’Atlantique (exemple de la prolifération des écoles coraniques au Sénégal face au manque de moyens du gouvernement pour l’éducation).

Enfin, le développement économique apparaît également comme une condition essentielle permettant d’assurer « la paix et la stabilité » comme l’a remarqué le président malgache Hery Rajaonarimampianina.

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L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) réunit 54 Etats membres, 23 observateurs et 3 membres dits associés.

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