Dénommé sous l’affreux titre de « nègre littéraire » en France et « écrivain fantôme » Outre Atlantique, l’écrivain qui prête sa plume à une voix célèbre ou non, suscite bien des controverses.
On accuse souvent leurs clients de « tromper » le lecteur, de « tricher », en faisant écrire à leur place leur livre. Une petite interview nous en apprend un peu plus sur cet auteur de l’ombre :
Sophie Blandinières, qui travaille notamment pour les politiques (comme Roselyne Bachelot), les personnalités (comme Patricia Kaas) ou les anonymes (comme Fatima, « des quidams qui ont une histoire intense sans forcément avoir les mots pour le dire ou encore le temps d’écrire seuls), lève le voile sur ce métier encore méconnu et qui pourtant semble lui donner pleine satisfaction : « Aucune journée ne ressemble à une autre. C’est en partie dû au fait que le nègre modifie son syle en fonction des gens avec lesquels il travaille. J’adore ça. Je me sens un peu comme une comédienne de l’écriture, changeant d’identité et enfilant de nouveaux costumes à chaque fois que je m’attaque à un nouveau livre« , raconte-t-elle.
Mais pourquoi ne pas écrire directement sous son propre nom ? « J’ai assez vite renoncé à être écrivain, estimant que je n’avais rien à dire de très intéressant. »
Même si le métier est « mal vu » et décrié comme elle l’admet, elle l’assume et considère que son métier « consiste à accoucher d’un texte sous X. »
Quelles sont les qualités d’un bon « nègre » ou « porte-plume » comme elle préfère s’appeler ?
« Aimer l’autre » cite-t-elle en premier lieu. « Il faut à la fois récupérer de l’information et se laisser aller à la compassion. En gros être un journaliste empathique. »
Et à quoi ressemble sa journée ? « Le matin, je ne me lève jamais avant 9h. je discute avec mon éditrice, je regarde le rétroplanning des livres pour voir à quel moment je dois rendre les textes. Ensuite je « dérushe » mes interviews c’est à dire que je couche sur papier les entretiens que j’ai enregistrés.
Je préfère commencer par ça le matin quand j’ai l’esprit clair. je vais vite, je tape vite. Ensuite je me mets à écrire réellement, adaptant les faits pour en faire une histoire.
J’avance sur plusieurs textes en même temps, ce qui m’oblige à avoir un rythme assez soutenu.
A midi, j’organise en général des déjeuners de travail, avec des éditeurs ou de gens avec lesquels je vais travailler. En fin de journée, je recommence à faire des enregistrements. Je n’ai pas seulement besoin de la partie factuelle, il me faut aussi la voix, l’intonation, l’émotion. Après la détente en première partie de soirée, je me remets à bosser. Ce qui dure une bonne partie de la nuit. »
Bref, une vie bien remplie !
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