Dans son nouveau roman « Celle que vous croyez » où elle explore les affres de la cinquantaine côté femme, alors que son (anti-)héroïne, internée en hôpital psychiatrique, souffre du désintérêt masculin pour cause de dépassement de « date de péremption » et s’invente une nouvelle jeunesse sur Facebook, Camille Laurens a choisi de rendre hommahe à la mémoire de l’écrivain canadienne Nelly Arcan, auteur notamment du roman choc « Putain », suicidée en septembre 2009 :
Auteur : Nelly Arcan
Blondes… MAIS écrivains : De Marilyn Monroe (« Fragments ») à Nelly Arcan (« A ciel ouvert »)
Contre toute attente, l’auteur phare de la rentrée littéraire 2010 aura peut-être été celle dont on ne soupçonnait même pas qu’elle sache tenir un stylo : Marilyn Monroe ! On s’arrache ses « Fragments » de poésie, de lettres et autres bribes intimes posthumes. Et tout le monde de s’étonner, de s’exclamer : « La plus belle femme du monde était aussi intelligente« .
L’incompatibilité d’un quelconque talent ou au moins sensibilité intellectuel(le), littéraire et de la beauté, du sex-appeal (surtout féminin): un préjugé toujours bien ancré dans les mentalités, même 50 ans plus tard… Pourtant une idiote n’aurait pas pu avoir la carrière de Marilyn, quelle que soit sa plastique. Autre blonde, autre suicide -au même âge : 36 ans-, celui de Nelly Arcan , l’an dernier, en septembre 2009. Elle n’était pas actrice mais bien écrivain même si elle aura dû batailler pour en obtenir la reconnaissance. Trop belle, trop photogénique…
Virginie Despentes (et Charlotte Roche) vue(s) par Nelly Arcan (et retour sur un Renaudot très chahuté…)
Depuis son arrivée fracassante sur la scène littéraire en 1993 avec le célèbre et tonitruant « Baise-moi », Virginie Despentes n’a cessé d’être tour à tour fustigée ou adulée. Inaugurant une nouveau style (qualifiée de « trash » alliant oralité nerveuse, sulfureuse et réalisme urbain) puisant dans les milieux underground, celle qui aura « donné un coup de pied à la littérature bourgeoise » ne fera jamais l’unanimité. Et ce n’est pas l’obtention du prix Renaudot en cette rentrée littéraire 2010 qui fera changer d’avis ses détracteurs toujours choqués par « sa vulgarité » ou son image trop « négative » de la société… Yann Moix lynchait son travail dans le magazine Transfuge (« Elle bâcle avec effort, dans un souci de plaire déguisé en mépris de crachat, des romans où les hommes et les femmes n’existent que sous forme de femmes, elles-mêmes cadenassées dans de simples figurations schématiques relevant, au mieux, du spectacle de marionnettes. ») tandis qu’Edouard Nabe furieux que le prix lui passe sous le nez commentait au Nouvel Obs « Sacrer le couple Houellebecq-Despentes, c’est dramatique ». Christophe Ono-dit-Biot, écrivain et directeur adjoint du Point saluait au contraire sa plume qui a « fait entrer la modernité dans la littérature » et signe « l’avènement d’une nouvelle génération » avec laquelle nous avons « réappris à lire ».
Souvent rapprochée de l’auteur d‘Apocalypse bébé, Nelly Arcan qui se déclarait comme l’une de ses « grandes admiratrices », lui consacrait une de ses chroniques dans un journal de Montréal et interrogeait les valeurs de ses nouvelles héroïnes et les stéréotypes féminins (en la comparant notamment à Charlotte Roche, autre défrayeuse de chronique) :
« Putain » de Nelly Arcan : « (…) il faut être deux pour jouer à ce jeu là, un pour frapper à la porte et l’autre pour l’ouvrir »
En septembre 2009, il y a tout juste 1 an, le milieu littéraire était bouleversé par la mort tragique de l’écrivain québecoise Nelly Arcan, suicidée dans son appartement de Montréal à l’âge de 36 ans. Même Maurice Dantec lui rendait alors hommage en décrivant son oeuvre comme « une bizarre expérience apophatique » (voir ci-dessous*).
Cette jeune-femme à la blondeur Marilyn très médiatique a rapidement marqué les esprits par son image provocante au point de faire parfois oublier les textes qui se cachaient derrière son visage. Et ce drame, le rapport conflictuel à son physique écrasant et son rapport violent aux hommes, est au centre de son œuvre, avec un poids… morbide. Il éclate dés son premier roman choc « Putain » en 2001 qui la révèle. Traumatisée par le diktat de la beauté et de la jeunesse, elle y développe sa vision très noire de la féminité et de la société ainsi que son approche sans détour du commerce du corps dans ses aspects les plus sordides. Mais aussi ses fêlures intimes, familiales notamment. Elle disait avoir choisi les titres phares de ses deux premiers romans, « Putain » et « Folle », parce qu’ils sont les qualificatifs les plus employés dans l’Histoire pour parler des femmes.
Rattachée au courant de l’autofiction, cette étudiante inconnue avait été publiée par Le Seuil après avoir envoyé son manuscrit par la poste :
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