Alors que l’affaire DSK continue de mobiliser l’actualité, retour sur les différentes réactions, plus ou moins heureuses, des écrivains (de Catherine Millet à Régis Jauffret en passant par Jay Mc Inerney, Angot ou Despentes…) interrogés par la presse, ces derniers temps :
Catherine Millet dans une interview donnée à Rue89 le 24 juin 2011 :
« Les réactions les plus critiques sur l’affaire DSK, je les ai entendues chez des libertins. C’est un milieu où l’on s’autorise beaucoup de choses, mais avec une règle du jeu. En général, c’est le consentement mutuel. Un vrai libertin ne s’autorise des choses qu’avec des femmes consentantes. »
(…) « Cette affaire révèle le féminisme dans ses pires aspects. Les femmes apparaissent comme des êtres très faibles qui ont besoin de la protection d’un juge contre tous les hommes qui risquent de les agresser.
Plutôt que de créer des associations pour aider les femmes à déposer des plaintes et payer des avocats, les féministes feraient mieux de leur apprendre à considérer ces agressions sexuelles avec une certaine distance, à les relativiser, à renforcer leurs « défenses naturelles ». Il faut aider les femmes à être fortes par elles-mêmes plutôt qu’en se réfugiant derrière la loi. »
(…) Je risque de choquer, mais je ne comprends pas les femmes qui se disent traumatisées, sévèrement traumatisées par un viol. Une agression, c’est toujours traumatisant, bien sûr si le viol s’est fait avec violence, si vous risquez de perdre votre intégrité physique. Mais s’il n’y a pas eu ce genre d’agression, de menaces avec une arme, de coups, c’est un traumatisme qu’on peut surpasser comme n’importe quelle violence ordinaire. »
Yann Moix sur le site « La règle du jeu » (dirigé par Bernard-Henri Lévy), qui avait vigoureusement défendu Polanski lorsqu’il était poursuivi pour viol sur mineur (cf : son ouvrage « La meute ») déplorait l’emballement médiatique autour de cette affaire dans une chronique en date du 2 juillet 2011 « La désaffaire » : « Dominique Strauss-Kahn, quels que soient ses actes, fut immédiatement considéré comme un coupable et un présumé. Alors qu’il est sans doute un innocent et un supposé. Je suis certain que l’emballement ayant créé le consensus de sa culpabilité va se muer en un emballement opposé, mais tout aussi rapide, mais tout aussi mécanique, mais aussi instantané, mais aussi aveugle, consistant à le reconnaître immédiatement innocent, naturellement innocent, de toute éternité innocent. La culpabilité va se transformer en innocence avec la même légèreté, le même empressement, que l’innocence s’était transformée en culpabilité. On va défaire l’Affaire. »
Dans une deuxième chronique intitulée « DSK et Bugs Bunny », il ajoute : « On en oublierait presque, qu’au milieu de tout ça, il y a un être humain : à force de dire « DSK », d’écrire « DSK » cet homme est devenu un logo ; une firme ; une société à lui tout seul. Je m’appelle D-S-K, je dirige le F-M-I et je défends les couleurs du P-S. Ca fait beaucoup d’initiales, tout ça. Dominique Strauss-Kahn est un homme « initialisé », formé par des lettres, comme BNP ou SNCF : vidé de chair, on lui en injecte volontiers quand il s’agit du péché du même nom. »
Régis Jauffret, dans une interview donnée aux Inrocks, répond à la question « Le héros ou l’héroïne que vous aimeriez être ? » : « Anne Sinclair. Je ne savais pas qu’on pouvait à ce point aimer« .
Jay McInerney donnait sa vision de new-yorkais de l’inculpation de DSK et la fascination qui en résulte. Dans les colonnes du quotidien britannique The Independent, dans un article intitulé « Les riches et puissants en menottes : l’une des grandes attractions touristiques de New York », l’auteur de « Bright lights, big city », il expliquait que, si l’arrestation de l’ex-directeur général du FMI avait déclenché « des réactions d’indignation » en Europe, elle avait beaucoup moins choqué les New-Yorkais . Le romancier américain a assisté, le 6 juin 2001, à l’audience du tribunal pénal de Manhattan lorsque l’es directeur du FMI a plaidé non coupable. Il a aussi répondu aux questions du magazine Le Point, le 21 juin 2011 : « Je suis fasciné par cette affaire et par la réaction des Français. Je pense que les démocrates américains et lecteurs du New York Times comme moi ont toujours considéré la France comme un phare et une inspiration en matière de pensée rationnelle mais que, de plus en plus, nous avons l’impression que la gauche française est incroyablement en retard sur la question des droits des femmes. Nous avons ici un cas où une femme membre de la classe travailleuse et de la minorité noire a été prétendument agressée par un homme puissant et riche, et de supposés défenseurs des libertés sont indignés, non pas au nom de la plaignante, mais au nom de celui qui appartient à leur caste privilégiée. Cette affaire n’a rien à voir avec du puritanisme ou du sexe. Il y est question de violence et de coercition. (…)
Les New-Yorkais ont été fascinés par cette histoire. La plupart ne savaient pas qui est Dominique Strauss-Kahn, mais le sentiment général dans la ville, c’est que nous sommes fiers de vivre dans un pays où la police écoute une modeste femme de chambre et n’a pas peur d’arrêter un homme influent. Depuis les années 1980, nous sommes habitués à voir de hauts responsables être promenés devant les caméras en menottes, et il faut dire que nous aimons ça. »
Au début de l’affaire en mai 2011, Frédéric Beigbeder avait aussi été interrogé par L’Express dans le cadre de la grogne féministe : « Dans les premiers jours de l’affaire, il y a eu autour de DSK une forme de solidarité masculine beauf. Beaucoup d’hommes se sont mis à sa place », déclare-t-il avant de rappeler quelques codes de séduction : l’intelligence, la finesse et l’imagination. Que les « beaufs » mâles en prennent bonne note, et la guerre des sexes n’aura pas lieu. »
Mise à jour 18/08/2011 :
Virigine Despentes s’était aussi exprimé sur l’affaire dans The Guardian en mai 2011 dans une tribune intitulée « Dominique Strauss-Kahn and the game only one side plays », elle s’y insurgeait à la fois contre le viol et toute forme harcèlement sexuel ou de « drague poussée » envers les femmes (courante dans le milieu politique d’après elle) mais également contre la prision qui est pour elle une forme de réponse à la violence par la violence tout aussi inadmissible : « And then David Pujadas, the host, comes up with this: « We talk about harassment, not heavy flirting – surely there’s a difference. » Oh. And what is this subtle yet crucial nuance? There: « heavy flirting » doesn’t matter. In the workplace, in the street, in a nightclub – it’s tolerable. Except, why would it be something that anyone should have to endure? Does Pujadas get heavily flirted with in his job? Does he come home feeling vaguely nauseated by someone else’s desires? Does he sweep sexist jokes under the carpet? What does he know of the lose-lose strategy an unwanted proposal brings: when saying yes means forthcoming retaliation, and saying no means retaliation too. He is a straight man in a world run by straight men and has not the faintest idea of the obstacles « flirting » throws up, and even less of the trouble it can cause. »
« Because if anything is as disgusting and incomprehensible as rape, it’s prison: this rape by the state, this abject, useless destruction of humanity. What does prison create? It is no solution, just the face of inhumanity, the dirty mirror reflecting how poorly we live together, how we only know how to respond to violence by unleashing more violence. No practice whose purpose is to demolish the individual, to strip him bare and break him, deserves any sympathy. Whether it is called rape or jail, we need to ask ourselves how we developed the sordid habit of considering either one as part of the landscape, or as tolerable. »
Christine Angot exprimait dans le journal Libération, également en mai 2011 dans une chronique intitulée « Le problème de DSK avec nous », l’ambivalence, entre empathie et répulsion, que suscite en elle et parmi la société un personnage tel que DSK à la fois touchant dans son procès et salopard à la ville : « Les premiers jours j’avais envie de défendre l’homme qui tombe. Quand on est une femme c’est tentant. C’est le bon plan, courageux et planqué à la fois. Alors qu’il a manipulé tout le pays et qu’on en est tous victimes. Viol ou une relation consentie, ça ne change rien à l’hypocrisie, à l’appropriation de la femme, si les faits sont avérés, et de tout un pays qui comptait sur lui. »
(…) « Les premiers jours, je refusais de voir qu’il y a bel et bien un salopard dans cette histoire. Un vulgaire, un riche, un gras, un bien nourri. Je ne voulais pas céder à ça. »
(…) Cette société aime les séducteurs, les violeurs, les charismatiques. Les élections sont des affaires sexuelles. Marine Le Pen plaît à 20 % d’entre nous, et en fascine 80 %. Une femme-mec, phallique, ça nous plaît. Une femme qui domine son père, qui fait de plus gros scores. »
Enfin Benoît Duteurtre effectuait un parallèle avec l’affaire d’Outreau et déplorait la diabolisation des crimes sexuels, dans une tribune (« Le crime sexuel est devenu l’incarnation du mal ») pour le journal Libération, en juillet 2011 : « C’était oublier que certaines causes louables (la protection de l’enfance, les droits des femmes) ont pris dans notre société un caractère tellement sacré que leur traitement semble échapper à la raison.
Dans l’urgence du combat contre les «prédateurs», on préfère ignorer la violence qui s’exerce aussi, parfois, de la part des présumées victimes, guidées par des motivations personnelles qui peuvent tenir de la vengeance, de l’intérêt, de la garde des enfants…
(…) Même lorsque l’abus sexuel est impossible à établir, il doit être traité comme un crime violent et conduire aux peines lourdes qui se comptent en années de prison. Ouvertement inspirée par la lutte des classes (à laquelle on a renoncé par ailleurs), la répression sexuelle est entrée dans une période de Terreur.
(…) Notre société a fait de l’agression sexuelle le pire des crimes possibles. Mais s’agit-il encore d’un crime ou d’une représentation du mal, dans ce qu’il a d’irrationnel et d’absolu ? A la moindre affaire, le déferlement de haine et de confusion qui s’exprime sur Internet rappelle les anciennes chasses aux sorcières. »
A lire aussi : Affaire DSK : Le « bûcher des vanités » du « Démon » tombé en « Disgrâce »…
« L’enculé » : quand l’écrivain Marc-Edouard Nabe se met dans la peau de DSK…
14 Commentaires
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Il serait interessant de savoir si Catherine Millet a été violée pour se permettre d’en parler avec une telle désinvolture elle me fait penser à ces bidochonnes grossières qui préconisent de mordre et emporter le morceau. Pourquoi pas l’avaler tant qu’elles y sont ? si c’est une plaisanterie elle n’est pas du meilleur goût, Madame Millet.
Monsieur Moix devrait postuler pour un emploi de femme de ménage au sofitel de Manhattan. De toute évidence il en rêve !
Cette affaire n’a rien à voir avec du puritanisme ou du sexe. Il y est question de violence et de coercition.
Ouf ! ça fait du bien de l’entendre.
putain mais régis quoi… ferme ta gueule
C’est fascinant ce besoin de lyncher un homme et de l’avilir et le conchier parce qu’il avait tout et n’a pas su le garder. 70 ans de taule et qu’il se fasse sodomiser dans les douches…. La fille, elle, la victime, vous allez en parler oui, vous savez ce que ….On pleure la pauvre femme de ménage, et qui en parle, hein, qui en parle. On dit qu’on connaissait quelqu’un qui avait vu la femme qui avait vu la quéquette de l’homme. c’est ? Non, je sais pas. Je suis un homme. Du pays de la bête. Mais la fille elle va faire star, elle va être harcelée, héroïne, emblème, photomontée, elle va avoir du mal par-dessus son mal. On va lui donner de l’argent et de l’argent et des compensations, et un tee-shirt, et un micro. Peut-être même un film de Spike Lee à 80 millions de dollars.
Extraits, oh, c’est ce que j’ai lu de plus bizarre sur le sujet.
Marie Victorine représente formidablement Strauss Kahn, si belle, si douce, il aurait eu un enfant d’elle, sa cote serait haute aujourd’hui. La foule sentimentale aime les histoires d’amour entre les servantes et les princes. Si Obama nous cachait une Marie-Victorine, cela ne serait pas si grave, qu’elle soit juriste comme c’est le cas ou servante. Par contre, s’il l’agressait, cela en serait fini pour lui.
Clinton fort sympathique, mais cette hypocrisie du cigare, de la pipe, pour ne pas tromper vraiment son épouse, cela donnait de lui l’image enfantine, un peu pathétique d’un homme apeuré par sa femme et par Dieu. Il aurait eu un lien secret avec une star homme ou femme, cela aurait été moins ennuyeux que la stagiaire à la robe éclaboussée.
Je voulais ajouter que Millet s’exprime comme certaines anciennes victimes. Que Jay McInerney représente exactement ce que j’ai pu ressentir. Que Beigbeder souligne avec justesse la beauferie de tout cela.
En complément, voici ma chronique rédigée pour le site de LExpress.fr (sur Café livres) :
"I DON’T WANNA LOSE MY JOB" (Nafissatou Diallo)
La rentrée littéraire s’apprête à débarquer mais le « roman DSK de l’été » (ou tragédie plutôt) continue d’accaparer mon esprit. Sur Internet le débat a fait rage (et même les écrivains sont nombreux à réagir, de part et d’autre, depuis mai : je partage d’ailleurs complètement l’avis de Virginie Despentes tant sur le harcèlement sexuel que sur la prison). Et force est de tristement constater que les défenseurs du violeur présumé dominent depuis le début.
DSK sortant du tribunal, libéré sur parole, au sourire victorieux…
Les deux femmes ayant eu le courage de porter plainte sont accablées, lynchées avec une violence et une haine absolument incroyables (et ce depuis le début de l’Affaire avant même que toute enquête n’ait été réalisée sur elles). Je veux dire que jamais je n’aurai cru possible de dénier, de la sorte, alors que rien ne prouve jusqu’ici qu’elles disent faux sur les faits en tant que tels, à ces deux femmes toute possibilité qu’elles aient pu être effectivement victimes : lorsqu’on lit et qu’on écoute tout ce qui peut se dire, l’opinion dominante se résume à : elles mentent. Elles ne peuvent que mentir. On ne leur accorde même pas le bénéfice du doute malgré tout de même un rapport médical probant et des traces effectives retrouvées dans la chambre du Sofitel ainsi que divers témoignages concordants sur le profil de l’accusé.
Parmi les « arguments » de leurs détracteurs, aussi bien hommes que femmes (et même plus de femmes que d’hommes à mon grand étonnement) : elles auraient pu se défendre, cela leur aurait été facile (la deuxième, la plus frêle en l’occurrence, l’a fait et a été jusqu’à se battre au sol). C’est en particulier l’afro-américaine Nafissatou Diallo dont la corpulence a aussitôt attiré, outre les commentaires désobligeants sur son physique apparemment non conforme aux normes esthétiques, le doute sur son inaptitude à repousser son « prétendu agresseur », le « faible DSK ».
Pourtant si on lit son témoignage répété et reproduit à diverses reprises, une de ses premières répliques à l’assaut (présumé, hein toujours!) de l’ex directeur du FMI a été :
« I don’t wanna lose my job ».
« Je ne veux pas perdre mon travail. »
“I didn’t want to hurt him” (tout en essayant de le repousser) « Je ne voulais pas le blesser », a-t-elle aussi expliqué, pour ceux qui s’insurgent que l’homme n’avait pas de traces de coups ou autres « traces de rejet » sur lui (ce que je n’appelle pas pour ma part « un rapport consenti » hein mais bon la définition a l’air d’avoir beaucoup évolué ces derniers temps…).
Cette femme était une femme de chambre efficace et appréciée de ses employeurs, on peut comprendre que ce travail était primordial et vital pour cette immigrée, mère célibataire tant pour son intégration sociale que pour son indépendance économique. Lorsqu’elle voit ce riche client blanc se jeter sur elle, bien évidemment son premier réflexe naturel est de penser que si elle se refuse et pire, si elle « lutte » contre lui, il ira se plaindre de son service par la suite et qu’elle risque donc sa place (entre une pauvre femme noire que l’on peut remplacer en un clin d’œil et un client VIP, la direction n’aurait peut-être pas hésité longtemps…). Un raisonnement logique, en particulier pour une femme originaire d’un pays où les hommes ont tous les droits, y compris celui de mort sur les femmes.
N’oublions jamais le contexte : elle n’est qu’une femme de chambre, il est le client, roi donc. Il ne s’agit pas d’une agression « anonyme » au sens social du terme, chacun a un statut bien défini et connu de l’autre : elle est sensée être aux ordres du client et ne pas le blesser ou le froisser. Alors oui peut-être aurait-elle eu la force physique de se défendre, de le mordre ou autre « conseil » facile de ceux qui n’étaient pas dans la situation, mais l’agression a été plus insidieuse, pernicieuse. En s’attaquant à une femme sous ses ordres, il est plus facile de la faire céder, d’abuser d’elle tout simplement, sous la contrainte morale plus que physique, sans que rien de tout cela ne soit « consenti » au sens sincère du terme et encore moins de « la séduction ». C’est un chantage, un moyen de pression tacite qui, s’il n’est pas explicitement formulé, est parfaitement connu des deux parties.
Je ne sais pas si Nafissatou Diallo ment mais ce que je sais, c’est qu’il n’y a pas d’invraisemblance dans son récit. Par ailleurs, je tiens à souligner que la réponse à la violence physique par la violence physique n’est pas quelque chose d’instinctif, tout le monde (homme ou femme) n’est pas capable de le faire quels que soient sa taille et son poids (qui ne sont d’ailleurs pas synonyme de force).
La même logique a été suivie par l’homme, dans ses fonctions de Directeur du FMI avec sa subordonnée, l’économiste hongroise, Piroska Nagy qui l’a aussi accusé de manœuvre abusive (sans que la violence physique ne soit entrée en jeu , il s’agit ici aussi davantage de violence morale qui n’est actuellement quasiment pas -ou pas assez- prise en compte dans ce type d’affaires) : « Je pense que M. Strauss-Kahn a abusé de sa position dans sa façon de parvenir jusqu’à moi. Je vous ai expliqué en détail comment il m’a convoquée plusieurs fois pour en venir à me faire des suggestions inappropriées. Je n’étais pas préparée aux avances du directeur général du FMI. […] J’avais le sentiment que j’étais perdante si j’acceptais, et perdante si je refusais. »
Tristane Banon, jeune journaliste et écrivain débutante à l’époque, n’a pas immédiatement porté plainte pour la même raison : la peur d’être blacklistée de toutes les rédactions, de tous les éditeurs, de perdre aussi son « job » où de surcroît elle débutait.
Photo prise devant le Tribunal lors de l’abandon des charges du Tribunal contre D.Strauss Kahn (24/08/11)
Et c’est ainsi que cela s’est toujours passé, je parlais des romans de Maupassant dans mon précédent billet en particulier « Une vie », époque où il était courant que les Maîtres aillent coincer les petites bonnes dans leur chambre ou dans les cuisines pour se satisfaire et que ces dernières (qui ne devaient certainement pas être « consentantes » ) ne pouvaient guère pourtant se défendre, quelle que soit leur force physique, au risque d’être virée illico (ce qui ne manquait pas d’arriver quand elles finissaient par tomber enceintes). On se rappelle aussi de la pauvre Dounia, la soeur de Raskolnikov dans « Crime et châtiment » qui subit le même sort avant de tenter d’être « vendue » à un « bon parti » pour se refaire une réputation et sauver sa famille de la misère.
Aujourd’hui, nous sommes en 2011 mais rien n’a changé. La petite bonne qui se plaint du Maître perd en effet son travail et est en plus traînée dans la boue par toutes et tous. Oui, tu avais vu juste Nafissatou. Mais non seulement tu as perdu ton travail mais aussi sans doute la possibilité de ne jamais en retrouver un… Tristane et sa mère touchée par ricochet, sont dans la même situation.
Pendant ce temps, DSK sort avec un sourire victorieux du Tribunal en « héros » (héros de quoi au fait ?), au bras de sa femme aveuglément dévouée et richissime tout aussi souriante (pourquoi au fait ?). Il n’aura, lui, aucun mal à se retrouver « a (good) job »… D’après les sondages, il est même toujours prisé pour être candidat à la présidentielle. Tout va bien donc.
Et vous oubliez Laurence Cossé et sa tribune "La femme de chambre, c’est moi" parue en mai dans Libé…
Les deux femmes ayant eu le courage de porter plainte sont accablées, lynchées avec une violence et une haine absolument incroyables. Je veux dire que jamais je n’aurai cru possible de dénier, de la sorte, à ces deux femmes toute possibilité qu’elles aient pu être effectivement victimes
Moi non plus je n’aurais pas cru cela possible, pourtant pour les victimes d’inceste qui osent aller en justice, c’est souvent comme cela et pire. La famille contre elles, les amis, tout le monde contre. La plupart du temps… Je ne sais pas pourquoi c’est ainsi, cela me stupéfie. Mais il ne faut pas oublier que le viol fut la normalité de la plupart des mariages pendant la nuit des temps. Ce qui était diabolisé, c’était le sentiment amoureux, la passion charnelle. Qui allaient contre les échanges financiers des parties parents-mari. La femme était une monnaie d’échange, ce qu’elle ressentait tout le monde s’en foutait. Quant aux domestiques, n’en parlons pas… Quant aux esclaves… Cela ne remonte pas loin tout cela. C’est encore en vigueur dans pas mal de pays d’ailleurs.
Pour Millet, elle s’exprime comme une ancienne victime dans le déni de sa propre souffrance, c’est ce que je voulais dire.
Votre article est excellent Alexandra mais peu d’articles de ce type dans la presse…
Merci AK et vous avez parfaitement raison pour le rapprochement avec les victimes d’incestes, j’y avais aussi pensé, je rajoute aussi ce qui se passe, plus extrémiste encore mais le principe est le même, ds les pays musulmans où les femmes victimes de viols sont tout simplement au mieux reniées par leur famille, ou rouées de coups ou tuées…
Pour info un jugement qui m’avait un peu ahurie, 6 mois ferme pour inceste sur sa fille, ah oui, mais le monsieur a pour avocat non pas un mais deux ténors du barreau genevois (Bonnant + Poncet). On est loin des 70 ans en cage… Cependant, on pourrait trouver une moyenne entre 70 ans et 6 mois… Ou rien…
http://www.lematin.ch/actu/suiss...
http://www.tdg.ch/pere-incestueu...
Liens intéressants en complément et pour ne pas oublier :
« Dans quelques heures, l’ancien patron du FMI pourrait être libre. Cyrus Vance a estimé qu’il avait bien eu une relation sexuelle avec la femme de chambre, «probablement non consentie». Mais les mensonges de cette dernière rendent la poursuite de la procédure impossible. » http://www.lefigaro.fr/international/2011/08/22/01003-20110822ARTFIG00556-dsk-le-procureur-demande-l-abandon-des-charges.php
Autre article intéressant : « La relation sexuelle non-consentie, un immense soulagement pour le PS » http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/la-relation-sexuelle-non-consentie-99398
DSK: les féministes redoutent un effet retour « Ce qui s’est passé ? Faute de procès, on ne le saura pas, et c’est bien dans ce défaut de recherche de la vérité que se trouve le problème, réagissent en chœur les féministes. «Il n’y a pas matière à dire qu’on est soulagé du fait qu’il n’y aura pas de procès ni de justice rendue comme je l’entend dire depuis hier soir», dénonce l’antilibérale Clémentine Autain, très remontée. «Il est franchement déplacé que les socialistes applaudissent à une décision qui ne permette pas que justice soit faite!» C’est aussi ce qu’écrivent dans une pétition lancée hier en réaction à la levée des charges (texte ici) la psychiatre Muriel Salmona et la journaliste Sandrine Goldschmidt, militantes féministes: «C’est vrai, Nafissatou Diallo n’avait guère de chance de gagner un procès pénal et de convaincre 12 jurés « au delà du doute raisonnable ». Cela ne prouve pas que DSK n’était pas coupable. Cela veut dire qu’aujourd’hui, la justice des hommes est bien la justice des hommes.» (Source : http://www.liberation.fr/societe/01012355870-dsk-les-feministes-redoutent-l-effet-retour
– Concernant l’appel téléphonique de Nafissatou Diallo à son fiancé détenu : il faut rappeler qu’avant de mentionner la richesse de l’homme qu’elle accuse (dont la traduction a bien été confirmée dans le rapport du procureur) , elle lui avait bien raconté aussi que cet homme l’avait attaqué : « Un homme que je ne connais pas m’a attaquée et a voulu me déshabiller. On s’est battu. Je suis allée à l’hôpital et on l’a arrêté. » S’ensuit un récit qui correspond à celui qu’elle a donné à tous ses interlocuteurs depuis le 14 mai 2011. Il est regrettable que la citation de cette conversation téléphonique soit tronquée quand reprise publiquement.
– Rappel de la version initiale de la défense de Mr Strauss Kahn lors de sa mise en accusation (changée après avoir eu connaissance des éléments de l’enquête de la police) :
« Les avocats de DSK auraient reconstitué son emploi du temps. Il aurait quitté l’hôtel avant l’heure supposée de l’agression de la femme de chambre. La défense s’apprêterait à fournir des preuves. » (Source RMC : http://www.rmc.fr/editorial/161765/exclusif-lalibi-de-dsk-pour-sinnocenter/)
« Les avocats du patron du FMI affirment qu’il se trouvait dans un restaurant au moment de l’agression sexuelle présumée. Mais les enquêteurs auraient corrigé l’heure de ladite agression. » (Source Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/politique/2011/05/16/01002-20110516ARTFIG00550-interrogations-sur-l-emploi-du-temps-de-dsk.php)
« L’emploi du temps de DSK, pierre angulaire de l’accusation et de la défense » (Source L’Express – AFP : http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/l-emploi-du-temps-de-dsk-pierre-angulaire-de-l-accusation-et-de-la-defense_993452.html)
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Mise à jour 29/08/2011
Affaire DSK: l’avocat de Tristane Banon demande l’audition de Piroska Nagy (Source : http://www.lexpress.fr/actualite/societe/justice/affaire-dsk-l-avocat-de-tristane-banon-demande-l-audition-de-piroska-nagy_1024597.html
« Mme Nagy, qui a démissionné du FMI, avait écrit à ce cabinet d’avocats que son patron avait « abusé de sa position », estimant avoir été « piégée ». Elle jugeait par ailleurs que Dominique Strauss-Kahn était « un homme agressif » et disait craindre qu’il « ait un problème pouvant le rendre peu adapté à la direction d’une institution où des femmes travaillent sous ses ordres ». »
DSK est atteint d’une « maladie mentale », selon Rocard (Source : http://www.lemonde.fr/dsk/article/2011/08/29/dsk-est-atteint-d-une-maladie-mentale-selon-rocard_1565102_1522571.html) « L’ex-premier ministre Michel Rocard a estimé lundi 29 août que Dominique Strauss-Kahn était atteint d’une « maladie mentale » qui l’empêchait de « maîtriser ses pulsions ». Lors de l’émission Le Grand Journal de Canal+, M. Rocard a déclaré : « Cet homme a visiblement une maladie mentale », éprouvant des « difficultés à maîtriser ses pulsions.« .
DSK : « Une injonction de soins aurait été nécessaire »
« (…) ce que l’on peut repérer dans la personnalité de DSK, séducteur connu, c’est le besoin d’affirmation de soi qui peut conduire à ne pas tenir compte des réticences opposées et à avoir des barrières affaiblies dans la gestion des pulsions. »
(Source : http://www.francesoir.fr/actualite/justice/dsk-une-injonction-soins-aurait-ete-necessaire-132676.html)
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Mise à jour 30/08/2011
Aubry critique «l’attitude de DSK vis-à-vis des femmes»
« Martine Aubry prend ses distances avec DSK. Invitée du Grand Journal de Canal + mardi soir, la candidate à la primaire socialiste a affirmé qu’elle pensait «la même chose que beaucoup de femmes sur l’attitude de Dominique Strauss-Kahn vis-à-vis des femmes», tout en assurant qu’elle avait défendu dès le début de l’affaire, le 14 mai, la présomption d’innocence. «J’ai été la première à dire le premier jour nous devons à la fois défendre la présomption d’innocence, la victime et sa parole», a développé la maire de Lille. » (Source : http://www.lefigaro.fr/politique/2011/08/30/01002-20110830ARTFIG00567-aubry-critique-l-attitude-de-dsk-vis-a-vis-des-femmes.php)
Aubry se démarque de DSK
« Martine Aubry s’est pour la première fois nettement démarquée mardi de son ancien allié Dominique Strauss-Kahn en affirmant partager l’avis de «beaucoup de femmes» sur l’«attitude» de l’ex-directeur du FMI à leur égard. » (Source : http://www.nordeclair.fr/Actualite/Depeches/2011/08/31/aubry-se-demarque-de-dsk-canal.shtml)
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Mise à jour 07/09/2011
Source AP : « C’est insensé que cet homme soit revenu avec des applaudissements à l’aéroport », a estimé mardi sur RTL Cécile Duflot à propos de Dominique Strauss-Kahn, ajoutant s’exprimer à titre personnel et non en tant que secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), deux jours après le retour de DSK en France. Pour elle, les politiques ont un devoir d' »exemplarité ». http://fr.news.yahoo.com/c%C3%A9cile-duflot-trouve-insens%C3%A9-dsk-soit-revenu-applaudissements-061018751.html
L’indécent retour médiatique de DSK
« A moins d’être totalement dépourvu d’aptitude ou de conscience professionnelles, les informateurs ne pouvaient oublier qu’il s’agissait d’un homme – et non des moindres – accusé d’agression sexuelle sur une femme. Donc un prédateur présumé de notre dignité profonde, celle de l’intégrité de notre sexe, de notre corps, mais aussi celle de notre identité de femme. Qui, quand elle dit non, signifie non. Or Nafissatou Diallo – la plaignante – fut à peine nommée, les faits presque jamais rappelés, la réputation un peu glauque de Dominique Strauss-Kahn escamotée. » http://fr.news.yahoo.com/c%C3%A9cile-duflot-trouve-insens%C3%A9-dsk-soit-revenu-applaudissements-061018751.html
Mise à jour 16/09/2011
De même que dans l’Affaire Nafissatou Diallo, après avoir nié en bloc, Mr Strauss Kahn a commencé quelques aveux. L’Express souligne à juste titre sa version contradictoire donnée précédemment à son biographe (dans « Le Roman vrai de Dominique Strauss-Kahn ») :
DSK admet qu’il a voulu « embrasser » Tristane Banon
Entendu par la police au sujet des accusations portées contre lui par la jeune femme, l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn a nié la tentative de viol mais il a admis, pour la première fois, avoir essayé de l’embrasser et s’être heurté à un refus.
MISE A JOUR 22/09/2011 : La directrice de la brigade ayant enquêté sur l’affaire DSK à New-York revient sur l’abandon des charges contre DSK et précise bien que le rapport du procureur ne l’innocente pas : « Que savez-vous de l’entretien de DSK à la télévision ? Si j’ai bien compris, il semblait dire qu’il est innocent, qu’il n’y a pas de preuves contre lui et que sa victime avait menti sur tout. Il suffit de lire le rapport pour comprendre que c’est un peu différent. Nous avons bien trouvé des preuves scientifiques, mais nous n’avons pas pu prouver ce qui s’est passé ce jour, au-delà du doute raisonnable, comme on dit dans notre procédure. »
Que doit-on penser de Nafissatou Diallo ?
Je peux vous affirmer que Nafissatou Diallo est bien une victime. Il existe des éléments de preuves qui étayent son propos. Je ne peux croire qu’elle ait inventé tout cela de toutes pièces. Je crois surtout les preuves. Mais ces éléments dont nous disposions n’étaient pas suffisants pour poursuivre ce dossier et pour l’affirmer, sans doute raisonnable, devant un jury de douze personnes et à l’unanimité.
Ce qu’ a fait DSK va bien au-delà d’une faute morale comme il l’a invoqué. Il s’est très mal comporté. Je pense même que c’était pire que cela. »
L’ex-directrice de la Sex Crimes Unit accable DSK (Source : Le Parisien)
« Pourquoi souriez-vous Anne Sinclair ? » (chronique de François Morel sur France Inter, 23/09/2011)
Tristane BANON: Ce que révèle l’affaire (un billet analytique sur Le nouvel obs, 02/10/11) « Pour le sociologue, l’affaire BANON, qui déchaîne tant de passions et de violences, est révélatrice de grandes tendances subliminales de notre société : Le viol ou l’agression sexuelle demeure un fait culpabilisant pour les femmes La société demeure profondément sexiste et pratique encore le déni dans les affaires d’agression sexuelle »
Merci de vos commentaire intéressants, je crois que de toute façon toute réaction est subjective (sur la base tout de même de l’ensemble des éléments portés à connaissance) puisque dans ce type d’Affaire c’est « parole contre parole ». Chacun(e) se fera ce que l’on nomme sa « conviction intime ».
En complément je rajoute un nouveau billet que je viens de publier sur le site de L’Express.fr (Café livres) 05/09/2011 :
RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN A LA ROMANCIERE TRISTANE BANON (24/09/2011 – Palais de justice à Paris)
MISE A JOUR 05/09/2011 : changement de la date au 24/09/2011 du rassemblement de soutien à Tristane Banon et contre les violences faites aux femmes suite aux déclarations de la romancière de ce jour.
MISE A JOUR 14/09/2011 : DSK admet qu’il a voulu « embrasser » Tristane Banon
Entendu par la police au sujet des accusations portées contre lui par la jeune femme, l’ancien patron du FMI Dominique Strauss-Kahn a nié la tentative de viol mais il a admis, pour la première fois, avoir essayé de l’embrasser et s’être heurté à un refus. (Source : L’Express)
MISE A JOUR 22/09/2011 : La directrice de la brigade ayant enquêté sur l’affaire DSK à New-York revient sur l’abandon des charges contre DSK et précise bien que le rapport du procureur ne l’innocente pas : « Que savez-vous de l’entretien de DSK à la télévision ?
Si j’ai bien compris, il semblait dire qu’il est innocent, qu’il n’y a pas de preuves contre lui et que sa victime avait menti sur tout. Il suffit de lire le rapport pour comprendre que c’est un peu différent. Nous avons bien trouvé des preuves scientifiques, mais nous n’avons pas pu prouver ce qui s’est passé ce jour, au-delà du doute raisonnable, comme on dit dans notre procédure. »
Voici l’appel de Tristane Banon que je relaie ici :
« Il y a un vrai problème dans ce pays, des choses doivent changer. Le viol et la violence faite aux femmes ne peuvent être banalisés, l’argent et le pouvoir ne sauraient être au-dessus des lois. Ou sinon je n’ai rien compris, ou sinon je n’ai que trop compris. Je ne suis pas Zola pour accuser, mais j’ai laissé les uns et les autres me défendre sur la Toile, défendre la cause des femmes dans les médias et ailleurs… Pourtant, ce qui se joue depuis six jours me donne la nausée. J’entends les gens qui m’arrêtent dans la rue, j’entends les gens qui veulent protester, se faire entendre, crier que le Code pénal doit être le même pour tous et qu’un jugement doit advenir, qui condamnera ou non, mais qui doit être prononcé. J’entends les gens me dire leur écoeurement, j’avale leur soutien pour tenir debout et pourtant c’est moi qui baisse la tête et longe les murs quand d’autres sourient aux caméras. Je ne peux croire que mon pays accueille en héros un homme qui n’a pas été blanchi. Je ne peux pas croire que mon pays ait à ce point oublié que l’égalité pour tous faisait partie de sa Constitution, et celle entre l’homme et la femme de son combat. Je sais que plusieurs associations prévoient de se réunir le samedi 24 septembre à 14 heures devant le Palais de justice pour faire entendre leur voix, place Louis-Lépine. Dans les jours à venir, cet appel à la mobilisation se fera plus précis, plus concret. Mais pour la première fois depuis le 15 mai 2011, pour la première fois depuis le 4 juillet qui a suivi, pour la première fois depuis huit ans et demi et pour la première fois depuis 32 ans, je veux être présente moi aussi, je veux faire semblant d’être forte même si je ne sais pas dans quel état physique, moral et psychologique j’y arriverai. Il faut bien relever ses manches vraiment, un jour. Le 24 septembre, je serai aux côtés de celles et ceux qui voudront dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas, je serai devant le Palais de justice avec vous car au-delà de moi, ce qui se joue en France aujourd’hui est grave pour toutes les femmes, et pour le pays. J’ai toujours pensé qu’il fallait avoir le courage de ses actes… Nous serons 10, 100, 1 000, plus ou moins, mais je m’endormirai pas au soir sans me dire que j’aurai essayé de changer cette injustice-là. »
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Depuis l’annonce de l’abandon des charges contre Mr Dominique Strauss-Kahn par le Tribunal de New-York fin août 2011, l’opinion reste divisée quant à cette Affaire dont les conséquences pour toutes les victimes (quel que soit leur sexe) d’agression ou de viol pourraient être désastreuses lorsque l’on sait que seules 2% des victimes de viol osent porter plainte.
De nombreuses voix, y compris au PS, se sont d’ailleurs élevées rompant « la loi du silence ». Sur la page Wikipédia consacrée au récit de cette Affaire, une « guerre d’édition » a même été déclenchée face à la volonté de certains rédacteurs de passer sous silence certains faits ou témoignages. Mais c’est peut-être sur Facebook et les réseaux sociaux que la mobilisation est la plus active pour que cette Affaire ne soit pas une de plus « étouffée » ou « enterrée », sans autre forme de procès :
– La création d’un blog de soutien :
http://lesamisdetristanebanon.blogspot.com/
– Les comités de soutien de Tristane Banon
https://www.facebook.com/pages/Comit%C3%A9-de-soutien-%C3%A0-Tristane-Banon/221791564525790
https://www.facebook.com/comite.soutien.tristane.banon
https://www.facebook.com/soutien.tristane.banon
https://www.facebook.com/pages/Page-Litt%C3%A9raire-de-Soutien-%C3%A0-Tristane-Banon/116437901784665
https://www.facebook.com/pages/Les-R%C3%A9volt%C3%A9es-Tristane-Banon/264790916872665
Une pétition « Pour que Dominique Strauss Kahn soit jugé en France » a aussi été lancée :
http://www.mesopinions.com/Pour-que-Dominique-Strauss-Khan-soit-jug%C3%A9-en-France-petition-petitions-1a3e18eb2b1658ad66c4174ee73f9ac8.html
Et désormais c’est à une marche de soutien (https://www.facebook.com/#!/event.php?eid=150392395048531 / https://www.facebook.com/event.php?eid=150392395048531), à laquelle je compte participer, que je vous invite.
Manifestation mardi 13 septembre · 14:30 – 17:30 Lieu Rond point des InvalidesLe nouveau rendez-vous devrait avoir lieu le 24 septembre devant le Palais de justice à Paris, place Louis-Lépine.
Je relaie donc cet excellent article du webzine Rahdj de Sonia Vandoux qui la résume parfaitement :
« Non à cette inégalité, DSK doit être jugé ! » Tel est le slogan choisi par les alliés de Tristane Banon, qui sera entendu le 13 septembre dans les rues de la Capitale. Manifester pour que justice soit rendue, c’est le désir des nombreux anonymes qui soutiennent la jeune femme suite à sa plainte contre DSK.
Fin Août, Dominique Strauss-Khann a été « blanchi » aux Etats-Unis, face à Nafissatou Diallo. En France déjà, de nombreux commentaires se faisaient savoir, notamment celui de la député Marie-George Buffet qui qualifiait cela de « mauvaise nouvelle pour la justice » sous-entendant surtout que « la vérité n’est pas dite ». Plus récemment, Michel Rocard se confiait à Mouloud Achour sur l’affaire DSK en disant que « cet homme avait visiblement une maladie mentale qui était une difficulté de maîtriser ses pulsions. » Sans oublier les nombreux anonymes, amis ou non de Tristane Banon, victimes ou non, femmes et hommes, de toutes générations confondues, qui font preuve d’un soutien incontournable envers la jeune romancière.
Rappelons les faits. Etats-Unis : DKS / Nafissatou Diallo Le 14 mai 2011, DSK est soupçonné d’agression sexuelle par Nafissatou Diallo, une femme de chambre du Sofitel (Manhattan). Le 16 mai, le juge du tribunal pénal de la ville de New York, lui signifie les sept chefs d’accusation retenus contre lui, refuse sa mise en liberté sous caution et demande son maintien en détention provisoire. Il est formellement inculpé le 19 mai à la prison de Rikers Island. Le lendemain, il est mis en liberté sous caution et transféré dans un appartement, en résidence surveillée. Le 25 mai, il quitte cet appartement pour une maison. A l’audience du 6 juin, Dominique Strauss-Kahn plaide « non coupable » et à celle du 1er juillet, il est libéré sur parole. Enfin, le 23 août, le juge décide d’abandonner les poursuites au pénal, suivant l’avis du procureur, qui avait recommandé l’abandon des charges en raison du manque de crédibilité de Nafissatou Diallo qui ne permet pas de « donner du crédit à sa version des faits au-delà du doute raisonnable ».
France : Et Tristane Banon, dans tout ça ?
La jeune journaliste et romancière avait déjà évoqué, à plusieurs reprises, la tentative de viol de Dominique Strauss-Kahn en 2003, lors d’un entretien pour son essai Erreurs avouées… (au masculin). A l’époque, il lui avait été fortement déconseillé de porter plainte. Le silence de chacun est un choix qu’il est important de respecter. Mais le 15 mai 2011, cette affaire resurgit sans que la jeune femme ne puisse réagir d’elle-même. Les journalistes se pressent et les commentaires vont bon-train. C’est ainsi que le 4 juillet, Tristane Banon et son avocat annoncent qu’elle porte plainte contre Dominique Strauss-Kahn pour tentative de viol.
Manifestation de soutien le 13 septembre à Paris L’élan de solidarité envers la romancière est en croissance accrue. Chacun lui laisse des petits mots, via sa page facebook (réactivée le 27 août). Des messages de force pour lui assurer un soutien sans faille. C’est ainsi qu’est né un événement. Faire savoir à tous que Tristane Banon n’est pas seule, malgré le retour de Dominique Strauss-Kahn dans l’hexagone. Le rendez-vous est donné le mardi 13 septembre 2011, à 14h30, au Rond Point des Invalides à Paris. Se retrouver pour « manifester en masse, créer une véritable révolution ».
Quatre points argumentent cette organisation :
« 1. DSK doit être jugé dans l’affaire Banon. Il est impossible qu’il soit au-dessus des lois au prétexte qu’il a argent et pouvoir, comme les États-Unis viennent d’en faire la démonstration.
2. Il faut que son retour en France soit pour lui, aux vues de ce que l’on sait désormais,… le cauchemar que mérite un homme dont on sait qu’il a eu une « relation non consentie » avec une femme qui, noire ou pas, femme de chambre ou pas, menteuse par le passé ou pas, avait droit à un procès équitable. En France, la « relation non consentie » s’appelle un viol et le viol est un crime. Un criminel ne peut être accueilli en héros au pays des droits de l’homme.
3. La justice est la même pour tous. Elle ne peut pas s’écraser à chaque fois que l’on s’attaque aux riches et aux puissants.
4. Le Code Pénal a été crée pour être applicable à tous : noirs, blancs, riches, pauvres, … Donc pourquoi une faveur serait-elle accordée à Mr. DSK ? »
Vous savez donc à quoi vous en tenir si vous désirez manifester votre soutien à Tristane Banon. L’objectif est d’être vu et se faire entendre. C’est pourquoi il est demandé, selon les possibilités des participants, de porter un T-shirt avec une photo de la jeune femme, ou son nom ; ainsi que des banderoles.
L’événement est disponible via ce lien : https://www.facebook.com/#!/event.php?eid=150392395048531 Vous pouvez y confirmer votre présence et y déposer vos mots d’encouragements.
Mise à jour 2013
DSK et l’affaire du Carlton: «carnage» plutôt que «libertinage» disent les juges
http://www.rfi.fr/france/20130807-dsk-affaire-carlton-carnage-libertinage-justice-prostitution-
DSK, roi de la fête
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/08/07/affaire-du-carlton-dsk-le-roi-de-la-fete-pour-les-juges-d-instruction_3458312_3224.html
A la lecture attentive de ce billet, de ses liens et de ses commentaires, il me semble que l’ensemble de vos arguments sont à charge contre DSK. C’est un choix. Mais on ne peut en aucun cas parler d’objectivité. Ici on est clairement dans un camp, contre un autre.
En revanche les témoignages des écrivains sont intéressants tant ils soulignent (pour ceux qui en auraient douté, ceux qui sacralisent un peu trop la littérature et ses acteurs) que l’écrivain est un homme (ou une femme) comme les autres. Et on peut apprécier l’oeuvre tout en désapprouvant les commentaires.
Celui de Catherine Millet paraît iconoclaste, à l’image de son point de vue sur la sexualité. Bon, la caution donnée aux "libertins" me fait toujours rire quand on voit ce qu’est "un lieu échangiste", aka une boîte à partouzes plus proche du mauvais porno que du salon de libertinage d’origine…mais c’est un autre débat.
Yann Moix est toujours aussi grotesque dans sa pompe littéraire et ses formules…heu, prévisibles.Mais il n’arrive pas à la cheville de Christine Angot dans l’incohérence mentale et littéraire (?) qui tente une maladroite tentative durassienne de s’emparer d’un sujet pour le rendre incompréhensible.
Régis Jauffret prépare peut-être un nouveau roman, avec Anne Sinclair comme muse inspiratrice?
Virginie Despentes apporte des éléments de réflexions intéressants sur la violence, tant sexuelle que carcérale.
Jay McInerney donne une vision très…américaine de l’affaire, donc sans surprise. Quant à Beigbeder, il fait du…Beigbeder.
Bon… Quelque soit la qualité des échanges tout ceci nous apporte finalement une bonne nouvelle: l’écrivain est aussi un être humain!