Mémoire de fille est le 19e roman autofictif d’Annie Ernaux publié en 2016 et suivi comme d’habitude d’une abondante critique élogieuse. Avec un double regard rétrospectif et d’époque « de l’intérieur », elle choisit ici d’ausculter et de « déconstruire » l’âge sensible et complexe de l’adolescence. Roman sur l’adolescence mais peut-être pas paradoxalement roman pour ado (on est …
Auteur : Annie Ernaux
Les conseils d’Annie Ernaux aux apprenti-écrivains… et regard sur l’écriture du net
Alors qu’elle sort son nouvel opus « Mémoire de fille » qui revient sur ses 18 ans à la fin des années 50, Annie Ernaux s’est livrée récemment à l’exercice traditionnel des « conseils aux jeunes/aspirants écrivains ».
La place d’Annie Ernaux : « Un jour, avec un regard fier: « Je ne t’ai jamais fait honte. »
L’écriture de « La place », 5e livre d’Annie Ernaux, prix Renaudot 1984, marque un tournant dans l’œuvre de l’auteur, tout en lui apportant une notoriété accrue. En effet, en entreprenant le portrait sensible de son père mort en 1967, l’année où elle réussissait le concours de l’agrégation de professeur de lettres, elle a aussi décidé de basculer plus franchement dans une « écriture de vérité » avec l’usage du « je », de sorte à ne pas travestir sa mémoire, déjà « pervertie » par la reconstitution littéraire.
Passion simple d’Annie Ernaux : « Le sens de cette passion est de ne pas en avoir »
Dans Passion simple, Annie Ernaux est claire dés le départ: le sujet de son œuvre ce sera Elle, sans mascarade, sans fards, sans pseudo transposition artificielle, tout juste des noms, des lieux masqués pour préserver son entourage et l’usage assumé du « je ». Elle déplore aussi à la fin de « Passion simple » : « (…) il est possible que l’obligation de répondre à des questions du genre « est-ce autobiographique ? », d’avoir à se justifier de ceci et cela, empêche toutes sortes de livres de voir le jour, sinon sous la forme romanesque où les apparences sont sauves. » En effet, il est de bon ton en France -et ailleurs (cf. Rachel Cusk avec « Aftermath »)- de dévaloriser, d’attaquer, d’insulter la littérature intimiste, rebaptisée par ses détracteurs « nombriliste » (et autres qualificatifs oiseux). Combien de pseudo critiques avons-nous lu, utilisant cette formule comme argument définitif pour juger de la qualité d’un livre, alors que tant de chefs d’œuvre viennent les contredire… ?
Annie Ernaux condamne les attaques contre Valérie Trierweiler
L’auteur de « Les années » ou encore « Passion simple » qui à 22 ans écrivait dans son journal « vouloir venger sa race », son « cri de révolte », n’a rien perdu de sa verve féministe et s’est rangé en soutien de Valérie Trierweiler, auteur du best-seller « Merci pour le moment » dans lequel elle revient, entre autres, sur sa relation et rupture avec le président François Hollande.
Dans une interview récente, elle dénonçait notamment la vindicte sexiste dont elle a fait l’objet :
Le dénigrement de l’autofiction pour dénigrer les écrivains femmes ? (interview Annie Ernaux et Camille Laurens)
Dans une interview donnée au journal « Le Monde » en février 2011, les deux reines de l’autofiction française, Camille Laurens et Annie Ernaux (qui rejette l’étiquette et lui préfère le terme d' »autosociobiographie » en ce qui concerne son travail littéraire) réagissent aux préjugés, parfois sexistes, qui entourent le genre souvent décrié en France…
Autofiction et éthique de l’auteur (interview de Camille Laurens et Annie Ernaux)
Dans une interview donnée au journal « Le Monde » en février 2011, les deux grandes écrivains françaises dont la plume s’inspire directement de leur vécu, analysent dans quelle mesure l’auteur doit éventuellement se censurer pour préserver son entourage. Des réponses intéressantes au regard des récents polémiques et procès pour « atteinte à la vie privée » subis par plusieurs auteurs s’étant inspirés de proches dans leurs romans (cf: procès de Nicolas Fargues et Patrick Poivre d’Arvor :
Ecrire un livre selon Annie Ernaux : « Si on ne pense pas qu’on peut mourir après, ça ne vaut pas le coup d’écrire. »
A 75 ans, Annie Ernaux cultive un idéal d’écriture sans concession loin des prix littéraires qui ne l’ont pas beaucoup récompensé mais riche d’un lectorat fidèle et enthousiaste et une critique qui l’encense presque à chaque livre. Réputée pour son écriture singulière dite « plate », l’auteur de Mémoire de fille, Les années ou La place utilise comme matériau premier sa mémoire à travers laquelle elle cherche à « saisir la vie », de la façon la plus « brute ». Une dimension introspective qui lui aura valu parfois d’être dévalorisée comme le sont souvent les femmes écrivains. Une critique à laquelle elle semble donner une forme de réponse dans Mémoire de fille où elle écrit : « Au fond il n’y a que deux sortes de littérature, celle qui représente et celle qui cherche, aucune ne vaut plus que l’autre, sauf pour celui qui a choisi de s’adonner à l’une plutôt qu’à l’autre. » Dans ce dernier opus, elle livre d’ailleurs les débuts de sa vocation d’écrivain naissant. Avec près d’une vingtaine d’ouvrages à son actif depuis les années 70, l’écrivain a souvent livré sa conception de l’art d’écrire et transmis ses conseils aux aspirants écrivains. Florilège :