La bibliothérapie a le vent en poupe et donne lie à de nombreuses anthologies recensant les livres qui font du bien ou susceptibles de nous aider à traverser une épreuve difficile. Les écrivains se prêtent aussi à l’exercice et partagent avec nous les romans et livres qui les ont accompagné en cas de baisse de morale, à l’instar de Catherine Pancol, elle-même reine des livres « feel good » sur son blog. Contre toutes attentes, c’est du côté des classiques du XVIIe siècle ou du XIXe, avec La Rochefoucauld et Flaubert qu’elle a tiré force intérieure :
« Je me souviens d’une autre fois où je sombrais dans le chagrin, je me noyais, je me noyais quand ma main est tombée sur un volume de La Rochefoucauld. Sauvée ! J’étais sauvée ! Je prenais mon petit-déjeuner en lisant ses Maximes, ses réflexions diverses, ses Mémoires. Il y avait un passage qui me mettait de belle humeur et gommait mon chagrin, celui où La Rochefoucauld raconte le projet de mariage entre la Grande Mademoiselle (la sœur de Louis XIV) et le duc de Lauzun. Ce passage-là, je le recommande à tous les neurasthéniques, les mélancoliques, les échoués dans la crique…
Pour décrire la sœur du Roi, par exemple, il emploie ces mots : « quarante-cinq ans, avare, rude et orgueilleuse ». On la voit, elle est croquée. Pour Lauzun : « assez mal fait de sa personne, d’un esprit médiocre, et qui n’a pour toute bonne qualité que d’être hardi et insinuant ».
« Hardi et insinuant » devenait un toboggan que je dévalais en éclatant de rire. « Hardi et insinuant » ! On imagine le bonhomme, fourbe, manipulateur, pervers, fou de lui-même, poussant ses pions dans l’ombre pour servir son ego. Je lui collais de fines moustaches, un long nez fin, des joues creuses, des yeux ombrés de jaune, – jaune bilieux-, lui flanquais une épée sur le côté, des bas blancs, un chapeau de Mousquetaire et le duc de Lauzun sautait à ma table de petit déjeuner ! Il m’entretenait des potins de la Cour et du cœur de sa promise qu’il n’aimait pas bien sûr, mais dont le prestige viendrait rehausser la pâleur de la maison de Lauzun en le plaçant à la droite du Roi.
Je buvais mon thé, posais mon livre et lisais à voix haute les mots de La Rochefoucauld et, quand j’avais fini, le soleil fondait sur moi en grosse boule de bonheur et séchait mon chagrin. Je rayonnais, je bichais, je sautais tel un kangourou dans mon appartement et descendais dans la rue en glissant sur la rampe de l’escalier…
Plus tard encore, alors qu’un autre chagrin me terrassait et me laissait les bras en croix, je remontai la pente en lisant la correspondance de Flaubert. Il y avait trois tomes de La Pléïade à l’époque (aujourd’hui, il y en a cinq !) et j’allai mieux dès le milieu du premier tome en papier bible. Une fois encore les mots l’avaient emporté sur l’adversité.«
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