Les deux patrons respectivement de la chaîne de grande distribution Leclerc et du site de vente Amazon.fr (Frédéric Duval) se sont récemment livrés à un petit échange de tacles sur le réseau social professionnel Linkedin suite à la publication dans le magazine L’Opinion (le 29 avril 2021) d’une tribune sous forme d’utopie ou de dystopie futuriste selon le côté par lequel on le regarde… :
Sur son compte Linkedin, Michel Edouard Leclerc, ravi, commentait son oeuvre en ces termes : « C’est avec plaisir (et un peu d’espièglerie) que je me suis livré à cet exercice. Il y est question de la disparition à venir du géant de la livraison pour des raisons qui devraient vous étonner.«
Intitulé « En 2025, Amazon plie les gaules, » il s’amuse à imaginer une France « tel le village d’Astérix » qui « aura su résister à la Légion Amazon. » Le moyen par lequel cette petite prouesse aurait eu lieu n’est autre que le retour à une économie agraire assez paradoxalement (après tout la décroissance est dans l’air du temps en effet !), ce sont donc les chevaux (quid de l’exploitation des animaux toutefois ?!) qui remplacent les drones pour assurer la livraison :
« En investissant massivement en deux ans sur la livraison à cheval, les enseignes tricolores ont pu déployer un système original, dans des centres-villes désormais interdits à la circulation de camionnettes, même électriques. Le coup de grâce est venu l’an dernier d’une directive européenne, interdisant le survol des villes par les drones commerciaux. Amazon se voyait alors privé d’un atout majeur pour contrebalancer l’implantation locale des distributeurs. »
Frédéric Duval, le directeur général d’Amazon France, lui-même très actif sur Linkedin, réagissait dans un post assez fourni à son « uchronie » qu’il qualifie un brin ironique de « géniale » et lui suggère même de se « pencher sur l’achat de ses droits pour en faire une série sur Prime Vidéo !«
Il s’amuse ensuite à broder sur le principe animalier :
« Tout de même … Pour filer la métaphore, les chevaux et charrettes qui livreront les villes dans lesquelles les véhicules, même électriques auront été interdits, risquent d’être moins pratiques, moins rapides, moins flexibles que les oies et pigeons voyageurs qu’Amazon aura entrainés et qui livreront les citadins en moins de trente minutes :-).«
Et pour finir argue à son concurrent de l’inégalité commerciale du territoire français pour valoriser son service tout en tentant de l’inviter à la coopération :
« Ah oui, … aussi … Michel Edouard, n’oublions pas qu’un Français sur deux vit dans une ville de moins de 10,000 habitants, Amazon c’est l’égalité des chances face à l’acte d’achat pour tous les Français où qu’il se trouve sur le territoire en offrant 300 millions de références différentes à la vente et livrées partout en France.
Bref, je crois au contraire qu’Amazon ET les distributeurs Français seront bien là en 2025, que la stigmatisation aura cessé et que la contribution de chacun d’entre eux sera reconnu dans notre bon pays de cocagne. Ils répondront à la demande des clients qui deviendront de plus en plus exigeants souhaitant plus de choix, des prix bas et une livraison rapide !«
Les commentateurs des posts s’interrogent quant à eux sur la possibilité d’une vraie alternative française performante pour contrer la plateforme logistique de Jeff Bezos ou sur la disparition de « l’expérience sociale » constituée par les courses face à la montée de livraison sans contact robotisée. Peut être la source d’inspiration d’un prochain roman (qui reste encore peu nombreux à s’attaquer à l’économie digitale) en attendant de pouvoir être concrétisée…
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